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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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dans la forêt de la Bretesche, près de Guérande. L'appartement du roi était situé à l'étage d'attique. Un petit escalier au pied duquel il avait coutume de prendre son café lui permettait de gagner directement sa chambre. Les deux fenêtres pouvaient être obturées le soir par un ingénieux système de glaces mouvantes montant du rez-de-chaussée. Une horloge sonna cinq heures dans une pièce voisine. Le prince de Condé apparut, descendant de l'appartement du roi.
    — Monsieur, dit-il à La Borde, le chirurgien ayant déclaré au roi qu'il ne peut demeurer à Trianon et que c'est à Versailles qu'il faut être malade, le duc d'Aiguillon a pressé Sa Majesté qui vient de donner ses ordres. Qu'on demande de suite les voitures !
    Chacun se mit à courir en tous sens. La Borde se précipita pour rejoindre l'attique. Bientôt, le fracas des chevaux et des carrosses retentit sur le pavage extérieur, mettant fin au silence pesant qui régnait depuis que les premiers ordres avaient été lancés. Tous se précipitaient. Au pied de l'escalier, Nicolas vit descendre vers lui le principal ministre, qui lui jeta un regard aigu, suivi d'un homme en tenue bourgeoise noire qu'il supposa être La Martinière. Presque aussitôt le roi parut, appuyé sur La Borde. Vêtu d'une robe de chambre, il portait par-dessus un manteau de chasse jeté à la va-vite sur ses épaules. Son visage était rouge et bouffi. Parvenu en bas, il considéra Nicolas. Il y avait tant d'appel dans ce regard que celui-ci, sans réfléchir, lui tendit le bras. La main du roi s'appuya sur son poignet, y communiquant la brûlure d'une fièvre intense. Le roi avança, soutenu par La Borde et Nicolas, jusqu'à sa voiture. S'engageant dans la caisse, il s'écria d'une voix cassée : « À toutes jambes ! » Il n'avait pas lâché le bras de Nicolas et celui-ci se vit engager à le suivre, ainsi que La Borde. La voiture s'ébranla dans un grand ébrouement de cris, de coups de fouet et de grincements de roues. Le roi resserra le manteau ; il tremblait. Un instant, il fixa Nicolas comme s'il ne l'avait jamais vu. Sa tête dodelinait aux à-coups du chemin. En trois minutes et à un train d'enfer, ils furent au château.
    La voiture s'arrêta sous la voûte de l'appartement de Madame Adélaïde. Les deux amis soutinrent le roi jusqu'au seuil du salon de sa fille où il s'assit le temps qu'on prépare son lit, son retour du Petit Trianon n'étant pas prévu ce soir-là. Le bruit se répandit aussitôt que le roi était malade. Les princes et les grands officiers accoururent. Dès que le roi fut couché, la famille royale fut introduite, mais elle ne resta qu'un instant. Seuls la comtesse du Barry et le duc d'Aiguillon obtinrent le privilège de demeurer pour le veiller. La favorite s'obstinait à proclamer à haute voix qu'il ne s'agissait que d'une indigestion. À neuf heures et demie, le roi reçut les entrées du cabinet, le comte de Lusace, les ambassadeurs de Naples et d'Espagne et donna le mot d'ordre comme de coutume. La Borde alla aux nouvelles et rapporta que la fièvre déjà forte avait augmenté et que les douleurs de tête devenaient plus violentes.
    Nicolas attendit longtemps sur une banquette de la grande galerie. Vers dix heures, le premier valet de chambre vint le chercher. Il s'agissait d'assurer la sûreté et la tranquillité du malade. Le lit du roi installé dans sa chambre réelle 62 , il faudrait refouler les entrées et tous ceux qui avaient accès à sa personne. Ils prirent toutes les dispositions avec les garçons bleus et les gardes du corps pour barrer l'antichambre de l'œil-de-bœuf et reculer d'une pièce toutes celles réservées aux honneurs, la chambre à coucher de parade remplaçant ainsi celle du conseil. La Borde informa Nicolas que le roi, dans un moment d'apaisement, avait souhaité que le « petit Ranreuil » demeurât près de lui pour seconder le premier valet de chambre. Le duc d'Aiguillon avait tenté de soulever quelques objections, que le roi avait repoussées avec irritation. La comtesse, au contraire, s'y était montrée favorable, s'interrogeant sur l'hostilité manifestée par le ministre à l'égard d'un aussi fidèle serviteur. Nicolas somnola une partie de la nuit sur une banquette de la chambre du conseil.

    Vendredi 29 avril 1774
    Au petit matin, La Borde l'éveilla. La nuit avait été très mauvaise, accompagnée d'agitations extrêmes. Ni les mouches sur les tempes avec de l'opium, ni

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