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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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trompette ?
    — Pour ce
que, la nuit, trompette qui sonne la charge fait trémuler l’ennemi, lequel ne
sait pas combien d’hommes ledit trompette lance sur lui.
    — C’est
bonne ruse. Ce grand jaseur aurait-il de l’esprit ?
    — Il a
l’esprit de son état.
    — Moussu,
oyez-vous ce galop ?
    — Oui-da !
dis-je dans un souffle en risquant un œil hors l’encoignure, les douze
chandelles de La Raverie projetant à travers la multicolore verrière quelque clarté
dans la rue. Miroul, c’est lui, sur son étalon noir. Allons, Miroul !
repris-je, le cœur me toquant fort.
    — Nenni,
Moussu, dit Miroul dans un souffle, en me serrant le bras avec force,
laissons-le de prime manger, boire et se ventrouiller en délices. Sa main et
ses gambes en seront moins fermes au saillir du logis.
    Mon Miroul
avait raison comme à l’accoutumée, et se peut raison aussi de penser que naître
noble, c’est naître fol, comme M. de Vic en donnait l’exemple en ne veillant
pas à ce que ses sentinelles demeurassent la nuit sur les remparts, et comme M.
d’Aumale en donnait un autre, en laissant ses hommes sans chef, croyant avoir
ville gagnée, parce que Vic n’attaquait pas.
    Et qu’il
tardât à cette contre-attaque, lui qui était si vaillant, cela voulait dire
qu’il avait quelque peine à rameuter ses hommes, et à trouver son trompette.
    L’huis de La
Raverie refermé sur d’Aumale, une grande demi-heure s’écoula à ne souffrir que
le grand froid, sans ouïr la moindre escopeterie, ni d’autres noises que celles
d’huis ou de verrières brisés du côté de la porte de Paris, ce qui nous parut
signifier que ligueux et lansquenets, sans leur général, couraient à leurs
habituels exploits : le sac, la picorée, et le forcement des filles.
    — Moussu,
dit Miroul, Tronson sera départi et l’échelle glissera sur la glace : Ne
délayons pas davantage.
    — Nenni.
Ranime la lanterne, Miroul, et vérifie l’amorce de ton pistolet. Et moi, la
mienne.
    — Vous ne
cuidez donc plus que d’Aumale voudra tirer l’épée ?
    — Je
cuide qu’il trouvera plus expédient de m’abattre.
    — Pourquoi
le défier dans ce cas ?
    — Par
point d’honneur.
    — Lequel
vous fera une belle gambe, si d’Aumale vous loge une balle dans l’œil !
    — Je suis
prêt. Il ne l’est pas. Je compte bien le prendre sans vert.
    Comme
j’achevai, paraissant tomber sur nous du haut de la nuit glaciale éclatèrent
les accents guerriers d’une trompette sonnant la charge, puis la fanfare
cessant, elle recommença après une minute écoulée, mais plus proche, et après
une nouvelle minute de silence, plus proche encore. Tant est que nous
entendîmes à la parfin que M. de Vic faisait courir son trompetteur sur le
chemin de ronde du rempart vers la porte de Paris avec mission de s’arrêter de
place en place pour sonner son air menaçant, tandis que lui-même et ses hommes
allaient en toute probabilité converger en ce même point par les rues qui y
menaient et tomber dru sur les picoreurs, lesquels déjà la charge répétée de la
trompette avait dû mettre hors leurs gonds. Et en effet, à la charge
succédèrent un grand bruit de sabots de chevaux sur le pavé et une fort
violente escopeterie.
    — M. de
Vic, dit Miroul, n’y va pas que d’une fesse. Je commence à aimer ce grand
jaseur.
    À cette noise
et vacarme que je dis, l’étalon noir que d’Aumale avait attaché à un anneau
dans le mur à deux toises de l’huis de La Raverie se mit à tirer comme fol sur
sa bride et le mors lui dolant la bouche, à hennir à cœur fendre.
    — Voilà,
dis-je, qui va faire saillir hors notre coqueliqueur mieux que trompette et
mousqueterie ! Miroul, poursuivis-je d’un ton résolu, encore que mon cœur
battît la chamade, Miroul, le moment est venu. Va te mettre en cette encoignure
après le logis de La Raverie, et éclaire-moi, dès que j’ouvrirai bec. Pour moi,
je vais me placer une toise plus loin et surgirai entre la monture et d’Aumale,
dès que l’huis de La Raverie sera reclos.
    — Pour
lui couper retraite ?
    — Pour
qu’il balance à me tirer sus, craignant d’atteindre son cheval.
    — Ha !
Moussu ! dit Miroul, la voix soudain trémulante, puissiez-vous être prompt
assez !
    Gentil
lecteur, qui avez, se peut, été émoulu à la pratique des armes quasiment dès
vos maillots et enfances, et attendez ici un duel de haute graisse, entrelardé
de rebondissements et farci de

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