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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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Elle avait rêvé qu'Esclarmonde était à son chevet, une main posée sur son front pour en chasser la fièvre.
    La paupière frémissante, elle ouvrit les yeux et reconnut aussitôt son ciel de lit, les baldaquins indigo entre lesquels se glissaient des lueurs crépusculaires mordorées. Bien que suffocant, l'air était chargé des promesses rafraîchissantes de la nuit. Alaïs capta les émanations douceâtres de romarin et de lavande se consumant lentement dans le brûleur.
    Des voix de femmes graves et éraillées lui parvenaient de l'intérieur de la chambre, à peine plus qu'un murmure, afin, sans doute, de ne pas l'éveiller. Certains mots sifflaient comme une goutte de graisse tombée dans un feu. Alaïs tourna lentement la tête et, prêtant l'oreille, reconnut les inflexions d'Alziette, épouse peu amène du maître palefrenier, ainsi que celle de Ranier, colporteuse de ragots efflanquée et rancunière, affligée d'un époux de la même farine. Fauteuses de troubles notoires, elles étaient accroupies près de l'âtre, pareilles à deux corbeaux. Oriane les chargeait parfois de quelques emplettes, mais étant donné la méfiance qu'elle nourrissait à leur endroit, Alaïs s'interrogeait sur leur présence dans sa chambre, a fortiori quand l'intendant leur en avait interdit l'accès.
    Puis elle se souvint du départ de son père pour Saint-Gilles ou Montpellier, elle ne savait plus. Et de celui de Guilhem avec lui.
    « Alors, où qu'y étaient ? persiflait Ranier, avide de commérages.
    — Dans le verger, cachés sous les saules, près du ruisseau, expliquait Alziette. Même que c'est l'aînée de Mazelle qui les a vus. Fourbe comme elle l'est, elle a couru aussitôt le rapporter à sa mère. Après, Mazelle est sortie dans la cour en gesticulant, comme quoi c'était vergogne, et soi-disant qu'elle voulait point être de celles à m'apprendre la nouvelle.
    — C'est qu'elle a toujours été jalouse de votre fille, è . Ses filles à elle, sont grasses comme des gorets et toutes ballonnées, en plus. C'est rien que des rustaudes, toutes autant qu'elles sont. » Ranier se rapprocha pour entendre la suite : « Alors, vous avez fait quoi, après ça ?
    — Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre que d'aller y voir moi-même ? À peine descendue que je les ai aperçus. Faut dire qu'y faisaient rien pour se cacher, ces chenapans. J'ai attrapé le Raoul par les cheveux – c'est qu'y a une sacrée tignasse, le bougre – et je lui ai frotté les oreilles. Fallait le voir retenir ses braies, et rouge comme une pivoine, tellement quinaud qu'y était. Mais le temps que je me retourne vers la Jeannette pour lui chanter pouilles, y m'a glissé entre les doigts et décampé sans demander son reste.
    — Allons donc !
    — Comme je vous le dis. Pendant ce temps, la Jeannette criait comme un goret en m'expliquant que le Raoul était entiché d'elle et qu'y voulait soi-disant la marier. À l'ouïr, on aurait cru qu'y avait point de fille avant elle pour se faire conter des bourdes.
    — Mais peut-être que le Raoul, y a des intentions hon-nêtes, après tout…
    — Y est point en situation de se marier, renâcla Alziette. Y a cinq frères plus âgés que lui, et rien que deux qui ont pris femme. Leur père passe son temps au cabaret. Chaque sol qu'y gagne va dret dans l'escarcelle de Gaston. »
    Alaïs voulut se clore à ces commérages bassement terre à terre. On aurait cru des vautours se disputant une charogne.
    « Mais alors, c'est bon heur, que les choses se soient passées comme ça. Si vous étiez point descendu là-bas, vous auriez point trouvé dame Alaïs. »
    La jeune femme se tendit, sentant les regards des deux femmes converger sur son lit.
    « Ça, c'est bien vrai, acquiesça Alziette. Et je veux croire que je serai bien récompensée quand son père sera de retour. »
     
    Alaïs écouta le caquet des deux femmes, sans rien apprendre de plus. Les ombres s'étiraient, tandis qu'elle sombrait dans le sommeil, s'éveillait, puis se rendormait.
    À un moment donné, une veilleuse, autre servante d'Oriane, vint remplacer Alziette et Ranier. Le bruit de la paillasse qu'elle amenait de sous le lit tira la jeune femme de son sommeil. Elle perçut le bruit mou de son corps s'affalant sur le grabat, et le crissement de la paille au moment où elle s'installa pour la nuit. Quelques instants plus tard, un ronflement nourri entrecoupé de grommellements lui apprit que la femme était endormie.
    Alaïs fut

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