Labyrinthe

dû les prévenir. Mardi, la police a envoyé des plongeurs dans l'Eure, à l'endroit précis où se trouvait le cadavre. Elle savait ce qu'elle cherchait. Réfléchissez : qui a annoncé le premier qu'il y avait une fuite à Chartres ? Authié. A-t-il seulement produit une preuve que Tavernier avait fait des révélations à la journaliste ?
    — Tavernier ?
    — L'homme retrouvé dans l'Eure, expliqua-t-il d'un ton acerbe.
    — Ah, bien sûr… » Marie-Cécile alluma une cigarette. « Le rapport mentionne nommément la Noublesso Véritable .
    — Authié aurait pu la citer aux policiers.
    — Tant que rien ne permettra d'établir un lien entre Tavernier et cette demeure, il n'y a pas de problème, déclara-t-elle d'un ton las. Autre chose ?
    — J'ai fait tout ce que vous m'avez demandé.
    — Tout est prêt pour samedi ?
    — Oui. Si ce n'est que, sans l'anneau et le livre, je ne vois pas pourquoi nous nous donnons tant de mal. »
    Un sourire flotta sur les lèvres écarlates de Marie-Cécile.
    « Eh bien, vous le verrez. C'est la raison pour laquelle Authié nous est encore utile en dépit de la méfiance qu'il vous inspire. Il prétend avoir, ô miracle, retrouvé l'anneau.
    — Pourquoi ne me l'avez-vous pas appris plus tôt ? regimba le jeune homme.
    — Je vous l'apprends maintenant, répliqua-t-elle. Il affirme que ses hommes l'ont récupéré dans la chambre de l'Anglaise, la nuit dernière, à Carcassonne. »
    Alice se sentit soudain glacée. C'est impossible .
    « Pensez-vous qu'il mente ?
    — Ne soyez donc pas stupide, François-Baptiste. C'est l'évidence même. Si Tanner avait été en possession de l'anneau, il ne lui aurait pas fallu quatre jours pour remettre la main dessus. En outre, j'ai fait fouiller ses bureaux et son appartement.
    — Donc… »
    Elle ne lui laissa pas poursuivre :
    « Si, je dis bien si, Authié détenait vraiment l'anneau, ce dont je doute fortement, il l'aurait obtenu soit de la grand-mère de Biau, soit depuis le tout début. Dès l'instant où il a visité la grotte.
    — Mais pourquoi s'en soucier ? »
    La sonnerie du téléphone retentit, importune. La terreur se saisit d'Alice.
    « Répondez », commanda Marie-Cécile.
    Le jeune homme obtempéra aussitôt.
    « Oui. »
    Alice osait à peine respirer de crainte de trahir sa présence.
    « Oui, je comprends. Attends. C'est O'Donnell, déclara-t-il en recouvrant le combiné de sa main. Elle prétend avoir le livre.
    — Demandez-lui pourquoi elle n'a plus donné de nouvelles.
    — Où étais-tu passée depuis lundi ? Quelqu'un d'autre est-il au courant ? OK. À vingt-deux heures, demain soir ? »
    Il raccrocha.
    « Êtes-vous certain que c'était elle ?
    — J'ai reconnu sa voix. Elle connaissait les dispositions.
    — Il devait écouter la conversation.
    — Que voulez-vous dire ? hésita-t-il. Qui écoutait ?
    — À l'entendre parler si fort dans l'appareil, qui croyez-vous ? Authié, naturellement.
    — Je…
    — Shelagh O'Donnell a disparu pendant plusieurs jours. Et à peine suis-je de retour à Chartres, hors du chemin, la voilà qui réapparaît ! D'abord l'anneau, le livre ensuite. »
    François-Baptiste finit par sortir de ses gonds.
    « Mais à l'instant vous le défendiez ! protesta-t-il avec véhémence. Vous me reprochiez de sauter aux conclusions. Si vous saviez qu'il travaillait contre nous, pourquoi ne m'avoir pas prévenu au lieu de me ridiculiser ? Qui plus est, pourquoi ne l'arrêtez-vous pas ? Vous êtes-vous demandé pourquoi il tient tant à ce livre ? Pour le vendre au plus offrant, peut-être ?
    — Je sais exactement pourquoi il veut s'approprier les livres, répliqua-t-elle d'un ton glacial.
    — Pourquoi faites-vous toujours cela ? Vous n'avez de cesse de m'humilier !
    — La discussion est close, décréta-t-elle. Nous partons demain. Cela vous laissera tout le temps pour votre rendez-vous avec O'Donnell, et à moi, celui de me préparer. La cérémonie se déroulera à minuit, comme prévu.
    — Vous voulez quand même que je la rencontre ? s'étonna François-Baptiste, incrédule.
    — Absolument. Je veux ce livre. »
    Pour la première fois, Alice percevait une trace d'émotion dans sa voix.
    « Et si Authié ne l'a pas ?
    — Dans ce cas, je ne crois pas qu'il se donnerait tant de mal. »
    Elle entendit François-Baptiste ouvrir la porte de la bibliothèque.
    « Et lui ? s'enquit-il d'une voix un peu plus enthousiaste. Vous ne pouvez le