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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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le montant avant de les envoyer à la banque. Paige s’est montré négligent. Ses banquiers génois l’ont prié avec courtoisie d’être plus rigoureux à l’avenir.
    — Nous vous sommes reconnaissante, Ursula, dit Élisabeth.
    Nous causions dans une fenêtre en rotonde, au bout d’une galerie située dans les appartements de la reine à Hampton Court. D’autres personnes se trouvaient à proximité, mais ne pouvaient nous entendre. Élisabeth s’était assise sur la banquette, les mains jointes sur son giron. Sa robe élégante, en satin gris tourterelle brodé de noir, était en fait un signe de deuil, car sa chère Lady Jane Seymour s’était éteinte peu auparavant. On lui avait accordé des funérailles nationales. Je regrettais de n’avoir pu y assister, car moi aussi j’avais eu de l’affection pour elle. Mais si, ce jour-là, il n’y avait pas trace de la souveraine malicieuse qui s’était subtilement moquée de Dudley et à laquelle Mew avait présenté sa boîte à musique, ce n’était pas à cause de Lady Jane. Cet air grave et lointain venait de ce qu’Élisabeth avait été une fois encore la cible d’un complot. Toutes ses défenses étaient en place.
    — Nous avons été atterrée par les révélations de Mew, mais aussi immensément reconnaissante que le danger soit passé sans nous avoir touchée. Nous saurons vous récompenser avec générosité, Ursula.
    Une question me tenaillait.
    — Mew a-t-il été… contraint à parler ?
    — Chère et tendre Ursula ! dit la reine. Non, cela n’a pas été nécessaire.
    — Il s’est empressé de révéler tout ce qu’il savait, précisa Cecil, très digne en tenue de cérémonie bleue, avec un amusement sardonique. Et de nous assurer de son mépris pour le Dr Wilkins. Celui-ci, seul, croyait à ce plan. Il était certain que tout complot en faveur de Marie Stuart était conforme à la volonté de Dieu, et donc destiné à réussir. Mew le juge stupide, quoique Wilkins ait fait preuve d’une certaine prudence. Au moment où le plan a été mis en œuvre, il a tenu à ce que tous opèrent leurs achats sous de faux noms. Il comptait aussi passer par des intermédiaires, en prenant lui-même une identité d’emprunt pour traiter avec eux. Il finançait Mew, qui se chargeait d’acquérir les métaux vils, mais devait toutefois présenter ses factures. Il les transmettait par le biais de Crichton, ce qui explique que vous en ayez trouvé une dans la poche du pourpoint.
    — Crichton était désordonné. Il l’avait oubliée là.
    — Sans doute. Pour forger leur fausse monnaie, il leur fallait aussi des métaux précieux. Le trésor collecté par votre époux incluait assez de fonds pour acheter les métaux vils, et des vaisselles qu’ils ont fondues afin de se procurer les autres. Cependant, lorsqu’ils s’y essayèrent avec les pièces d’or et d’argent…
    Son sourire me surprit tant il exprimait le dédain.
    — Dans l’ensemble, c’était de la mauvaise monnaie des années 1540. Bien que frappée dans la plus stricte légalité, elle ne valait pour ainsi dire rien !
    — Les gros d’argent du roi Henri, soupira Élisabeth. Cecil nous en a montré un à la table du Conseil. On ne devrait pas dire du mal de ses parents, toutefois mon père n’était pas… toujours bien avisé.
    — Sans nuire vraiment, le plan aurait pu nous causer un certain préjudice. Eh bien ! Mew sera livré au bourreau. Cela en dissuadera d’autres de conspirer, ou de changer de camp comme il l’a fait.
    — Parce qu’on le menaçait, objectai-je. J’ai presque de la peine pour lui.
    — Il n’aurait rien eu sur la conscience s’il n’avait volé le plan de Mason, soutint le secrétaire d’État, impitoyable. Ce n’est qu’un médiocre. Les bons agents sont aussi rares que les cochons volants.
    — Allons, Cecil ! le reprit Élisabeth, une lueur espiègle dans le regard. Voilà qui n’est guère courtois envers dame Blanchard !
    — Dame Blanchard est une admirable exception et sait qu’elle n’était nullement visée par cette comparaison. Pardon, Ursula.
    — Accordé, répondis-je avec gravité. Vous m’aviez recommandé de ne jamais croire aux coïncidences et je vous ai écouté. Aussi, lorsque Mew s’est présenté à Lockhill, j’ai conçu aussitôt des soupçons à son sujet. Cependant, il y a eu une réelle coïncidence dans cette affaire, n’est-ce pas ? Vous vous trouviez chez Bernard Paige alors

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