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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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larmes, sa jupe en futaine maculée par le sang de Crichton et éclaboussée de nourriture pour les cochons. Elle avait lâché son seau dans sa précipitation à rejoindre l’épave.
    — De bon cœur, monsieur, déclara Thomas.
    — Eh bien, vous l’épouserez ! décréta Ann.
    Elle prit le contrôle de la situation. Je voyais distinctement, cette fois, ce que jusqu’alors je n’avais fait que deviner : une impressionnante force de caractère. Elle avait détourné Leonard de son projet d’expérimenter lui-même son invention, et elle n’avait à aucun moment couru le risque d’avoir un traître pour mari, car, l’eût-il voulu, elle ne l’aurait jamais laissé se compromettre dans une conspiration.
    — Vous avez raison, Thomas, déclara-t-elle. Célibataire, elle représente une menace, et même mariée nous ne pouvons la garder à Lockhill. Si vous l’épousiez, il lui faudrait rester chez votre mère au village et ne plus monter au manoir. En fait, Thomas, si vous préférez chercher une autre place, je vous fournirai les meilleures références.
    — Ann… dit Leonard d’un ton plaintif, mais elle demeura implacable.
    — Que je ne la voie plus par ici ! Je veux que Thomas la prenne pour épouse et l’emmène vivre ailleurs, dans un autre comté tant que nous y sommes. Jennet, du calme. Vous êtes libre d’épouser Thomas et de quitter Lockhill avec lui, ou de quitter Lockhill sans lui – et sans la moindre lettre de recommandation. Je suppose que vous pourriez retourner chez votre mère.
    — Elle est morte et mon père aussi ! Je n’ai nulle part où aller !
    — Alors vous épouserez Thomas. Dr Forrest, venez ici !
    Durant ma longue chevauchée depuis Windsor, je m’étais demandé ce qui m’attendait à Lockhill, quelles scènes dramatiques, extraordinaires ou pathétiques, pourraient s’y jouer.
    Pas un instant je n’avais imaginé être témoin d’une union improvisée, avec pour cause le fait insignifiant que Jennet n’avait jamais vu Crichton dans le pourpoint brodé au point d’Espagne. Pas plus que, de toute ma vie, je n’aurais cru assister à une telle cérémonie au milieu des labours, près d’un cadavre pris dans les décombres d’une machine conçue pour voler dans les airs. Une cérémonie où le prêtre butait sur les mots parce qu’il n’avait pas son livre de prières, tandis que la mariée en pleurs était soutenue par un des hommes d’Henderson et forcée à répondre par Ann Mason.
    Je me tenais là docilement, le manque de sommeil me donnant le vertige, et je me joignais aux prières en y ajoutant à part moi une de mon cru, pour que mon mari puisse fuir l’Angleterre sain et sauf. Alors que Jennet se voyait menée à une union dont elle ne voulait pas, je savais la mienne brisée à jamais. Si le prêtre de Sir Thomas Gresham avait surgi à cet instant et m’avait exhortée à avoir foi dans le dessein divin pour l’humanité, je crois bien que je l’aurais frappé.
    Quand tout fut fini, Thomas s’éloigna avec son épouse sanglotante et l’on continua à dégager le défunt de son carcan. Rob Henderson échangea quelques mots rapides avec les Mason, puis me fit signe de les rejoindre.
    — Nous connaissons la vérité au sujet de Mr. de la Roche et vous, me dit Ann. Je savais que vous étiez une femme honnête, et je regrette que vous soyez séparée de votre mari. Comment pouvez-vous le supporter ?
    Le visage de Mason était moins amical.
    — Je suppose que je devrais vous féliciter, Mrs. Blanchard – tel est le nom que vous préférez, semble-t-il, quoique ce ne soit pas votre nom légal. Vous servez bien votre reine, mais vous avez nourri de terribles soupçons à mon égard et, par votre faute, j’ai perdu mon prêtre et précepteur, une servante et sous peu ce sera un palefrenier. Vous avez aussi provoqué la destruction de ma machine volante. Vous me pardonnerez d’espérer que vous ne resterez pas longtemps sous mon toit.
    — Seulement jusqu’à demain. Nous partons au matin ? demandai-je à Rob.
    — Oui. Vous devrez nous accompagner. Mr. Mason également.
    — Soit, répondis-je. Eh bien, demain, Mr. Mason, je dirai au revoir aux enfants avant de partir. Au moins, vous n’aurez plus à craindre que je les corrompe. Ai-je votre permission ?
    Mason, bien qu’irrité, se montra équitable.
    — Oui. Je regrette mes accusations, Mrs. Blanchard.
    — Les enfants sont partis faire une promenade à cheval,

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