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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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chaviré. Des traces de brûlures striaient la poitrine d'Escarmonde, lui laissant des boursouflures jaunes et noires là où la flamme avait été maintenue.
    « Esclarmonde, c'est moi, Alaïs, m'entendez-vous ? murmura-t-elle, penchée sur la blessée. Qui vous a fait cela ? »
    Elle crut percevoir un mouvement sur le visage de la femme dont les lèvres bougèrent imperceptiblement. Elle s'adressa à Sajhë :
    « Comment l'as-tu descendue jusqu'ici ?
    — Gaston et son frère m'ont prêté la main.
    — Que s'est-il passé ? » s'enquit-elle en revenant à la blessée.
    Le garçon exprima son ignorance en secouant la tête.
    — N'a-t-elle rien dit ?
    — Elle… » L'enfant parut sur le point de perdre le contrôle de ses émotions. « Elle ne peut parler… Sa langue… »
    Alaïs blêmit.
    « Non… » murmura-t-elle, horrifiée, puis, raffermissant sa voix : « Raconte-moi tout ce que tu sais. »
    Pour le bien d'Esclarmonde, ils devaient se montrer forts.
    « En apprenant la chute de Besièrs, menina s'est inquiétée de ce que l'intendant Pelletier pourrait changer d'idée à propos de la trilogie et vous interdire de l'apporter à Harif comme convenu.
    — Elle était dans le vrai, grimaça Alaïs.
    — Menina pensait aussi que vous tenteriez de le convaincre, tout en sachant que Siméon était la seule personne dont l'intendant accepterait le conseil. Je voulus l'en empêcher, mais elle a tenu quand même à se rendre dans le quartier juif. Je l'y ai suivie de loin pour ne pas me faire repérer, et, en arrivant dans les bois, j'ai perdu sa trace. J'étais très effrayé. J'ai attendu jusqu'au crépuscule puis, comme je craignais qu'elle s'en retournât et qu'elle se rendît compte que je lui avais désobéi, j'ai regagné notre demeure. C'est là que… » Il s'interrompit, le regard brûlant dans son petit visage pâle. « J'ai tout de suite su que c'était elle. Elle s'était effondrée, non loin des portes. Ses pieds saignaient comme si elle avait parcouru un long chemin. J'ai songé à venir vous chercher, dame, mais je n'ai point osé. Avec l'aide de Gaston, je l'ai conduite céans. J'ai tenté de me rappeler comment elle agirait à ma place, de quels onguents elle aurait fait usage. J'ai agi au mieux, conclut-il avec un haussement d'épaules.
    — Et tu as très bien agi, répondit résolument Alaïs. Esclarmonde sera fière de toi. »
    Un mouvement de la blessée les incita à se retourner d'un même élan.
    « Esclarmonde, m'entendez-vous ? Nous sommes près de vous. Vous êtes en sûreté, à présent.
    — Elle essaie de dire quelque chose. »
    Alaïs la regardait agiter fébrilement les mains.
    « Je crois qu'elle veut écrire. »
    Avec l'aide de son petit-fils, l'aïeule parvint à griffonner un mot.
    « Elle a écrit François , je pense, se rembrunit Alaïs.
    — Qu'est-ce à dire ?
    — Je ne sais. Peut-être est-il en mesure de nous venir en aide. Entends-moi bien, Sajhë : j'ai de mauvaises nouvelles. Siméon est probablement décédé. Mon père… est mort, lui aussi. »
    Le garçon lui prit la main. Alaïs trouva le geste si attentionné que des larmes lui vinrent aux yeux.
    « J'en suis marri… »
    Alaïs se mordit la lèvre pour mettre la bride à ses larmes.
    « Aussi, pour l'amour de lui, de Siméon et d'Esclarmonde, je me dois de tenir parole et tenter de rejoindre Harif. Je n'ai… Je déplore seulement n'avoir que le Livre des mots  ; le Livre des nombres que nous a remis Siméon a disparu.
    — L'intendant Pelletier vous l'avait pourtant confié.
    — Ma sœur s'en est emparée. Car mon époux l'a laissée entrer dans ma chambre. Il… lui a donné son cœur, et je ne puis plus avant lui accorder ma fiance, Sajhë. Voilà pourquoi il m'est impossible de regagner le château. Mon père trépassé, rien ne saurait les arrêter. »
    Sajhë posa les yeux sur sa grand-mère, puis revint sur Alaïs.
    « Survivra-t-elle ? s'enquit-il d'un ton posé.
    — Ses blessures sont graves, Sajhë. Elle a perdu l'œil gauche, mais je n'ai point décelé d'infection. C'est un esprit fort. Elle guérira si elle en décide ainsi. »
    L'enfant acquiesça avec la gravité d'un adulte.
    « Avec ta permission, j'emporterai avec moi le manuscrit qui a été confié à ta grand-mère, Sajhë. »
    Ce dernier la regarda un instant comme s'il allait enfin céder à ses larmes.
    « Ce livre-là est aussi perdu, dit-il enfin.
    — Oh, non ! Comment ?
    — Ceux qui…

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