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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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regardaient passer d'un œil vide et désespéré.
    Sur le parvis de Sant-Nasari, une presse inaccoutumée l'incita à lancer un coup d'œil par-dessus son épaule pour s'assurer que personne ne la suivait. Elle se glissa à l'intérieur de la cathédrale. Des gens dormaient dans la nef. Tout à leur détresse, ils ne prêtèrent guère attention à elle.
    Des chandelles brûlaient sur l'autel. Alaïs franchit le transept nord et se hâta vers la chapelle peu fréquentée où son père l'avait récemment emmenée. Des souris coururent se réfugier dans leur trou, raclant les dalles de leurs ongles. Alaïs s'agenouilla ainsi que le lui avait montré son père et glissa la main derrière l'autel. Une araignée, dérangée, jaillit sur sa peau puis disparut. Elle tâtonna.
    Il y eut un déclic, Alaïs descella le moellon qu'elle repoussa sur le côté pour libérer une cavité. Elle y trouva la longue et mince clé que l'absence d'usage avait ternie et la glissa dans la serrure d'une porte lattée. Les gonds gémirent tandis que le bois raclait douloureusement le sol.
    À cet instant, Alaïs ressentait pleinement la présence de son père. Elle se mordit la lèvre pour ne pas fondre en larmes.
    C'est tout ce que tu peux faire pour lui, maintenant.
    Elle s'empara du coffret qui s'y trouvait comme il le lui avait montré. Pas plus grand qu'une cassette à bijoux, il n'avait pour tout ornement qu'un fermoir. En soulevant le couvercle, elle découvrit le manuscrit, rangé dans sa peau de mouton. Elle soupira, soulagée, ne comprenant que maintenant à quel point elle avait redouté que sa sœur ne l'eût précédée.
    Consciente du peu de temps dont elle disposait, elle dissimula rapidement l'ouvrage sous sa robe et remit tout le reste exactement à la même place. Si Oriane ou Guilhem connaissaient la cachette, au moins l'idée que le manuscrit s'y trouvait encore les retarderait.
    Elle retraversa la cathédrale en courant, le visage dissimulé sous sa capuche, puis se perdit dans la foule des malheureux disséminés sur la place. La maladie à laquelle son père avait succombé semblait se propager rapidement. Les ruelles n'étaient plus qu'un amoncellement de carcasses en putréfaction – moutons, chèvres, et parfois des bovins, leurs corps boursouflés dégageant un gaz méphitique dans l'air déjà fétide.
     
    À peine Alaïs eut-elle conscience de se diriger vers la demeure d'Esclarmonde. Elle n'avait guère plus d'espoir de la trouver aujourd'hui que les jours précédents, sauf qu'elle ne pouvait imaginer d'autre refuge.
    La plupart des maisons des quartiers sud étaient closes et condamnées, et celle d'Esclarmonde aussi. Alaïs frappa à sa porte.
    « Esclarmonde ? »
    Elle recommença, tenta de l'ouvrir, mais elle était verrouillée.
    « Sajhë ? »
    Cette fois elle entendit un bruit de pas, puis celui d'une bobinette qui choit.
    « Dame Alaïs ?
    — Sajhë, grâce au Ciel. Vite, laisse-moi entrer. »
    L'huis ne s'ouvrit que le temps de la laisser se glisser à l'intérieur.
    « Qu'étiez-vous devenus ? demanda-t-elle en l'étreignant entre ses bras. Que s'est-il passé ? Où est Esclarmonde ? »
    L'enfant glissa sa main dans celle d'Alaïs.
    « Venez avec moi. »
    Soulevant un rideau, il l'entraîna vers une chambre à l'arrière de la maison. Une trappe était ouverte dans le plancher.
    « Êtes-vous restés tout ce temps dans cette cave ? s'enquit-elle en scrutant les ténèbres entourant le bas de l'échelle où brûlait une calèlh . Ma sœur serait-elle revenue…
    — Ce n'était point elle, répondit Sajhë d'une voix tremblante. Hâtez-vous, dame. »
    Alaïs descendit la première, pendant qu'à sa suite, le garçon refermait la trappe par-dessus leur tête.
    « Par ici », dit-il en sautant lestement sur le sol.
    Il la conduisit à travers un tunnel humide jusqu'à une cavité, puis leva la lampe afin qu'Alaïs pût voir Esclarmonde gisant inanimée sur un empilement de peaux et de couvertures.
    « Non ! » hoqueta-t-elle en se précipitant à son chevet.
    La gardienne avait la tête et une partie du visage bandées. Soulevant un coin de pansement, Alaïs se plaqua la main sur la bouche pour ne pas crier. L'œil gauche n'était plus qu'une masse sanguinolente. La compresse qui recouvrait la blessure ne dissimulait pas la flaccidité des chairs autour de l'orbite fracturée.
    « Pouvez-vous l'aider ? » demanda Sajhë.
    Alaïs souleva la couverture et en eut l'estomac

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