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La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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prince du sang, elle deviendra une enfant de France, et
aura droit à des fleurs de lys sur sa robe de mariée ? Soyez bien assuré
qu’elle n’a pas manqué d’y songer…

 
CHAPITRE X
    Le carrosse de Bassompierre me déposa sur le coup de onze
heures en notre logis du Champ Fleuri – lequel champ n’avait plus qu’une
existence nominale plutôt mélancolique, car il y avait belle lurette qu’il
avait été occupé par des murs, et les fleurs, remplacées par des pavés.
    Et bien que le temps du dîner fût proche et qu’une odeur
succulente émanât des cuisines, ni mon père ni La Surie n’étaient là encore. En
l’absence de son mari Caboche, qui gardait le lit, Mariette s’affairait devant
des casseroles et dès que je la vis je chantai pouilles à sa langue parleresse,
lui reprochant avec la dernière véhémence d’avoir dit à la Duchesse de Guise
que je m’absentais du logis les lundis, mercredis et vendredis dans un coche de
louage.
    — Ah ! Meuchieu ! dit-elle fort émue
et la poitrine houleuse, le moyen de faire autrement ! Vous connai chez Son Altesse ! Elle crépite comme huile en poêle et monte, monte comme chou pe
au lait ! Cha vez-vous qu’elle vous suspi chion nait de vous
cacher dans une chambre du logis pour ne point la voir ! Et qu’elle
commanda à Franz de lui ouvrir une à une toutes les portes de la maison !
Il refusa tout net ! Il aurait fait beau voir qu’elle tombât sur la pauvre
Margot dans la chambre du deu chiè me étage, chus te au-dessus de la
chambre de Monsieur le Marquis ! Quel tohu-bohu ! C’est pour le coup
que le couvercle aurait sauté de la marmite !
    — Mariette ! Parler ainsi de Son Altesse !
    — Pardon, Meuchieu ! Je n’y mets pas ma liche. C’est ce qu’on dit dans mon village, quand une garce se dégonde. Bref, pour
éviter le pire, j’ai gâché ma chau ce et lui ai lâché tout à trac ce que
vous savez.
    — Et tu m’as mis, moi, dans l’embarras…
    — Nenni, Meuchieu. C’est point ce que j’ai dit
qui a fait tout cramer : c’est ce qu’a dit Toinon ! Qui, je vous le
demande, a parlé de la maîtresse d’école et de la maîtresse tout court ? Eche -ce
moi, ou cette pimpésouée ? Chelle -là , que le diable
l’emporte et la cuise à petit feu au court-bouillon ! Chest tout le
bien que je lui chou haite !
    La cuisson mise à part, je trouvai quelque raison dans son
propos et décidai de garder pour Toinon le plus gros chien de ma chienne. Mais
la caillette n’était point dans les alentours, il eût fallu la chercher dans
les étages, je n’aspirais qu’à me mettre ventre à table, mon estomac se
creusant à chaque minute davantage de toutes les bonnes odeurs de viandes dont
le Louvre m’avait privé. Là-dessus, mon père et La Surie survinrent, et on eût
dit qu’on ne s’était vu d’un mois, tant il y eut d’exclamations, de brassées,
de baisers et de liesse. On s’assit, l’œil joyeux et les dents aiguisées. Par
bonheur, Mariette s’étant foulé la cheville, c’est Greta qui servait à table.
La bonne Alsacienne était une tombe : je pus parler tout mon saoul, ou
plutôt tout le saoul de mes commensaux, car je dus répondre à d’insatiables
questions, tant ils voulaient s’assurer que je n’avais rien omis d’important en
mon récit.
    On en finit enfin, et bien remis des maigres chères du
Louvre, le torse redressé et le jarret saillant, je gagnai ma chambre pour ma
quotidienne sieste, plus indulgent en mon for à Toinon que je ne l’avais été
depuis la veille, puisqu’aussi bien mon père avait tout « expliqué »
à la Duchesse et qu’aucun mal n’était sorti de ses cancans.
    Toinon ne parut pas. Je l’attendis un bon moment. Je
balançai. Mon amour-propre me commandait de ne point bouger, et de reste, même
seul, après ma mauvaise nuit au Louvre, j’eusse bien voulu dormir, mais sans le
frais licol des bras nus de Toinon je ne le pus, et me levant, toute vergogne
bue, je n’eus pas honte d’aller quérir Franz et de lui dire de me l’appeler.
    Elle parut enfin. Vous eussiez dit la Duchesse elle-même,
tant elle était haute. L’huis refermé derrière elle, elle n’avança pas à moi,
mais demeura sur place, l’œil sec, le front haut et la mine distante.
    — Eh bien, Toinon, dis-je, me forçant à faire le
sourcilleux bien que le cœur n’y fût pas, te caches-tu de moi de crainte d’une
semonce ?
    — Non, Monsieur, dit-elle avec la dernière

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