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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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des Parisiens à
l’endroit de la garnison espagnole, laquelle est censée pourtant être dedans
leurs murs pour les défendre.
    — Que
Dieu vous oie, mon cher Siorac ! dit Rosny, encore très troublé.
    Il était fort
tard dans la soirée, je dirais même dans la nuit, quand le roi nous envoya
quérir, Rosny et moi, par le secrétaire Feret, lequel nous mena tout dret à sa
chambre, Sa Majesté étant au lit et ayant jà donné le bonsoir à chacun, une
seule chandelle brûlant à son chevet (en quoi je me ramentus, non sans tendresse,
l’oncle Sauveterre) et le roi, à sa faible lueur, lisant quelques papiers qu’il
avait en main.
    — Mes
amis, dit-il de sa voix ronde et chaleureuse, soyez les bienvenus, et ne soyez
pas étonnés de me voir si tôt en ma coite (le temps ne lui durait pas ; il
était quasi minuit). Vous savez bien que je ne suis pas accoutumé à
m’apparesser, ni à faire l’accouchée au lit. Mais je me dois lever demain à
l’aube, et les gambes et le cul me font mal d’avoir ce jour tant galopé. Holà,
valet, deux carreaux, céans ! Vite ! Pour ces gentilshommes !
    Par carreaux,
le roi entendait deux coussins carrés sur lesquels il nous fit signe de nous
agenouiller contre son lit, à distance commode de son oreiller, n’y ayant dans
cette chambre – à part le lit qui n’était pas une grande affaire –
que deux méchants coffres, et pas le moindre cancan, ni la plus petite
escabelle, en revanche, une grande quantité d’armes appuyées au mur, tant
bâtons à feu qu’estocs, piques et cuirasses – le seul luxe, à mon
sentiment, étant le panache, non pas blanc, mais multicolore qui décorait le
chapeau de Sa Majesté, lequel était négligemment jeté sur un coffre, au chevet
du lit (le même qui portait le bougeoir) et me parut, à dire vrai, fort
poussiéreux.
    — Mes
amis, dit le roi, en se soulevant sur son coude, et en nous envisageant avec un
sourire enjoué, vous voilà, tous les deux, en posture de confessés. Mais,
Ventre Saint-Gris, la confession ira dans les deux sens ! Car si j’attends
de vous que vous me vidiez votre sac, je vous parlerai, moi, très
découvertement de mes craintes et de mes épines. Rosny, poursuivit-il, ne
trouvez pas mauvais, puisque le Barbu nous vient d’advenir de Paris, que je
quières de lui de prime ce qu’il veut de moi comme récompense de ses peines.
    — Rien
d’autre, Sire, dis-je vivement, que le privilège de vous servir ! Dieu
sait, je ne viens pas en quémandeur ! Et repris-je avec un sourire, je
fais même volontiers abandon des droits que je pourrais avoir, d’après ce que
j’ai ouï de votre bouche ce matin, sur l’abbaye du Bec.
    — L’abbaye
du Bec ? dit le roi en levant le sourcil, tandis que Rosny à mon coté
m’envisageait, béant. Comment cela, Barbu ?
    — Sire,
c’est moi et mon secrétaire Miroul qui avons occis M. d’Aumale, et non M. de
Vic.
    — Comment
se peut-il ? dit le roi. Tu étais alors en Paris !
    — Nenni,
Sire. Cette nuit-là, je m’encontrais en Saint-Denis.
    Sur quoi, je
lui en contai ma râtelée, brève, rapide et forte, comme il aimait qu’on fît les
récits, et que je ne vais pas répéter céans, mon lecteur la connaissant.
    — Barbu,
dit-il en se grattant le chef quand j’eus fini : M. de Vic sait-il que
c’est toi qui as tué d’Aumale ?
    — Non,
Sire.
    — Et qui
d’autre le sait ?
    — Personne,
Sire, hormis, de présent, vous-même et M. de Rosny.
    — Eh
bien ! dit le roi rondement, nous ne le dirons à personne. Barbu, M. de
Vic est comme le maréchal de Biron, et tant d’autres capitaines : il en
fait prou, mais il en dit encore plus qu’il n’en fait. Cependant, c’est un bon
serviteur. Toi aussi ! Et je ne veux pas que mes bons serviteurs
s’affrontent. J’ai assez des traverses que me font les mauvais. Ainsi, Barbu,
bouche cousue ! Je te compenserai, poursuivit-il en souriant, tes droits
sur l’abbaye du Bec !
    — Vous le
pouvez, Sire, dis-je promptement, sans qu’il vous en coûte rien !
    — Ha !
dit le roi en riant, sans qu’il m’en coûte rien ! C’est merveille !
Et comment cela ?
    — En
faisant mon secrétaire Miroul écuyer.
    — Quoi !
En est-il digne ?
    — Ha !
Sire ! Personne davantage. Il est instruit. Il se pique de beau langage.
Il escrime finement. Il s’est battu pour vous à la bataille d’Ivry. Et il a
partagé avec vaillance et prudence les périls de mes

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