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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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l’ambassadeur
d’Angleterre. Un bizarre, disait le roi, qui le prisait prou. Que
n’avons-nous en ce royaume plus de bizarres de ce bon métal ! Et un
peu moins de ces avisés renards qui, au lieu que d’apporter leur concours en
des temps difficiles au souverain, le lui barguignent et le lui vendent !
    Le lendemain
de sa visite, ma fièvre monta avec un assez fort pâtiment en mon bras navré, ce
qui me fit craindre que l’infection ne s’y mît et qu’on ne fût obligé de me le
couper pour prévenir la gangrène. Opération que déjà envisageait le chirurgien,
mais sans que j’y donnasse mon assentiment, préférant, pour dire le vrai, me
mettre au hasard de ma vie plutôt que perdre la symétrie de mon corps. Mon
Miroul qui ne me quittait point et mes gens éplorés (même mes pages s’étaient
assouagés, ne voulant pas que leur noise me troublât) me suppliaient d’y
consentir, mais je ne le voulus point, et fis bien, comme l’heureuse issue le
montra.
    Je fus
pourtant quelques jours et nuits à pâtir et même à délirer, délires pendant
lesquels tous ceux que j’aimais et que je m’apprêtais, en mon pensement, à
quitter, passèrent devant mes yeux en une infinie procession ! Mon père,
mon joli frère Samson, ma petite sœur Catherine, Quéribus mon beau muguet de
cour, le révérend docteur Fogacer, le maître en fait d’armes Giacomi, tout
ensemble mon immutable ami et mon beau-frère, puisqu’il avait marié Larissa, la
jumelle de mon épouse, celle-ci enfin et les beaux enfants qu’elle m’avait
baillés. Je ne sais pourquoi c’est en mon natal Mespech que je les encontrais
tous en mes rêves fiévreux, alors même qu’ils en étaient tous, comme moi-même,
partis de longtemps, éparpillés et dispersés en le royaume. On eût dit que
semblable à l’animal blessé qui, regagnant sa tanière, s’y ococoule pour lécher
ses navrures, j’avais grand besoin de me retrouver par l’imaginative en mon nid
crénelé pour reprendre des forces au contact de la terre qui m’avait vu naître,
et me raccrocher à la vie par le truchement de ceux qui m’y avaient aimé.
    Au matin du
15 août, ma fièvre baissa, le dol de mon bras parut s’ensommeiller, et
déclosant mon œil, je me trouvai fort étonné de voir avec une clarté nouvelle
en tous ses précis contours, la face de mon gentil Miroul, laquelle m’apparut
toute chaffourrée de chagrin.
    — Eh
quoi, mon Miroul, dis-je, tu sanglotes ? Ne vois-tu pas que je vais
mieux ?
    — Ha !
que si, Moussu, dit-il d’une voix entrecoupée, je le vois ! et bien le
sais-je aussi, le chirurgien de M. de Rosny tenant que votre bras va vers sa
curation, et que la gangrène ne s’y mettra point.
    — Comment
se fait-il donc que je te voie pleureux et gémissant ?
    — Ha !
Moussu ! ce n’est point pour votre santé que je me fonds en eau, car la
Dieu merci, vous voilà sauf, et votre bras aussi, sans lequel vous ne sauriez
tenir une épée, mais pour ce que j’ai deux nouvelles à vous apprendre des
vôtres, qui sont l’une et l’autre excessivement larmoyables.
    — Quoi !
criai-je, le cœur me toquant les côtes, et me dressant tant brusquement sur mon
séant que mon bras dextre me fit mal. Des miens ! Tu dis des miens !
De quels miens s’agit-il ? De mon père ? De Samson ? De mon
Angelina ? De mes enfants ? Parle, Miroul, au nom du ciel !
    — Nenni !
nenni ! ces proches-là que je dis ne vous sont pas tant proches, combien
que vous les aimiez prou et moi aussi, dit Miroul, lequel, à ce que je vis, ne
m’avait fait craindre le pis que pour atténuer les coups qu’il allait me
porter… Moussu, le maître en fait d’armes Giacomi fut tué hier en escarmouche
par un félon à qui, l’ayant désarmé de son épée, il avait laissé, en sa noble
âme, la vie, ce méchant lui tirant un coup de pistolet dans les reins dès qu’il
eut tourné bride.
    — Ha,
dis-je, me cachant les yeux de ma main, Giacomi était un vrai maître à
l’italienne, réglé, chevaleresque, humain. Il n’était point fait pour ces
combats cruels et sans loi, où le frère égorge le frère qui vient de
l’épargner. Bien sais-je qu’il n’a voulu mie user en ces corps à corps de la
botte secrète qu’il m’a enseignée, pour ce qu’en la délicatesse de son cœur, il
y voyait pour lui-même un trop grand avantage. Cornedebœuf ! Être occis
par-derrière d’un traître coup ! Ha ! Miroul ! celui qui a dit
que

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