Labyrinthe
attendait la suite.
« Non, c'est fini, poursuivit le divisionnaire en termes sibyllins. D'après ce que nous en savons, Mme Giraud pourrait en faire une montagne.
— En effet, monsieur. Cependant, je dois reconnaître que je suis incapable de localiser Baillard. Personne ne l'a revu depuis son départ en compagnie de Mme Giraud, vendredi soir.
— Je vous rappellerai dès que les documents seront prêts. Serez-vous à votre bureau ?
— À vrai dire, monsieur, j'avais l'intention de revoir la jeune Anglaise. C'est une amie d'O'Donnell, elle sait peut-être quelque chose, avança prudemment Noubel.
— Je tâcherai de vous joindre. »
Sitôt son supérieur parti, Noubel effectua quelques appels puis, attrapant son veston, gagna sa voiture. D'après ses calculs, il avait largement le temps de faire l'aller-retour jusqu'à Carcassonne avant que l'accord du préfet atterrît sur son bureau.
Aux environs de quatre heures et demie, Noubel avait retrouvé son homologue de Carcassonne. Arnaud Moureau étant un ami de longue date, Noubel pouvait parler librement. Il lui fit passer un morceau de papier par-dessus son bureau.
« Le docteur Tanner m'a dit que c'est là qu'elle séjour-nerait. »
Deux minutes suffirent pour s'en assurer
« Un charmant hôtel, juste de l'autre côté des murs de la Cité, à moins de cinq minutes de la rue de la Gaffe. Je te conduis ? »
Alors que les deux policiers l'interrogeaient, la réceptionniste était sur des charbons ardents. Le plus souvent au bord des larmes, elle se révéla un piètre témoin. Noubel était près de perdre patience quand Moureau décida d'intervenir : ses relations avunculaires avec la jeune femme donneraient de meilleurs résultats.
« Alors, Sylvie, commença-t-il gentiment. Le docteur Tanner a quitté l'hôtel hier matin en disant qu'elle serait de retour aujourd'hui, c'est bien cela ? Je veux simplement que ce soit bien clair.
— Oui.
— Et depuis, il n'y a eu aucun démenti ? Elle n'a pas téléphoné ou laissé de message… »
La jeune fille secoua la tête.
« Bien. À présent, aurais-tu quelque chose à dire à son sujet ? Aurait-elle reçu, par exemple de la visite, durant son séjour à l'hôtel ? »
La réceptionniste parut hésiter.
« Hier, tôt dans la matinée, une femme est venue lui apporter un message. »
Noubel ne put s'empêcher d'intervenir :
« Quelle heure était-il ? »
Moureau eut un geste pour l'exhorter au calme.
« Que veux-tu dire par tôt , Sylvie ?
— J'ai pris mon service à six heures. Ça s'est passé peu après.
— Le docteur Tanner la connaissait-elle ? Était-ce une amie ?
— Je ne sais pas ; je ne le pense pas, répondit la jeune fille, apparemment étonnée.
— Cela nous aide beaucoup, Sylvie, insista Moureau. Qu'est-ce qui te le fait penser ?
— Elle a demandé au docteur Tanner de retrouver quelqu'un au cimetière. Ça m'a paru bizarre comme endroit pour une rencontre.
— Qui ? intervint encore Noubel. L'avez-vous entendue dire un nom ? »
De plus en plus affolée, Sylve secoua la tête.
« Je ne sais même pas si elle y est allée.
— Très bien. Vous nous aidez beaucoup. Pouvez-vous me dire autre chose ?
— Elle a reçu une lettre.
— Par la poste ou est-ce qu'on la lui a remise en mains propres ?
— Il y a eu cette histoire quand elle a voulu changer de chambre », lança une voix émanant de l'office.
Sylvie se retourna et foudroya du regard un garçon caché derrière une pile de cartons.
« De quoi tu te mêles, toi ! »
— De quoi s'agit-il ? l'interrompit Noubel.
— Je n'étais pas là, déclara Sylvie d'un air buté.
— Vous savez ce qui s'est passé ?
— Le docteur Tanner a affirmé qu'un intrus était entré dans sa chambre. Vendredi soir. Elle a aussitôt demandé d'en changer. »
Noubel se raidit et alla immédiatement à l'office.
« Ça a dû déranger pas mal de gens », dit Moureau, histoire d'occuper Sylvie.
Suivant les odeurs de cuisine, Noubel ne tarda pas à retrouver le propriétaire de la voix.
« Vous étiez ici, vendredi soir ?
— Je travaillais au bar, expliqua le jeune homme avec un sourire malicieux.
— Vous avez vu quelque chose ?
— Une femme qui sortait par la porte arrière en poursuivant un mec. Je n'ai su qu'après que c'était le docteur Tanner.
— Et ce mec, vous l'avez aperçu ?
— Pas vraiment. C'est surtout elle que j'ai remarquée. »
Noubel tira les photos qu'il
Weitere Kostenlose Bücher