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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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dépouiller. Non que
la noise et vacarme manquassent : toquements sourds d’une porte enfoncée à
coups de hache pour la picorée, chants hurlés par bribes par les soldats
enivrés, hurlements d’agonie d’un gautier qu’on daguait, ou cris d’épouvante
des femmes que l’on forçait.
    Vers les deux
heures du matin, M. de Châtillon nous vint voir sur un bateau plat, de l’autre
île, parla aux arquebusiers et se dit fort content de leurs fortifications.
Comme il allait s’embarquer, il m’avisa à la senestre de M. de Rosny, tête nue
et le saluant. Aussitôt, me prenant par le bras, il me tira à part et dit d’une
voix grave et quelque peu trémulante :
    — Monsieur,
encore que je n’aie jamais jeté l’œil sur vous avant ce soir, bien sais-je, à
votre nom seul, qui vous êtes et que vous avez, avec Ambroise Paré, soigné mon
père, quand il tomba dans cette lâche embûche qui précéda de si peu la
Saint-Barthélemy.
    — Ha !
Monsieur de Châtillon, dis-je envisageant à la clarté de la lune sa belle face
malenconique, cela m’est à grand honneur d’avoir pansé l’amiral de Coligny, qui
fut et restera pour moi le plus noble exemple de vaillance et de fidélité à sa
foi qui fût jamais.
    — Monsieur,
dit Châtillon à voix fort basse, d’aucuns s’étonnent que j’aie quant à moi
poussé de toutes mes forces pour que Navarre s’accommode au roi, lequel, quand
il était duc d’Anjou, eut, dit-on, quelque responsabilité et dans l’attentement
contre mon père, et dans la Saint-Barthélemy.
    — Ha !
dis-je avec feu, on le dit, mais pour moi, je le décrois tout à plein, pour ce
que je connais bien de mon maître la coutumière bénignité de cœur et sa
répugnance à sang verser. Par surcroît, il n’était point alors le roi de France
et Charles IX, seul, doit porter devant Dieu le poids de ces ignominies.
    — Ha !
Monsieur ! dit Châtillon en poussant un soupir, comme je suis aise de vous
ouïr parler ainsi, vous qui connaissez bien le roi ! Je le confesse à
vous, ma conscience me poigne quand et quand d’embrasser mes ennemis d’hier,
craignant que la noble âme de l’amiral, du haut de son paradis, ne m’en puisse
blâmer. Et pourtant Navarre ne poursuit-il pas, ce jour d’hui, le même but que
mon père, quand l’amiral voulait unir contre Philippe II les catholiques
et les huguenots de ce royaume ? Et n’est-ce pas mon devoir, comme mon
père lui-même à ma place l’eût entendu, que de bannir toutes ces fâcheuses et
barbares passions d’aigreur, de querelle et de vengeance, quand la paix du
royaume est en jeu ?
    Et moi, le
voyant encore très troublé en sa conscience de huguenot de se vouloir infidèle
à son personnel ressentiment par fidélité à la nation, j’entrepris de le
conforter et consolider en le sacrifice qu’il en faisait, lui assurant que son
père n’avait pas, en effet, agi autrement en se réconciliant avec
Charles IX après les persécutions dont lui-même et les siens avaient été
les malheureux objets.
    Sur ces mots,
je fus interrompu par des cris et interpellations que faisaient aux nôtres les
sentinelles de Mayenne lesquelles, comme j’ai dit, se trouvaient sur la rive
droite de la rivière de Loire à un jet de pierre de nous et bien visibles, la
lune étant si claire.
    — Arquebusiers,
cria l’un de ceux-là, je vous reconnais à vos écharpes blanches ! Vous
êtes les huguenots de Châtillon !
    — Oui-da !
cria en réponse l’un de nos soldats avec un rocailleux accent gascon.
Oui-da ! répéta-t-il en gaussant, et pour vous servir, Messieurs !
    — Écharpes
blanches ! hucha un autre de ces ligueux, retirez-vous de là ! Nous n’avons
pas affaire à vous, mais à ce bougre et traître de roi, couard, assassin et
suppôt d’enfer !
    — L’insulte,
cria le Gascon, ne sied qu’aux femmes qui ont la bouche humide et le con
sec ! Cap de Diou ! Nous verrons demain si vous êtes aussi
vaillants que médisants !
    — Quérez
donc de M. de Châtillon, cria alors l’un des capitaines de Mayenne qui, pendant
cet échange, s’était rapproché de la berge, s’il est content de servir les
meurtriers de son père !
    — Monsieur,
dit Châtillon en avançant et en montant sur le remblai de la tranchée pour être
des interpellants bien visible. C’est je, Châtillon, qui vous parle, et je vous
voudrais dire ceci : Quand il s’agit du service de l’État et du roi –
ce roi qui est le

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