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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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et de perdre un temps précieux.
    — Si tel était le cas, vous ne sauriez que partie de ce que j'entends vous révéler, rétorqua-t-elle avec toute l'assurance dont elle était capable. Vous vous êtes grandement investi dans la recherche de la trilogie du labyrinthe. Je suis en mesure de vous apporter ce que vous désirez. »
    Évreux la fixa de son regard ardoise, puis se résolut à baisser le bras.
    « Vous avez grand courage, dame Oriane, je vous le concède. Pour ce qui est de la sagesse, cela reste à démontrer. »
    Sur un claquement de ses doigts, un serviteur vint apporter du vin. Oriane se sentait toutefois trop tremblante pour en accepter une coupe.
    « Non, grand merci à vous, monseigneur.
    — À votre guise, lâcha-t-il en l'invitant d'un geste à s'asseoir. Alors, que voulez-vous, madame ?
    — Si je vous délivrais ce que vous recherchez, je souhaiterais que vous m'emmeniez vers le Nord, au moment où vous départirez. »
    À la mine d'Évreux, Oriane eut plaisir à constater qu'elle était finalement parvenue à le surprendre.
    « En tant qu'épouse, poursuivit-elle.
    — Vous avez jà un époux, objecta le comte en cherchant un assentiment dans le regard de François. Le scribe du vicomte, m'a-t-on dit. N'est-ce point le cas ?
    — À mon grand regret, mon époux est décédé, écrasé par un pan de mur en œuvrant à ses tâches, déclara-t-elle sans un battement de paupières.
    — Acceptez mes condoléances, dit Évreux en joignant les doigts en ogive. Ce siège peut durer des années, qu'est-ce qui vous assure que je regagnerai le Nord ?
    — Ma conviction, seigneur d'Évreux, répliqua Oriane en pesant bien ses mots, est que votre présence en ces lieux ne le doit qu'à un seul et unique propos. Si, avec mon aide, vous concluez vos affaires dans le Sud promptement, je ne vois point de raison qui vous contraigne à y rester au-delà des quarante jours. »
    Évreux produisit une ébauche de sourire.
    « Vous n'avez donc point foi en votre seigneur Trencavel et son pouvoir de persuasion ?
    — Sauf votre respect et celui de tous ceux qui marchent sous votre bannière, monseigneur, je ne pense point que le très révéré abbé de Cîteaux entende conclure l'engagement en cours par des voies diplomatiques. »
    Oriane retenait son souffle, alors qu'Évreux continuait de l'observer intensément.
    « Vous jouez fort bien votre main, fit-il en lui tendant une coupe qu'elle accepta enfin.
    — Je voudrais formuler une dernière requête, monseigneur, demanda-t-elle. Parmi l'équipage du vicomte Trencavel se trouve un chevalier du nom de Guilhem du Mas qui n'est autre que l'époux de ma sœur. Il serait avisé, si cela est en votre pouvoir, de prendre des mesures pour contenir son influence.
    — Définitivement ? »
    Oriane hocha la tête.
    « Il pourrait contrecarrer la bonne marche de nos plans, aussi serait-il bon de mettre la bride à son emprise. Il a la faveur du vicomte, et mon père décédé… »
    Évreux acquiesça et, d'un signe, dépêcha François.
    « À présent, dame Oriane, reprit-il sitôt qu'ils furent seuls. Plus de faux-fuyants, et dites-moi ce que vous avez à offrir. »

62
    « Alaïs ! Alaïs ! Éveillez-vous ! »
    Quelqu'un lui secouait l'épaule. Ce n'était pas de son goût car elle était assise au bord de la rivière, dans la lumière sereine et tachetée de sa clairière. L'eau fraîche lui chatouillait la plante des pieds, et le délicat toucher du soleil lui caressait la joue. Elle avait sur la langue le goût puissant et corsé du vin de Corbières et dans le nez l'arôme enivrant du pain chaud qu'elle portait à sa bouche.
    Derrière elle, Guilhem était paresseusement endormi dans l'herbe.
    La terre était verte, le ciel bleu.
    Elle s'éveilla en sursaut pour se retrouver encore dans la pénombre humide des tunnels. Sajhë la regardait du haut de ses onze ans.
    « Il faut vous lever, dame. »
    Alaïs s'assit hâtivement.
    « Que s'est-il passé ? Esclarmonde est-elle bien allante ?
    — Le vicomte Trencavel a été pris.
    — Pris ? reprit-elle, abasourdie. Pris où et par qui ?
    — L'on parle de trahison. Certains affirment que les Français l'ont attiré dans leur camp ; d'autres qu'il s'est livré afin d'épargner la Ciutat . Et… »
    Sajhë se tut. Malgré l'obscurité, Alaïs le vit rougir.
    « Qu'y a-t-il ?
    — L'on dit aussi que dame Oriane et le chevalier du Mas faisaient partie de la délégation. Eux non plus ne

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