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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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vers moi, suspicionneux, mais me parlant sur un autre ton, en
êtes-vous sûr ? M’allez-vous donner le ridicule de me ruer sur la minuit à
la porte de Paris contre un ennemi que vous avez rêvé ?
    — Monsieur,
dis-je avec la dernière véhémence, me serais-je mis au hasard de ma vie par une
nuit glaciale…
    Je n’achevai
pas : une violente escopeterie éclata dans le lointain, mais cependant
fort distincte, et quelques instants plus tard, comme nous tendions l’oreille,
on toqua à l’huis à coups redoublés et M. de Vic ouvrant le judas, mais en
dérobant prudemment sa face, une voix fort faible dit :
    — Monsieur,
c’est Balavan. Ouvrez, je vous prie. J’ai grande et mortelle navrure.
    M. de Vic
déclosant alors, le nommé Balavan s’affala sur le sol de son long, un flot de
sang jaillissant de sa poitrine à chaque souffle, que c’était miracle qu’il eût
pu courre jusque-là.
    — Monsieur,
dit-il d’une voix ténue, la porte de Paris est aux mains des ligueux !
    Il se pâma sur
ce dernier mot, fort près d’expirer, à ce que je vis :
    — Vertudieu,
Monsieur, vous disiez vrai ! s’écria M. de Vic. Je vais m’armer en guerre
et rameuter ma garnison. Vous joindrez-vous à moi ?
    — Non,
Monsieur, dis-je d’un ton froidureux assez, son premier accueil m’étant fort resté
sur l’estomac. J’ai une autre mission à accomplir avant que de retourner d’où
je viens.
    Mais jà il ne
m’oyait pas et quittait la chambre en courant pour aller prendre ses armes.
Voyant quoi, je m’agenouillai auprès de Balavan, mais n’eus pas à approcher mon
oreille de son cœur. Balavan avait laissé ses bottes, comme on dit en Paris.
    — Moussu,
où allons-nous ? me cria Miroul, dès que nous eûmes plongé derechef dans
le vent glacial de la rue.
    — Chez La
Raverie !
    — Qu’y
faire ?
    — Attendre
d’Aumale, le défier et l’occire.
    — Quoi !
En duel ! Moussu, c’est fol ! Il a vingt-huit ans. Vous en avez
quarante. Il vous dépasse fort en allonge, étant plus grand ! Et à dix
ans, il était l’élève du grand Silvie !
    — Et moi
de Giacomi. En outre, il n’est pas ambidextre, et je le suis : grosse
incommodité pour lui qu’une fausse garde de gaucher.
    — Moussu,
je n’ai jamais rien ouï de plus insensé ! Nous avons prévenu M. de Vic !
Cela est bastante ! Nous n’avons plus rien à faire céans ! Notre
échelle s’ennuie !
    — T’ai-je
dit que j’ai défié d’Aumale le soir de la bataille d’Ivry touchant le forcement
de M lle de R. à Saint-Symphorien après l’embûche de Tours ?
    — Moussu,
M lle de R. est heureuse et mariée ! Que lui chaut ce
méchant ?
    — Que
nous chaut le «  dix-septième  » ? et les Seize  ?
et la Ligue  ? D’Aumale occis, la Ligue n’en sera-t-elle pas plus
faible ?
    — Moussu,
l’allez-vous défier à la face de son armée ?
    — Nenni !
Raison pour quoi je l’attends chez La Raverie, où il ne manquera pas
d’accourir, dès qu’il croira avoir ville gagnée.
    — Moussu,
nous ne pouvons l’attendre chez La Raverie et le défier devant elle :
c’est dire urbi et orbi que vous êtes le baron de Siorac. Et si vous
taisez votre nom, d’Aumale voudra-t-il se battre avec un maître drapier ?
    — C’est
bien pensé. Nous l’attendrons dehors.
    — Dès
lors, dit Miroul à qui même le pire péril et la plus âpre bise n’ôtaient pas
son goût pour les giochi di parole  : Dès lors, Moussu, que nous
l’espérons dehors, mettons-nous dans une encoignure de porte piétonnière, afin
que non pas servir de cible aux deux partis. Nenni, Moussu ! Point
celle-ci, devant laquelle d’Aumale ne peut qu’il ne passe pour aller chez La
Raverie, mais celle-là, tout après. Et assourdissons la lanterne. Moussu, de
toutes les folies que je vous ai vu commettre, celle-ci est la plus
folle ! Quelle pitié que je ne peuve vous gouverner !
    — Si tu
voulais me gouverner, il te fallait naître noble !
    — Si je
l’étais, je ne serais pas si sensé !
    — Miroul,
tu es impertinent.
    — À
maître fol, valet goguelu. Moussu, nous n’oyons plus d’escopeterie. Méchant
signe. Ce Balavan devait être un des hommes à la garde de la porte de Paris et,
cette poignée de pauvres gueux occis, le flot des ligueux, toutes écluses
ouvertes, envahit de présent Saint-Denis.
    — Je fais
fiance à M. de Vic pour repousser le flot.
    — M. de
Vic ! Autre fol ! Pourquoi quérir

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