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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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conversations.
    Pierre II ne réapparut que tard dans la soirée. En voyant sa mine défaite et contristée, Alaïs comprit que sa démarche avait failli. Son esprit sombra dans une profonde détresse : La dernière chance de transporter la trilogie hors des murs de la cité avant le début du siège à proprement parler était anéantie.
    « Quelles sont les nouvelles, sire ? s'enquit Trencavel en se levant pour le recevoir.
    — Il n'en est aucune que nous puissions vous transmettre, vicomte, répliqua le roi. Ce serait faire offense à nous-même que de rapporter d'aussi ignominieux propos. » Il accepta la coupe qu'on lui tendait et la vida d'un trait. « L'abbé de Cîteaux permet en substance à vous et douze hommes de votre choix de quitter le château cette nuit même, sains et saufs, avec ce qu'il vous plaira d'emporter. »
    Alaïs vit Raymond-Roger serrer les poings.
    « Qu'en sera-t-il de Carcassona ?
    — La Ciutat et tout ce qu'elle recèle en biens et personnes passent entre les mains de l'host. Après le sac de Besièrs, les barons français espèrent leur récompense. »
    Le silence tomba à l'issue de ces mots. Puis, tout d'un coup, Trencavel donna libre cours à sa fureur et lança sa coupe contre le mur.
    « Comment ose-t-il nous faire proposition aussi insultante ? rugit-il. Comment ose-t-il offenser notre honneur et notre fierté ! Je n'abandonnerai pas un seul de mes sujets aux mains de ces chacals !
    — Messire… », murmura Pelletier.
    Trencavel restait debout, mains sur les hanches, haletant, attendant que sa rage se fût dissipée. Il s'adressa enfin au roi :
    « Je vous suis reconnaissant, sire, pour vos bons offices et pour avoir intercédé en notre faveur. Cependant, si vous ne voulez ou ne pouvez combattre à nos côtés, mieux vaut alors nous séparer et commencer à départir. »
    Pierre II opina du chef, sachant qu'il n'y avait rien à ajouter.
    « Puisse Dieu être avec vous, conclut-il tristement.
    — Je pense qu'Il l'est », répondit le vicomte avec un air de défi.
    Alors que les deux hommes raccompagnaient le roi jusqu'à son équipage, Alaïs en profita pour s'éclipser.
     
    Les fêtes de l'Assomption se passèrent sans incident notoire, les camps adverses n'ayant accompli, de part et d'autre, que peu de progrès. Trencavel continua de faire pleuvoir sur l'occupant flèches et projectiles, cependant que les perrières poursuivaient leur œuvre de sape contre les murs de la Cité. Des hommes tombaient des deux côtés sans que terrain fût gagné ou perdu.
    Les plaines ressemblaient à un charnier. Les corps, boursouflés par la canicule, pourrissaient sur place, dont se repaissaient faucons, milans et corbeaux qui planaient sans cesse au-dessus du champ de bataille pour ne laisser que des os blanchissant au soleil.
    Le vendredi du sept août, les croisés lancèrent une attaque contre le bourg Sant-Miquel. Ils parvinrent un moment à investir les fossés en contrebas des murs, mais une grêle de flèches et de pierres s'abattit sur eux. Après maintes heures de piétinement, les Français se retirèrent sous les quolibets nourris et les cris de triomphe des Carcassonnais.
     
    Le lendemain, à l'aube, alors que le monde frémissait dans les lueurs matutinales argentées, et qu'un léger brouillard flottait au-dessus des coteaux où se tenaient plus d'un millier de croisés, une nouvelle attaque fut lancée contre Sant-Miquel.
    Heaumes et boucliers, piques et épées, regards, tout étincelait dans le pâle soleil. Chaque homme portait une croix, blanche aux couleurs de Nevers, Bourgogne, Chartres et Champagne.
    Trencavel en personne avait pris position pour épauler les siens, afin de repousser l'attaque.
    Archers et dardasiers 1 s'apprêtaient, armes à la main. En contrebas, hommes de pié portant haches, piques et épées avaient pris position, au cas où l'ennemi ferait une percée, et au-delà, à l'abri des murs de la Cité, se tenaient les chevaliers attendant que l'ordre de charger leur fût donné.
    Au loin, les sinistres battements des tambours français résonnèrent. Les épieux se mirent à frapper le sol en cadence, leur bruit sourd et saccadé se répercutant sur la campagne en sursis.
    Voilà, c'est commencé.
    Alaïs se tenait près de son père, son attention partagée entre son époux et la multitude des croisés dévalant des collines.
    Sitôt l'host à portée de flèches, Trencavel donna le signal et une volée de projectiles

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