Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
son
amitié.
    — Que dit le Roi ? demanda La Surie.
    — Il est aux anges ! dit Bassompierre.
    Et il ajouta, non sans quelque fatuité :
    — Vous savez comme il m’aime.
    — Va-t-il doter la mariée ?
    — Mais voyons, il n’en est nul besoin. Vous n’ignorez
pas qu’elle est, avec Mademoiselle de Mercœur, la plus riche héritière du
royaume.
    Il reprit avec un sourire :
    — En fait, c’est moi que le Roi dote.
    — Il vous dote ? dit La Surie en ouvrant de grands
yeux.
    — Oui-da, il va acheter pour moi au Duc de Bouillon la
charge de premier gentilhomme de la Chambre.
    — Bravo, bravissimo, Bassompierre ! dit mon père.
C’est là une marque éclatante de la faveur du Roi. Il ne pouvait faire mieux ni
plus !
    Bassompierre, qui était la finesse même, me parut sentir que
mon père avait parlé, cette fois, avec plus d’élan que quand il s’était
contenté de louer la beauté de Charlotte. Il le regarda d’un air interrogatif
et voyant que mon père était décidé à n’en pas dire plus, ne s’étant exprimé
sur le compte de Charlotte que par prétérition, il jeta un œil à sa
montre-horloge et, sous prétexte que le Roi l’attendait au Louvre, demanda son
congé et s’en alla, aussi mal à l’aise que malengroin, à ce qu’il me sembla.
    Cette retraite parut si hâtive et, bien que Bassompierre se
piquât de politesse, si peu courtoise, que mon père parut s’en faire scrupule,
se demandant sans doute s’il n’avait pas trahi plus de réserves au sujet de
Charlotte qu’il n’aurait dû. Là-dessus, avisant, de l’autre côté de la table,
Mariette, les bras ballants et l’air effaré, il lui dit avec quelque
brusquerie :
    — Eh bien, Mariette ! Qu’attends-tu pour enlever
l’assiette de Monsieur de Bassompierre ? Tu vois bien qu’il n’y a pas
touché.
    — Ah, Mouchieu le Marquis, dit Mariette qui, en
ses moments d’intense émotion, reprenait de plus belle son accent auvergnat, che ne toucherais pas à cette assiette pour tout l’or de la Bach tille !
Jésus ! Le pauvre Comte ! Je prie le Seigneur qu’il le veuille bien
pardonner de marier un chuc cube ! Qu’il en est déjà tout
envoûté !
    — Charlotte de Montmorency, un succube [39]  ! Et d’où tiens-tu cela, ma
commère ?
    — Ah ! Mouchieu le Marquis, la chose est chûre !
Che la tiens de mon oncle. Il fut valet chez la mère de Madame Charlotte,
Louise de Budos, laquelle étant garch elette, che donna au diable
sur la pro meche qu’il lui fit de la marier à Mouchieu le
Connétable, l’homme le plus riche de France et le plus pui chant après le
Roi.
    — Elle se donna au diable ? dit mon père en
haussant le sourcil.
    — Oui-da, Mouchieu le Marquis. Et même qu’elle
en souffrit mal de mort, le diable ayant un chouard rouge comme l’enfer et qui
vous brûle les entrailles là où il se met !…
    — Comment dès lors ne pas s’étonner, dit mon père en
regardant La Surie qui riait sous cape, du grand nombre de femmes qui, de nos
jours, prétendent avoir eu commerce avec le diable ?
    — C’est tout chus tement de ces impudiques dont
on dit qu’elles ont le diable au corps, dit Mariette sans s’émouvoir de
l’objection. Et pour en revenir à Madame Louise, le diable, après en avoir joui
tout son saoul, lui recou chut sa virginité et le choir des noces,
le pauvre Connétable n’y vit que du feu. N’empêche, le mal était fait ! Et
Madame Charlotte naquit de chette chemenche -là . D’où vient
qu’elle devint, sous l’apparence d’un ange, une véritable dia blèche . Et
de plus, comme cha mère, une ambivichieuse.
    —  Une ambivichieuse ? dit mon père.
Qu’est-ce encore que cela ?
    — Une autre sorte de poule laitée, j’imagine, dit La
Surie.
    — Point du tout, reprit Mariette avec un air d’immense
sagesse. Une ambivichieuse, c’est une femme qui a tout ensemble de l’Ambi chion
et du viche.
    —  De l’ambition et du vice ! Parfait !
Parfait ! Tout devient clair ! Je m’instruis en t’écoutant, Mariette.
Est-ce tout ?
    — Nenni, Mouchieu le Marquis. Après Charlotte,
le diable fit encore à Madame Louise un fils qu’on prénomma Henri. Mais ch’é tant
absenté pour aller à l’autre bout du monde commettre ches noir cheurs et ches méchantises (car il a partout fort à faire), le diable, quand il revint, trouva
Louise groche et chette fois du Connétable. Et furieux qu’elle
ait manqué à cha foi, il l’étrangla

Weitere Kostenlose Bücher