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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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obscurcit le ciel.
    Les hommes tombaient des deux côtés. La première échelle était déjà dressée contre les murs. Le carreau d'une arbalète fendit l'air et alla se ficher dans le bois, le faisant voler en éclats. L'échelle oscilla, puis bascula lentement avant de prendre de la vitesse et projeter les hommes sur le sol dans un éclaboussement de sang, d'os et de bois.
    Au prix de grands efforts, les croisés parvinrent à installer une gata , chariot à quatre roues, tendu de peaux de bœuf, à l'abri duquel des experts en la matière devaient creuser une cavité et saper ainsi la partie basse des remparts.
    Trencavel ordonna que l'on détruisît l'engin, ce que firent incontinent les assiégés en lançant quantité de projectiles enflammées. Le ciel se zébra de fumées noires et de traits en feu, jusqu'à ce que le chariot s'embrasât, et que ses occupants, transformés en torches vivantes, se missent à courir dans toutes les directions pour tomber, quelques pas plus loin, sous les flèches des archers.
    C'était déjà trop tard. Du haut des créneaux, les défenseurs des murs ne pouvaient à présent que constater, impuissants, les sapeurs survivants poser dans la cavité qu'ils étaient parvenus à creuser la charge de poudre noire et de salpêtre que les croisés préparaient depuis longtemps. Une violente déflagration retentit. Alaïs se protégea le visage, alors que, parmi les flammes, une gerbe de pierres et de cailloux s'élevait dans les airs.
    Les croisés s'engouffrèrent à grand fracas dans la brèche, le rugissement de l'incendie allant jusqu'à couvrir les hurlements des femmes et des enfants fuyant cet enfer.
    Les herses séparant Sant-Miquel de la Cité furent aussitôt levées aux fins que les chevaliers pussent lancer leur première attaque. Veillez sur lui , se prit à murmurer Alaïs, comme si sa supplique pouvait détourner de son époux la flèche ennemie.
    Les hommes de pié français lançaient à présent les têtes des cadavres qu'ils venaient de décapiter par-dessus les murailles, semant ainsi la panique chez les Carcassonnais. Les hurlements de terreur allaient croissant, tandis que le vicomte conduisait ses hommes au cœur de la bataille. Il fut ainsi le premier à verser le sang, repoussant de sa botte l'ennemi dont il venait de trancher le col.
    Guilhem le suivait de près dans cette charge farouche, poussant son destrier dans la foule des attaquants, terrassant tous ceux qui obstruaient son chemin.
    Alaïs vit avec horreur la monture d'Alzeau de Preixan trébucher, non loin de son époux, lequel tourna bride surle-champ pour lui porter secours. Affolé par l'odeur de sang et le ferraillage des armes, le puissant destrier de Guilhem se cabra, piétinant les croisés sous ses sabots, permettant ainsi à Alzeau de se relever et de se mettre momentanément hors danger.
    L'ennemi était largement en surnombre. Sur son chemin, des multitudes d'hommes blessés, de femmes et d'enfants terrifiés fuyaient vers la Cité. L'host avançait sans relâche, investissant chaque rue.
    À la fin, Alaïs entendit le cri :
    « Repli ! Repli ! »
    Sous le couvert de la nuit, une poignée d'assiégés s'insinua dans les faubourgs dévastés. Massacrant les quelques soldats chargés de faire le guet, ils incendièrent les dernières demeures, privant ainsi l'ennemi d'un couvert quand reprendrait le pilonnement de la Cité.
    La réalité n'en était pas moins rude.
    Les bourgs de Sant-Vicens et de Sant-Miquel étaient tombés aux mains de l'ennemi. Carcassonne était isolée.
    1. Lanciers. (N.d.T.)

58
    Sur les instances de Trencavel, des tables avaient été dressées dans le grand vestibule. Le vicomte et dame Agnès allaient de l'un à l'autre, remerciant les hommes pour les services rendus et pour ceux qu'ils rendraient encore.
    Pelletier se sentait de plus en plus mal. La salle était saturée des odeurs de sueur, de cire brûlée, de nourritures refroidies et de bière éventée, et il ne pensait pas pouvoir endurer tout cela bien longtemps. Les douleurs qui lui fouaillaient le ventre ne laissaient de le tourmenter.
    Comme il tentait de se mettre debout, ses jambes le trahirent sans autre avertissement. Agrippé à la table, il piqua subitement du nez, faisant voler autour de lui plats, coupes et ce qu'ils contenaient. On eût cru qu'une bête sauvage lui dévorait le ventre.
    Trencavel se retourna. Quelqu'un se mit à hurler. C'est à peine si Pelletier eut conscience des

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