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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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table de toilette. J’entrai la première et me figeai, stupéfaite. Installée sur le tabouret à mon chevet, la première dame d’honneur de la reine m’attendait, sa personne rebondie parée de brocart et le cou engoncé dans une fraise.
    — Dame Ashley !
    — Je ne vous demanderai pas où vous étiez, dit Kat Ashley d’un ton sévère. Je sais, par Sa Majesté, que vous accomplissiez une besogne pour elle et qu’il n’y a pas lieu de vous questionner. Néanmoins, vous êtes censée vous trouver à ses côtés et l’on jasera si vous tardez davantage. Les tâches dont Sa Majesté vous charge ne doivent éveiller ni curiosité ni ragots.
    Tout en acquiesçant, je songeai avec amusement que Kat Ashley n’avait rien à apprendre sur ce chapitre. Elle gardait les secrets de la reine, ou de quiconque, si Élisabeth l’ordonnait, mais elle se délectait de connaître les affaires de son prochain. Ses doigts grassouillets, crispés dans les plis de l’étoffe prune et argent, et ses yeux bleus saillants trahissaient le désir avide de savoir ce que j’avais fait, et pourquoi. En dépit de sa haute position, il y avait quelque chose d’incurablement plébéien chez Kat. Non que cela m’inspirât de la répulsion : j’étais moi-même d’un naturel curieux. Au fond, nous nous comprenions.
    — Je ne me doutais pas qu’il était si tard, prétendis-je tandis que Dale faisait disparaître le sac. Je suis navrée que vous ayez dû venir me chercher.
    — Oh ! Je ne suis pas là à cause de votre retard, répondit-elle. Pendant que vous… vaquiez à vos occupations, on vous a réclamée. Un jeune mousse, envoyé par un certain Sutton, capitaine au long cours.
    — Un capitaine au long cours ? répétai-je, ébahie.
    — Ils arrivaient de Calais et venaient d’accoster, d’après le jeune garçon qui s’est enquis de vous à l’entrée. Le portier m’a fait chercher. Le mousse apportait une lettre pour vous.
    Sa main droite était restée cachée dans les plis opulents de sa jupe. Elle la révéla pour me tendre un parchemin, plié et scellé.
    — Le portier n’a pas compris tout de suite qui vous étiez car le garçon n’a pas demandé dame Blanchard, mais « de la Roche ». Vous feriez bien de mander à votre correspondant français, quel qu’il soit…
    Sa voix m’invita aux confidences, mais, même si je savais qu’elle avait remarqué l’éclat soudain de mes yeux, je ne soufflai mot.
    — Vous feriez bien de l’informer, reprit-elle, déçue, qu’à la cour vous portez encore le nom de votre premier époux. Voici.
    Kat comptait parmi les rares personnes informées de mon remariage. On l’avait mise dans le secret car elle était ma supérieure, mais avec l’ordre de ne rien divulguer.
    Prenant la lettre, je vis mon nom, mon nom légal, inscrit à l’encre noire d’une plume énergique. L’écriture était masculine, élégante, un peu ornée ; le sceau figurait un « M » à l’intérieur d’un cercle. Je connaissais cette écriture, tout comme je connaissais ce sceau, les ayant vus sur des billets qui m’avaient été adressés jadis, des siècles plus tôt, du temps où Matthew de la Roche me courtisait. N’était-ce vraiment que l’an dernier ?
    — Vous m’avez recommandé de ne pas tarder, rappelai-je. S’il vous plaît, laissez-moi me préparer. Je rejoindrai la reine dans quelques instants.
    Kat Ashley soupira et se mit debout sans pouvoir réprimer un grognement.
    — Trop d’escaliers à mon goût, pour arriver jusqu’ici. Vous êtes plus agile que moi, par bonheur ! Vous disposez de dix minutes tout au plus, dame Blanchard.
    Je m’assis à ma table de toilette.
    — Coiffez-moi vite, Dale, pendant que je lis.
    — Oh, madame ! Est-ce de votre mari ? Vous m’aviez confié que vous lui aviez écrit. Et vous avez eu bien raison, à mon avis. La place d’une femme est auprès de son époux. Même si elle n’approuve pas toutes ses idées, elle se doit de partager sa vie. Moi, je serais perdue sans Brockley !
    Je croisai son regard dans le miroir et lui souris avec affection. Dale, comme Brockley, avait passé le cap de la quarantaine. Elle n’était pas belle – ni lui, d’ailleurs – au sens conventionnel du terme, cependant ses traits réguliers ne manquaient pas de charme. Quoiqu’elle conservât les cicatrices d’une vérole contractée dans son enfance, c’était une infortune commune à bien des gens et les siennes ne se

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