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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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personne.
    — Je
raque ce morion, grommela le long Pissebœuf à nous revenant tout en bouclant
ledit morion sur son chef, je le raque, je lui chie sus, et je le contrepisse.
Qui plus est, Poussevent, je le voue à l’enfer papiste pour qu’il y soit pilé
en mortier comme l’âme du Carolus.
    Il achevait
quand le bruit courut que la barque plate revenait de l’île de Châtillon avec
le roi dessus, et à ses côtés Navarre, lequel était juste advenu. Auquel nom de
Navarre, un tel trémulant frémissement de fiance et d’amour courut parmi nos
gens qu’ils se seraient bien pêle-mêle précipités sur l’autre bord de notre île
pour le voir, si Rosny et les sergents, donnant de la gueule, ne les avaient
commandés de se mettre tous aux tranchées, le morion attaché, le corselet
sanglé, et le mousquet en main à vérifier la pierre du rouet. Ce qu’ils firent,
l’œil irrassasié, mais la voix active, quoique fort basse.
    — Voilà
nos deux Henricus, dit Pissebœuf en glissant un œil par-dessus son épaule. L’un
grand, l’autre petit. L’un cerf ou biche, l’autre bouc.
    — Qui est
le bouc ? dit Poussevent.
    — Le
nôtre : tu le connais à l’odeur. Et aussi à ses esteufs, car plus
couillard que Navarre jamais ne fut. Poussevent, la journée est à nous !
Le bouc béarnais va besogner la chèvre Carolus !
    — M’est
avis que la chèvre prend les pattes à son cou, dit Poussevent placidement, pour
ce qu’au même moment, distinct et fort en son nasillant trompettement, on
entendit, des hauteurs de Saint-Symphorien, sonner le boute-selle.
    — Ventre
Saint-Gris, le boute-selle ! cria Navarre en devançant tout soudain le roi
en quelques pas de ses courtes, maigres et musculeuses gambes et en sautant sur
le haut du remblai. Ha ! mio cozin Mayenne, ajouta-t-il en oc, que cagada [5] !
    Sur quoi,
l’avis unanime des arquebusiers, quoique prononcé à voix basse, et en oc, pour
ne point offenser le roi et son armée, fut que le Mayenne s’était par peur des
seules écharpes blanches ensauvé au diable de Vauvert et que ledit diable le
bouille à jamais en ses marmites, Amen !
    Navarre
dépêcha quelques éclaireurs pour reconnaître le faubourg, lesquels revinrent
confirmer que Mayenne avait fait retraite, laissant derrière lui d’aucuns
traînards, éclopés, ou navrés qui, capturés, confirmèrent le département de
l’armée ligueuse, se retirant aussi vite qu’elle s’en était advenue. À se voir
par nous interrogés, les pauvres croquants trémulaient comme feuilles de
peuplier, leurs dents et genoux s’entrechoquant, croyant qu’on les allait
pendre – d’autant, à ce que les émissaires avaient rapporté, que le
chevalier d’Aumale (cousin de Mayenne) avait fait à Saint-Symphorien mille
méchantises, daguant hommes et forçant femmes – mais Sa Majesté, en vrai
bon roi chrétien qu’Elle était, les envoya à l’hôpital de Tours avec nos
propres blessés pour y être comme eux pansés, arguant que, le combat fini, il
ne voulait point faire de différence entre les Français naturels.
    J’envoyai
Miroul quérir ma trousse de médecin à Tours, et demandai à M. de Rosny d’être
de ceux qui iraient au secours des nôtres en Saint-Symphorien, dont voulurent
être aussi Miroul, le page Moineau, et à mon grand étonnement, Pissebœuf,
« pour pourvoir, dit-il, à mes sûretés », mais, partie aussi, à ce
que je pense, parce qu’il voulait voir de ses yeux la cagada de Mayenne
en ce faubourg, étant plus curieux qu’écureuil dont il avait d’ailleurs,
emmanché sur un long cou maigre, la tête petite, l’œil vif et noir, l’oreille
immense.
    Il y avait là,
en effet, par la male heure, prou à voir et du plus horrible en cette belle
aube de mai : maisons brûlées et demi brûlées que les nôtres labouraient à
éteindre, verrières brisées, huis éventrés pour la picorée, hardes et meubles
sur le pavé jetés, puantissimes chevaux morts et jonchant les rues çà et là,
des cadavres par centaines, les leurs, les nôtres – le chamaillis du corps
à corps par les rues et ruelles ayant été, à ce que je vis, des plus meurtriers.
    Ni son ni
noise en tout cela, tant est que la cité paraissait morte, sauf qu’en passant
devant l’église, une sourde, longue et lugubre plainte dans le silence général
tant me frappa que je décidai d’entrer et, l’huis franchi, risquai un œil et
vis de prime, massées et accroupies au pied de la

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