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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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ponant s'engouffrèrent par les hautes fenêtres du grand vestibule. Les morts avaient été emportés. Les vivants réconfortés autant que leurs blessures le leur permettaient.
    Elle était ivre de lassitude, mais ses pensées de la précédente nuit, allongée dans les bras de son époux, la sustentaient. Si douloureux que fussent ses os, si roide son dos tant elle était restée longtemps accroupie, ces maux lui semblaient anodin en regard de ce qu'elle avait vécu.
     
    Tirant avantage de la frénésie qui s'était emparée du Château comtal, Oriane gagna sa chambre pour y attendre son espion.
    « Il était grand temps, lança-t-elle d'un ton cinglant. Dites ce que vous avez à m'apprendre.
    — Le juif est trépassé en révélant peu de chose, encore que mon seigneur soit d'ores et déjà convaincu qu'il a déjà confié le livre aux soins de votre père. »
    Oriane eut un lent sourire, sans néanmoins souffler mot. Nul n'était au fait qu'elle l'avait retrouvé dans la cape d'Alaïs.
    « Qu'en est-il d'Esclamonde de Servian ?
    — Elle fit montre de grand courage, et révéla finalement où le livre pouvait être trouvé. »
    Les yeux verts d'Oriane lancèrent des éclairs.
    « L'avez-vous ?
    — Point encore.
    — Se trouve-t-il dans les murs de la Ciutat  ? Monseigneur d'Évreux sait-il cela ?
    — Il se fie à vous pour lui fournir pareille information. »
    Oriane demeura un instant songeuse.
    « Ainsi, la vieille femme est trépassée ? Et l'enfant aussi ? Elle ne peut donc plus contrecarrer nos plans ni prendre langue avec mon père ? »
    L'homme produisit un sourire contraint.
    « La femme est morte. Le gamin est parvenu à s'enfuir, mais il ne saurait porter grand préjudice. Je me chargerai de lui sitôt que je le reverrai. »
    Oriane approuva d'un hochement de tête.
    « Avez-vous parlé au seigneur d'Évreux de mes… intérêts ?
    — Si fait, dame. Il est fort honoré que vous envisagiez de lui rendre pareil service.
    — Et qu'en est-il de mes conditions ? Me délivrera-t-il un sauf-conduit pour quitter la Ciutat  ?
    — Il le fera dans la mesure où vous délivrerez le manuscrit, dame. »
    Elle se leva pour arpenter la chambre.
    « Bien, tout cela m'agrée fort. Pourrez-vous pareillement vous charger de mon époux ?
    — Il suffira de m'instruire de l'instant et du lieu donné, dame, et rien ne sera plus aisé. Le coût en sera toutefois plus élevé que précédemment. Malgré ces temps troublés, les risques demeurent considérablement élevés. Il s'agit tout de même de l' escrivan du vicomte, un homme d'importance.
    — J'en suis fort consciente, l'interrompit-elle d'un ton glacial. Combien ?
    — Le triple de ce dont vous vous acquittâtes pour le dénommé Raoul.
    — Cela est impossible ! protesta-t-elle immédiatement. Je ne puis accéder à une telle quantité d'or.
    — Nonobstant, dame, tel est mon prix.
    — Et pour retrouver le manuscrit ?
    Cette fois, l'homme se fendit d'un grand sourire.
    « Ceci fera l'objet d'une tout autre négociation, dame. »

57
    Le pilonnement reprit et se poursuivit au cours de la nuit, bruits sourds de projectiles constitués de pierres et de rochers qui soulevaient dans les airs un nuage de poussière chaque fois que l'un d'eux atteignait son but.
    De sa fenêtre, Alaïs observait les demeures dans les plaines, réduites en amas de ruines fumantes. Un nuage nocif planait sur les frondaisons comme un sombre brouillard agrippé à leurs branches. Si certains habitants accourus de la plaine avaient pu se réfugier à Sant-Vicens puis, de là, à l'intérieur de la Cité, ils avaient, pour la plupart, été impitoyablement massacrés pendant leur fuite.
    Sur l'autel de la chapelle, des chandelles avaient été allumées.
     
    À l'aube du quatre août, le vicomte et son intendant montèrent sur les remparts.
    Le camp des Français se nimbait des brumes venues de la rivière. Tentes, enclos, bêtes, oriflammes, une véritable ville venait de prendre racine. Pelletier leva les yeux vers le ciel. Encore une journée torride qui s'annonçait. La perte de la rivière à ce stade-ci du siège était rien de moins que catastrophique. Sans eau, ils ne tiendraient pas longtemps. La soif aurait raison d'eux, si tant est que les Français ne l'eussent pas fait avant.
    La veille, Alaïs l'avait instruit du premier cas de dysenterie, rapporté du quartier de la porte de Rodez, par où étaient entrés la plupart des réfugiés venus de

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