Labyrinthe
ordonna-t-elle d'un ton glacial. Ensuite vérifiez où en est la voiture. »
Il réapparut quelques instants plus tard, le vanity-case de sa mère à la main.
« Où voulez-vous que je le pose ?
— Là-bas », dit-elle en désignant la coiffeuse.
Son fils reparti, elle alla s'y asseoir. Sa mallette à maquillage était en cuir brun, incrusté de ses initiales en or. C'était un présent que lui avait fait jadis son grand-père.
Outre un grand miroir, il y avait de nombreuses poches pour ses brosses, des ustensiles de beauté, des cotons démaquillants et de petits ciseaux dorés. Rouges à lèvres, ombres à paupières, mascaras, crayons et poudres se trouvaient sur le dessus, parfaitement alignés. Tout au fond, un compartiment contenait les trois écrins.
« Où sont-ils ? s'enquit-elle sans se retourner.
— Pas très loin, répondit François-Baptiste d'une voix tendue.
— Est-ce que Will va bien ? »
Il alla vers la coiffeuse pour poser les mains sur les épaules de sa mère.
« Est-ce si important à vos yeux, maman ?
— Non », répliqua-t-elle, voyant son fils se décrisper un peu, elle ajouta : « Ça m'intéresse, voilà tout. »
Après une légère pression, il retira ses mains.
« Pour répondre à votre question, il est en vie. Il a causé quelques ennuis quand on l'a sorti. On a dû le tranquilliser. »
Marie-Cécile haussa les sourcils.
« Pas trop, j'espère. Inconscient, il ne m'est d'aucune utilité.
— Il ne m'est ? » la reprit-il froidement.
Marie-Cécile se mordit la langue. Elle voulait son fils de bonne humeur.
« Ne nous est », rectifia-t-elle.
69
Quand Baillard réapparut, quelques heures plus tard, Alice somnolait à l'ombre des arbres.
« Je nous ai préparé un repas », annonça-t-il.
Visiblement, dormir lui avait fait beaucoup de bien. Son visage avait perdu son teint cireux, et ses yeux retrouvé leur éclat.
Rassemblant ses affaires, Alice le suivit à l'intérieur. Fromage de chèvre, olives, tomates, pêches et un pichet de vin garnissaient la table.
« Je vous en prie, servez-vous. »
À peine furent-ils assis qu'Alice se lança dans les questions qui lui revenaient sans cesse à l'esprit. Elle remarqua la frugalité de Baillard, qui, en revanche, se servait fréquemment de vin.
« Alaïs a-t-elle essayé de retrouver les livres que sa sœur et son mari lui avaient dérobés ?
— L'intention d'Harif était de réunir la trilogie du labyrinthe, sitôt que les premières menaces de guerre s'étendraient sur le pays d'oc. À cause d'Oriane, la tête d'Alaïs était mise à prix et, partant, il lui était difficile de voyager. Les rares fois où elle quitta le village, ce fut sous le couvert d'un déguisement. C'eût été une folie d'aller vers le Nord. Sajhë élabora différents plans pour se rendre à Chartres, aussi peu concluants les uns que les autres.
— Pour Alaïs ?
— Pour partie, mais aussi pour la sécurité d'Esclarmonde, sa grand-mère. Il se sentait des responsabilités envers la Noublesso de los Seres , tout comme Alaïs eu égard aux manquements de son père.
— Qu'est-il arrivé à Esclarmonde ?
— De nombreux Bons Homes fuirent vers le nord de l'Italie, mais Esclarmonde n'aurait pu supporter un tel voyage. C'est pourquoi Gaston et son frère la confièrent à une petite communauté de Navarre, où elle demeura jusqu'à sa mort, quelques années plus tard. Sajhë lui rendait visite aussi souvent qu'il le pouvait. Ce fut une grande tristesse pour Alaïs que de ne jamais la revoir.
— Et Oriane ? Alaïs a-t-elle eu de ses nouvelles ?
— Très peu, en vérité. Plus digne d'intérêt était le labyrinthe qui s'était construit à la cathédrale Notre-Dame de Chartres. Nul ne savait sous quelle autorité il avait été conçu ni le dessein qu'il voulait servir. Ce fut une des raisons pour lesquelles Évreux et Oriane décidèrent de s'installer à Chartres, au lieu de remonter plus au nord.
— En outre, c'est là que les trois livres avaient été élaborés.
— En réalité, ce labyrinthe fut conçu pour détourner l'attention de celui qui se trouvait au sud, dans la grotte.
— Je l'ai vu hier », déclara Alice.
Était-ce seulement hier ?
« Je n'ai rien ressenti, expliqua-t-elle. Il est très beau, très impressionnant, sans plus. »
Audric acquiesça.
« Oriane obtint ce qu'elle voulait. Guy d'Évreux la prit pour épouse, moyennant quoi, elle lui remit le Livre des
Weitere Kostenlose Bücher