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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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château ! L’utilisation qu’elle venait de faire d’un temps passé la grisa.
    Un fou rire chahuta dans sa gorge et elle se demanda depuis quand une telle allégresse l’avait habitée. Si longtemps qu’elle en avait perdu le souvenir.
    1 - Sorte de coiffe en forme de tambourin sous laquelle les dames élégantes pinçaient leur voile.
    2 - Épais tissu de laine puis de coton.
    3 - Ajustées.
    4 - Longues bandes de tissu fin qui ornaient les manches juste au-dessus du coude.
    5 - Officier public qui faisait office de notaire dans les juridictions subalternes ou seigneuriales.
    6 - Abréviation de « haut lignage ».
    7 - Ou dards. Arme de main, sorte de javelot empenné.
    8 - Sorte de casque, moins lourd que le heaume.
    9 - Arme terminée d’un fer arrondi en bec, monté sur une hampe d’environ deux mètres. Le fer pouvait aussi être terminé d’un croc de métal.

XXXVI
    Citadelle du Louvre, novembre 1306
    G uillaume de Nogaret pestait depuis deux heures. Les exigences financières de M. de Valois*, qui prenait le Trésor pour un puits sans fond, n’auraient jamais de cesse. Inutile de tenter d’alerter le roi à ce sujet. Il vouait à Charles, son seul frère de plein sang, une tendresse qu’aucune démonstration ne pouvait amoindrir. Nogaret l’avait appris à ses dépens. Philippe était entré dans une fureur meurtrière lorsqu’il avait fait état de larges ponctions en livres, destinées à financer les armées de M. de Valois.
    Nogaret n’aimait pas le frère du roi. Pis, il éprouvait du mépris à son égard, ne supportant pas la médiocrité politique de la part d’un puissant. Les puissants de lignage divin avaient été, à ses yeux, placés sur terre pour régner. Charles pensait qu’il suffisait d’étrangler davantage le peuple pour lui faire cracher plus d’impôts alors que les campagnes étaient déjà exsangues ! L’argent devait tomber du ciel, sans qu’on s’interroge sur sa provenance. Durant ce temps, les grands seigneurs menaient beau train et dilapidaient sans compter l’argent de ceux qui grattaient la terre. Bah ! Du moins Charles était-il fidèle au roi. L’essentiel aux yeux de Nogaret. Un ennemi de moins à surveiller.

XXXVII
    Tiron, novembre 1306
    M aîtresse Borgne était au-delà du réconfort. Au-delà des sanglots, aussi. Avachie sur une chaise, le visage bouffi par les pleurs, elle semblait sans réaction, toute énergie ayant fui de son grand corps. Sans s’adresser à personne, elle répétait d’une voix basse et rauque :
    — J’vas le crever… j’vas le crever. Ordure, pourri, maudit, j’vas t’crever… J’vas t’trouver et j’vas t’crever… Que j’sois damnée si j’me dédis ! J’vas t’crever.
    Druon posa doucement la main sur l’épaule de la femme dévastée et refoula les larmes qui lui montaient aux yeux.
    Elle leva le regard vers lui et il ne fut pas certain qu’elle le voyait. Elle précisa :
    — L’aura un beau cercueil, mon gars. Ça, j’rognerai pas. Pas comme avec feu mon scélérat d’mari qui méritait même pas l’peuplier. Non, j’vas offrir l’plus beau à mon Nicol. Du chêne, du vieux, avec un grand crucifix. (Submergée de chagrin, s’attachant à de menus détails pour ne pas glisser tout à fait, elle souligna en pointant l’index vers un interlocuteur fantôme :) Pas en argent, le crucifix. Ah, j’les connais ces vauriens. Y’en a ben qui s’raient capables de r’tourner la terre à la nuit pour le voler. Faut que mon Nicol monte au paradis avec son crucifix et dans d’beaux vêtements. Ah oui ! Mais, j’vas l’crever, je l’jure sur tous les saints.
    Druon aima le regard de compassion que destinait Louis d’Avre à la femme brisée. D’une voix tremblante, elle précisa dans un mouvement de tête en direction de la cuisine :
    — L’ont ram’né avant que les bêtes le bouffent. L’ont allongé sur la table d’l’office. Mon pauv’ benêt. Si… enfin, ch’ais que c’était pas grand monde, Nicol… contrairement à vous autres seigneurs… mais si vous vouliez bien vous r’cueillir devant sa dépouille, ça m’procurerait un peu d’adoucissement.

    Nicol gisait sur la grande table de l’office qui prolongeait la cuisine. Une bassine de métal, dans laquelle trempaient des pieds de porc, avait été repoussée en bout. L’affection de maîtresse Borgne s’était exprimée dans les deux cierges 1 qui brûlaient de chaque côté de la tête du mort, et

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