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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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superstitions. Il comprend bien vite que la bête est un homme, un effroyable tueur sadique. Il découvre également l’identité de la personne qui se trouve derrière les machinations visant la baronne.
    Igraine révèle à Druon que sa quête se poursuit à l’est, qu’il doit chercher une pierre rouge et se méfier d’une femme très belle.
    Le meurtrier arrêté par Béatrice et Léon, son homme de confiance, la paix revenue dans ce petit coin de terre, Druon et Huguelin reprennent leur route vers l’est.

III
    Alençon, octobre 1306
    F oulques de Sevrin, évêque d’Alençon, s’étonnait. Depuis quelques instants, il avait le sentiment d’être habité par un autre, un autre qui ne craignait rien alors que lui en était venu à redouter jusqu’à son ombre.
    Quel terrifiant renversement de situation ! Lui, l’homme d’Église, si désireux dans sa prime jeunesse de servir son Dieu, avait menti, triché, trahi. Il avait même envoyé au supplice et au bûcher Jehan Fauvel, son ami d’âme, celui sans lequel sa vie ne signifiait plus grand-chose. Le mire prodigieux, l’insolent penseur, l’homme de véritable foi et d’immense érudition avait trépassé après d’affreux tourments. Par la faute de Foulques. À cause de sa lâcheté, de sa couardise. Son âme s’était flétrie, desséchée au point que l’évêque n’était plus certain d’en toujours posséder une. Quel amer et affligeant résultat ! Durant toutes ces années, il s’était aveuglé, bafouant les seuls jolis souvenirs de son existence, se damnant dans l’espoir de fuir le danger. Et voilà que, néanmoins, les mâchoires implacables de l’Inquisition se refermaient peu à peu sur lui. Et voilà qu’Éloi Silage, dominicain 1 dont Foulques était convaincu qu’il espionnait au profit du Vatican, le visitait à nouveau.

    L’évêque s’était pourtant montré convaincant lors de sa convocation en la maison de l’Inquisition d’Alençon, quelques semaines auparavant. Il avait feint de ne pas y déceler de menace. Une menace pourtant évidente, Silage ayant réuni pour cette « causerie » quatre frères d’ordre et un franciscain. En outre, il n’avait à coup sûr pas choisi par aisance ni hasard la grande salle sinistre d’interrogatoire dans laquelle les interminables tortures de tant d’hommes et de femmes avaient été ordonnées. Silage voulait donner à Foulques le goût de la peur afin de le conduire aux confidences. Une erreur de finesse et de jugement, tant Foulques de Sevrin connaissait chaque nuance de la peur. Elle rampait sous sa peau depuis si longtemps qu’elle était devenue la monstrueuse jumelle de son sang. L’évêque avait donc menti avec une facilité qui l’avait lui-même dérouté. Il avait répété d’un ton un peu étonné, un peu désolé, avoir perdu de vue depuis des années son vieil ami Jehan Fauvel, affirmant que celui-ci n’avait jamais mentionné une « quête », quelle qu’elle fût. Fauvel se révélant un passionné de médecine, était-ce la « quête » que mentionnaient ses bons frères ? Il avait évité leurs pièges, répondant avec une sorte de lassitude courtoise qui le stupéfiait encore aujourd’hui. Que croyaient-ils, ces pauvres benêts ? Qu’un évêque aussi retors que lui n’était pas au fait des ruses et chausse-trapes de l’Inquisition* ?

    Il jeta un regard amène au dominicain installé de l’autre côté de son luxueux bureau. Celui-ci reposa son gobelet d’infusion de thym et de verveine, avant de reprendre avec douceur :
    — De grâce, Éminence, pardonnez mon insistance et entendez mon encombre 2 . Vous nous dites et répétez que vos liens avec Fauvel s’étaient si distendus que vous n’aviez plus guère eu de nouvelles de sa fille tant aimée Héluise, que vous considériez auparavant, et je vous cite, « à l’instar d’une filleule 3  ».
    — À la vérité, mon bon frère.
    — Pourtant, qu’ouïs-je ? Que vous dépêchâtes, il y a peu, deux cavaliers à Brévaux afin de vous enquérir d’elle ?
    Foulques de Sevrin lui adressa un regard d’étonnement, comme s’il ne comprenait pas sa question, et déclara d’un ton d’habile incertitude :
    — Certes… Je ne… Héluise a dix-neuf ans. J’en conserve le souvenir d’une donzelle 4 avenante, joliment douée pour la musique, de paisible mais joyeuse disposition. Le décès de son père la rend orpheline. Je suis bien certain, sans réserve, que

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