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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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je suis censée découvrir, mais je vous la livre pour ce qu’elle vaut.

CHAPITRE XV

Lenoir
     
    Tandis que nous revenions sur chaque détail, nous fîmes même un détour par les champs afin de terminer notre discussion loin de Lockhill. Nous avions soin de rester en terrain découvert, mais nous ne vîmes plus d’archers dans les parages. L’après-midi finissait quand nous passâmes enfin sous l’arche du portail.
    — Je m’éclipserai discrètement, annonça Brockley. C’est ici que je prends congé de vous, madame.
    Je m’apprêtai à argumenter, mais il secoua la tête.
    — Cette besogne doit être faite, et par un homme. Y a-t-il autre chose qu’il me faille savoir ?
    — Non. Bonne chance, et prenez garde. Surtout, prenez bien garde à vous.
    — Je serai de retour au matin.
    Je les laissai, Dale et lui, à leurs adieux, et rentrai seule dans la demeure.
    Comme si souvent à Lockhill, je fus immédiatement happée par le chaos. La première vision qui se présenta à mes yeux fut celle d’Edwin Logan, le jardinier-boucher, enveloppé d’un tablier blanc ensanglanté, un couperet à la main. Il informait Ann Mason qu’il était « désolé, madame, sauf votre respect », mais qu’il avait assez à faire avec cette carcasse de cochon sans que le Dr Crichton lui tombe dessus pour se plaindre que les arbres avaient besoin d’être taillés.
    — D’ailleurs, en quoi que ça le regarde, j’aimerais bien savoir ? s’insurgea Edwin. C’est pas ses ifs à lui !
    — Je suis désolée ! dit Ann avec contrariété. Bien entendu, vous devez continuer à découper le cochon. Le futur maître des garçons dîne ici avec un ami ; il nous faut un bon repas. Je parlerai au Dr Crichton. Les enfants l’ont mis hors de lui, aujourd’hui, et je l’ai vu aller et venir dans le jardin d’ifs. Il aura fait passer sa colère en critiquant les arbres. Je veillerai à ce qu’il ne recommence plus.
    — Merci, madame. Et faites excuse ! Mais les choses étant ce qu’elles sont…
    À cet instant, Edwin ressemblait à un assassin surpris en plein forfait, mais c’était en temps normal un jeune homme assez poli, voire solennel.
    — Oui, eh bien, c’est entendu ! Retournez à votre tâche. On ne vous ennuiera plus, je le promets.
    Edwin et son couperet disparurent vers les profondeurs de l’arrière-cuisine et Ann, se tournant, me découvrit sur le seuil.
    — Ursula ! Oh ! Je suis tellement, tellement heureuse que vous soyez de retour ! Tout est sens dessus dessous. Les filles ont été des anges, mais les garçons se sont comportés comme des démons, au dire du Dr Crichton. Et quand leur père les a semoncés, ils ont rétorqué, carrément, que Crichton les avait provoqués en pinaillant pour des riens. À n’en pas croire ses oreilles ! Le Dr Crichton est sorti en rage, et je l’ai vu marcher de long en large dans le jardin d’ifs. Et un peu plus tôt, nous avons reçu le message que Mr. Mew ne se joindrait pas à nous, en définitive, et Leonard est ennuyé parce qu’il tenait à lui montrer ses progrès à l’atelier. Entre mon mari qui est d’une humeur noire et Crichton, et puis maintenant Edwin Logan qui se montre susceptible, je ne sais plus où donner de la tête. Tout s’est-il bien passé ? Avez-vous conclu votre… affaire à votre satisfaction ?
    — Oui, merci. Je ferais mieux de me changer pour le souper, puisque vous recevez.
    — Nous nous installerons dans la galerie, auparavant. Je dois faire allumer le feu ! Leonard est dans son atelier, il montre son horrible machine à nos hôtes. Je suis sûre que Crichton et lui ne sont pas tant furieux à cause de Mr. Mew et des garçons qu’à cause de ce qui s’est passé hier. Vous étiez là, n’est-ce pas, quand Leonard a dit qu’il avait tapé sur le pouce de Crichton par accident ? L’ongle est devenu tout noir. Ce matin, Crichton a déclaré qu’il ne fallait plus compter sur son aide… Oh ! Voilà les petits qui pleurent ! Quand ce n’est pas une chose, c’en est une autre !
    La pauvre Ann, harassée, partit apaiser un concert de vagissements, et je regagnai ma chambre.
    Je tremblais. Nous avions frôlé la mort dans cette embuscade. Un émissaire de Mr. Mew rôdait-il encore à proximité, guettant une seconde chance ?
    Et s’il se trouvait ici, dans la maison ? Je pensais bien que je comptais des ennemis sous ce toit, mais ils auraient été téméraires en m’attaquant à

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