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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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vos états. Vous disposiez de quatre ans – quatre années ! pour circonscrire pareil désordre et, à ce jour, vous n'avez encore rien fait. Vous consentez que les évêques cathares prêchent ouvertement dans vos villes et vos cités. Vos vassaux soutiennent les Bons Homes sans la moindre vergogne.
    — Aucun de mes vassaux…
    — Niez-vous les agressions perpétrées sur les hommes d'Église qui restèrent impunies ? Les humiliations qu'ils doivent endurer ? Sur vos terres, les hérétiques se livrent ouvertement à leur culte impie. Vos alliés leur accordent protection. Il est notoirement connu que le comte de Foix insulte les saintes reliques en refusant de se prosterner devant elles, et que sa propre sœur s'est dévoyée de la grâce divine au point de faire vœu de parfaite  ; cérémonie à laquelle le comte a tenu du reste à assister.
    — Je ne puis répondre en lieu et place du comte de Foix.
    — Il demeure cependant votre vassal et votre allié, rappela le roi. Pourquoi permettez-vous que de tels agissements se perpètrent en vos états ? »
    Alaïs sentit le vicomte retenir son souffle.
    « Sire, vous répondez vous-même à cette question. Nous vivons côte à côte avec ceux que vous nommez hérétiques. Nous avons grandi ensemble et nos proches parents en font partie. Les parfaits vivent une existence honnête et leurs ouailles ne vont que grandissant. Je ne puis les pourchasser non plus que je ne puis empêcher le soleil de se lever ! »
    Ces paroles n'émurent guère le roi d'Aragon.
    « Votre unique espoir réside en une réconciliation avec notre sainte mère l'Église. Vous êtes l'égal de n'importe lequel de ces barons du Nord que s'est adjoints l'abbé de Cîteaux, et vous serez traité comme tel si vous acceptez de vous amender. Mais si vous lui donnez un seul instant à croire que vous soutenez les croyances de ces hérétiques, par le cœur ou par les actes, alors, c'en sera fait de vous. » Le roi soupira : « Pensez-vous vraiment pouvoir les affronter, messire ? Vous vous battez à un contre cent.
    — Nous avons quantité de nourritures.
    — De nourritures, certes, mais point d'eau. Vous avez perdu l'accès à la rivière. »
    Alaïs vit son père observer furtivement le vicomte, craignant manifestement de le voir perdre son sang-froid.
    « Je n'ai nulle intention de vous défier non plus que de passer outre vos bons offices, mais ne voyez-vous point que les Français guerroient pour notre terre et non pour nos âmes ? Ce combat ne se place point sous l'égide de Dieu et de sa gloire ; en bonne vérité, il ne le doit qu'à la convoitise des hommes. L'host est une armée d'occupation, sire. Si j'ai failli à mes devoirs envers l'Église, si je vous ai offensé, j'implore votre pardon. Cependant, je ne dois allégeance au comte de Nevers, ni même à l'abbé de Cîteaux. Spirituel ou temporel, ils n'ont aucun droit sur mes terres. Je ne livrerai point mon peuple à ces loups français pour une si basse cause. »
    Alaïs se sentit envahie d'une bouffée de fierté, et à en juger par l'expression de son visage, son père partageait ce sentiment. Pour la première fois depuis le début de l'entretien, le courage et l'esprit dont faisait montre Trencavel semblèrent toucher le roi.
    « Ces propos vous honorent, vicomte, mais ne vous aident en rien. Pour le salut du peuple que vous aimez, laissez-moi, à tout le moins, dire à l'abbé de Cîteaux que vous êtes prêt à ouïr ses conditions. »
    Trencavel alla vers la fenêtre pour interroger son homme lige à voix basse.
    « Disposons-nous d'assez d'eau pour nos gens à l'intérieur de la Ciutat  ?
    — Assurément non. »
    Seules les jointures blanchies de ses mains crispées sur l'appui de fenêtre révélèrent combien lui en coûtaient les mots qu'il s'apprêtait à prononcer.
    « Fort bien. J'écouterai ce que l'abbé a à dire. »
     
    Après le départ du roi, Trencavel resta un moment à regarder sans souffler mot le soleil décliner dans les cieux. Au moment où l'on vint allumer les chandelles, Pelletier ordonna que l'on fît apporter des cuisines à boire et à manger.
    Alaïs n'osait bouger, de crainte que sa présence ne fût éventée. Elle avait des crampes aux jambes et aux bras ; les murs semblaient se refermer sur elle mais elle était impuissante.
    Dans l'interstice des tentures, elle voyait son père arpenter nerveusement les abords du dais, percevait de temps à autre les murmures des

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