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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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missions.
    — A-t-il
du bien assez pour s’acheter une terre ?
    — Oui,
Sire.
    — En ce
cas, la paix revenue, qu’il l’achète ! Et je le nommerai écuyer. Nous
aurons grande disette alors d’hommes de ce métal pour tenir le plat pays !
Et beau temps s’écoulera, hélas ! avant que les bons ventres de France
nous en façonnent d’autres ! Barbu, comment se portent nos cousines les
princesses lorraines ?
    À laquelle
question Rosny sourcilla quelque peu.
    — À
merveille, Sire, M me de Montpensier mange votre pain et continue
comme devant de faire prêcher contre vous ses vipères ensoutanées.
    — Sire,
ne vous en avais-je pas prévenu ? dit Rosny d’un air mal’engroin.
    — En
revanche, dis-je, M me de Nemours ne pipe mot contre vous, et Sire,
vous savez bien pourquoi.
    — Femme,
dit le roi, ne peut qu’elle ne pense au mariage, et mariée, à marier fils ou
fille.
    — Mais
Sire, saviez-vous que M me de Guise voudrait aussi marier le
jeune Guise à Madame votre sœur ?
    — Il me
semble l’avoir ouï, dit le roi avec un fin sourire. Eh bien, Madame ne manquera
pas de prétendants ! ajouta-t-il en envisageant M. de Rosny d’un air
entendu, ce qui me donna à penser que le bruit n’était pas faux, qui courait à
la Cour : à savoir que Rosny avait été chargé par le roi de rompre les
promesses de mariage entre son cousin le comte de Soissons et Madame. Mais
Barbu, poursuivit le roi, tu ne me parles pas de la duchesse de Guise ?
    — C’est
que, Sire, je trouve inutile de l’aller voir, la sachant à vous affectionnée.
    — Et je
le lui rends bien ! dit le roi. Elle est ma cousine germaine et il n’est
personne dedans Paris dont le commerce m’agrée davantage. Elle n’a pas, comme
tant d’autres, l’esprit malin, médisant ni brouillon, et les naïvetés et
simplicités qu’on remarque en ses propos proviennent plutôt de gentillesse et
du désir de plaire que de lourderie ou dessein d’offenser.
    — Sire,
dit Rosny, qui avait ouï cet éloge avec quelque impatience, n’aviez-vous pas le
propos de demander à M. de Siorac ce qu’il en était de la Ligue en Paris ?
    — Si
fait, dit le roi qui aimait trop Rosny pour se piquer de ses petites groignes.
Eh bien, Barbu, qu’en est-il ?
    — C’est
que, Sire, parlant si généralement, je cours le hasard de dire des choses qui
ne vous soient pas déconnues.
    — Dis
toujours.
    — Primo, le gouverneur de Paris, M. de Belin, vous veut du bien pour l’avoir si bien
traité quand vous le capturâtes après la bataille d’Arques.
    — Passe,
fils. Je connais Belin. Et sous le manteau j’ai pris langue avec lui.
    — Secundo, le bourreau pleura quand une poignée des Seize lui ordonna de pendre le
président Brisson. M me de Nemours pleura, quand je lui appris la
nouvelle. Elle en écrivit la nouvelle à son fils Mayenne, lequel vint à Paris
et pendit les pendeurs.
    — Hors
les pleurs, je sais cela. Qu’en conclus-tu ?
    — Qu’après
l’exécution du président Brisson se produisit une sorte de scission et dans les Seize et dans la Ligue, y ayant maintenant en Paris des ligueux encharnés
comme devant, et qui sont peu, et des ligueux modérés, qui sont devenus prou et
qui pensent quasiment comme des politiques. Ceux-là – la plus
grande part, de présent, de la noblesse, de la commune, du Parlement, et des
marchands (lesquels pâtissent excessivement de ne plus commercer) –
veulent la paix, rejetant comme insufférable l’idée d’un prince espagnol, et
vous accepteraient comme roi pour peu que vous vous convertissiez…
    À quoi le roi
lançant un vif regard à Rosny, qui tenait l’œil baissé et s’accoisait, dit avec
un profond soupir :
    — Ha !
Rosny ! Mon cher et vieil ami ! C’est de toi que je veux maintenant
quérir avis et conseils, lesquels me furent toujours si précieux. Car bien
m’aperçois-je, non seulement qu’on tâche de me fabriquer en Paris un
contre-souverain, mais que d’aucuns, dans mon propre camp, attentent de
persuader mon cousin le cardinal de Bourbon [37] de se rendre chef de ce tiers-parti dont on bruit tant, afin d’épouser,
avec une dispense du pape, l’infante d’Espagne, et se faire déclarer roi.
Ceux-là, ces mauvais serviteurs, que tant plus j’ai obligés, tant plus me font
d’algardes, ne sont plus retenus, je le sais bien, que par une seule
difficulté : qui est de savoir ce qu’ils feront ensuite de ma personne,
les uns disant

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