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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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poste Art déco, au centre médiéval de Foix bien plus pittoresque, que se partageaient terrasses de cafés et boutiques d'antiquités.
    Alice regarda à gauche puis à droite, mais personne ne l'attendait apparemment. À cette heure, les magasins étaient fermés et rares les voitures circulant encore dans les rues.
    Désorientée, elle s'apprêtait à rentrer quand un homme apparut d'une porte cochère. Âgé d'à peine plus de vingt ans, il portait un costume d'été un peu trop grand pour lui. Sous les cheveux bruns et courts, de grosses lunettes noires dissimulaient ses yeux. Sa main tenait une cigarette.
    « Docteur Tanner…
    — Oui, fit-elle prudemment. Vous me cherchez ? »
    L'homme fouilla dans la poche intérieure de sa veste.
    « Pour vous. Tenez », dit-il en lui tendant une enveloppe.
    Le jeune homme gardait les yeux rivés sur elle, manifestement inquiet que quelqu'un pût les apercevoir. Alice reconnut en un éclair le policier en uniforme qui accompagnait l'inspecteur Noubel.
    « Je vous ai déjà rencontré, non ? Au pic de Soularac.
    — S'il vous plaît, prenez ceci, la pressa-t-il en anglais.
    — Vous étiez avec le capitaine Noubel ? » insista-t-elle.
    Des gouttelettes de sueur perlaient au front du policier. Quelle ne fut pas la surprise d'Alice quand il lui saisit le poignet et la força à saisir l'enveloppe.
    « Hé ! s'insurgea-t-elle. Qu'est-ce que ça veut dire ? »
    Mais l'homme avait déjà disparu, avalé par une des nombreuses ruelles qui conduisaient au château.
    Alice resta un moment immobile, à contempler l'espace vide de la rue, hésitant à se lancer aux trousses du policier. Mais elle se ravisa. Pour être tout à fait franche, il l'avait effrayée. Elle contempla l'enveloppe comme si elle allait lui sauter des mains puis, après une longue inspiration, la décacheta. Elle contenait une feuille de papier à lettres bon marché avec un simple «  APPELEZ  » griffonné en lettres capitales. En dessous, un numéro de téléphone : 02 68 72 31 26.
    Alice fronça les sourcils : ce n'était pas un numéro de téléphone local. Le code régional de l'Ariège étant 05 et non 02.
    Elle retourna brièvement la feuille au cas où s'y serait trouvée une autre indication. Rien. Tentée de s'en débarrasser, elle se dit qu'elle ne perdait rien à la garder pour l'instant. L'ayant glissée dans sa poche, elle alla ajouter l'enveloppe aux papiers gras d'une boîte à ordures, puis regagna l'hôtel, plus perplexe que jamais.
    Elle ne prêta pas attention à l'homme qui sortait du café, de l'autre côté de la rue. Au moment où il récupéra l'enveloppe, elle avait déjà regagné sa chambre.
     
    Ivre d'adrénaline, le policier Biau interrompit sa course et reprit, haletant, son souffle, les mains appuyées sur ses genoux.
    Très au-dessus de lui, culminait le célèbre château de Foix dominant la ville du haut de son rocher depuis plus d'un millier d'années. C'était le dernier symbole de l'indépendance du pays d'oc, seule forteresse n'ayant pas succombé à la croisade contre le Languedoc, inexpugnable refuge pour les cathares et les combattants de la liberté venus des plaines et des cités.
    Yves Biau n'ignorait pas qu'on l'avait suivi. Qui qu'ils pussent être, ils ne s'en étaient pas cachés. Il porta machinalement la main au baudrier pendu à son aisselle. Au moins s'était-il diligemment acquitté de la tâche que Shelagh lui avait confiée. Il pouvait dès à présent gagner la frontière andorrane ; avant que sa disparition ne fût éventée, il serait en sécurité. Car tenter d'interrompre des événements qu'il avait contribué à mettre en marche serait vain. Il avait exécuté tout ce qui lui avait été commandé, sauf qu'elle revenait à la charge, comme si, quoi qu'il fît, ce n'était jamais assez.
    Il avait expédié l'objet à sa grand-mère par le dernier courrier. Elle saurait qu'en faire. C'était l'unique chose à laquelle il pouvait penser pour justifier ses actes.
    Biau scruta les extrémités de la rue. Personne en vue.
    Il sortit de la pénombre et reprit sa marche vers son domicile en suivant un trajet inhabituel, au cas où quelqu'un l'y attendrait. En venant de cette direction-là, il aurait une chance de voir avant d'être vu.
    Alors qu'il traversait le marché couvert de la place Saint-Volusien, son subconscient enregistra, sans y prêter vraiment attention, la présence d'une Mercedes gris métallisé. Il n'entendit pas le

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