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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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directions.
    Des grappins étaient lancés plus vite que les assiégés ne parvenaient à les neutraliser. Des échelles, dressées par dizaines contre les murs, certaines furent repoussées, d'autres incendiées, mais quelques-unes parvinrent à être maintenues. Les hommes de pié français grouillaient comme des fourmis ; les repousser semblait en attirer plus encore.
    De chaque côté des fortifications, morts et blessés étaient empilés comme un tas de bûches pour un grand brasier. Au fil des heures, les pertes s'aggravaient.
    Les croisés installèrent une catapulte et commencèrent à pilonner les fortifications. Insensibles à la grêle de flèches et de projectiles que les assiégés faisaient pleuvoir sur eux, les trébuchets lançaient inlassablement d'énormes blocs de pierre qui secouaient Sant-Vicens jusque dans ses fondations.
    Les murs commencèrent à céder.
    « Ils sont passés ! s'écria Alaïs. Ils ont franchi nos lignes de défense ! »
    Trencavel et ses hommes attendaient l'ennemi de pied ferme. Brandissant haches et épées, ils chargèrent par deux et trois de front. Les sabots des destriers piétinaient tout sur leur passage, broyant de leurs fers les crânes comme des melons trop mûrs, écrasant membres et corps en une effroyable bouillie de chair, d'os et de sang. Entre rues et venelles, la bataille se répandit dans le bourg, se rapprochant toujours plus des murs de la Cité. Alaïs pouvait voir la foule terrorisée courir vers la porte de Rodez pour trouver refuge dans la Cité, vieillards, infirmes, femmes et enfants. Chaque homme valide, apte à se défendre, s'empressait d'appuyer la garnison. La plupart furent aussitôt massacrés, massues et gourdins dérisoires face à l'estramaçon du croisé.
    La défense combattit vaillamment, mais à un contre dix, ils étaient hélas en sous-nombre. Telle une déferlante brisant tout sur son passage, les Français firent une brèche dans les fortifications et s'y engouffrèrent pour entreprendre sans délayer la démolition des murs.
    Trencavel et ses chevaliers se battaient désespérément pour conserver l'accès à la rivière, jusqu'au moment où, renonçant à ce vain espoir, le vicomte fit sonner la retraite.
    Sous les cris triomphants des Français, on ouvrit les herses de la porte de Rodez afin de permettre aux survivants de se réfugier derrière les murs de la Cité. Comme le vicomte Trencavel conduisait sa troupe vaincue vers le Château comtal, Alaïs, horrifiée, regardait les scènes de carnage et de dévastation qui se déroulaient en contrebas. Elle avait déjà vu la mort en quelques occasions, jamais à pareille échelle. Elle se sentait souillée par les réalités de la guerre et tout le gâchis qu'elle entraînait.
    Déçue, pareillement. Elle comprenait à présent comme étaient mensongères les chansons de geste de ses enfances. Il n'y avait nulle noblesse à guerroyer, de la souffrance uniquement.
     
    Quittant le chemin des remparts, Alaïs descendit dans la cour se joindre aux autres femmes, priant le Ciel que Guilhem se trouvât parmi les survivants.
    Revenez-moi sain et sauf.
    Se firent enfin entendre les sabots des chevaux martelant furieusement le pont. Alaïs aperçut Guilhem au premier coup d'œil et ses esprits firent un bond. Son visage et son armure étaient maculés de cendres et de sang, alors que son regard étincelait encore de la fureur de la bataille. Par bonheur, il n'avait aucun mal.
    « Votre époux a combattu avec vaillance, dame Alaïs, déclara le vicomte en la voyant. Il ôta bien des vies et en sauva plus encore. Nous lui sommes reconnaissants de son adresse et de son courage… Dites-moi, où se trouve votre père ? »
    Rougissante, Alaïs désigna le coin nord-est de la cour.
    « Nous observions la bataille du haut des ambans , messire. »
    Entre-temps, Guilhem avait démonté et tendait les rênes à son écuyer.
    Alaïs s'approcha timidement, incertaine de l'accueil qu'elle recevrait.
    « Messire… »
    Lui prenant la main, Guilhem la porta à ses lèvres.
    « Thierry est tombé, annonça-t-il d'une voix éteinte. L'on s'affaire à le ramener ; il est grièvement blessé.
    — J'en suis fort marrie, messire.
    — Nous étions comme frères, poursuivit-il. De même qu'Alzeau. Nous étions presque du même âge ; nous nous soutenions l'un l'autre, et nous avons travaillé de concert pour acquitter nos hauberts et nos épées. Nous avons été adoubés ensemble à

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