Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
dans la chambre. Outre les princes, les gentilshommes de la chambre, le service, les médecins, les chirurgiens et les apothicaires, une foule de curieux ne cessait de circuler en dépit des consignes. L'air à nouveau se raréfiait. Vers dix heures, le roi montrait sa langue au médecin quand La Martinière, en lui donnant à boire, crut discerner des rougeurs suspectes sur son visage. Sans manifester de surprise, il demanda au service d'avancer de la lumière, prétextant que le malade ne voyait pas son verre. Chacun des médicastres observa le phénomène avec étonnement qui était un aveu d'ignorance. Pourtant, ils ne laissèrent rien paraître et passèrent dans la pièce voisine pour entrer en consultation. Nicolas, comme une ombre, les suivit.
    Chacun hésitait à s'expliquer avec franchise et usait de circonvolutions en nommant le mal soupçonné sous des appellations contournées. Certains n'y voyaient qu'une éruption cutanée et les autres une petite vérole volante, sans avancer le vrai mot. La Martinière prit la parole.
    — Nous constatons, messieurs, une fièvre aiguë, des maux de tête violents, des douleurs dans les lombes, la sécheresse de la peau et une éruption au visage. Que devons-nous en conclure ?
    De nouveaux propos insignifiants se firent entendre. Le premier chirurgien réagit aussitôt.
    — Hé ! quoi, messieurs, fit-il sur un ton impatienté, est-ce que la science serait en défaut chez vous tous ? Je vous le dis : le roi a une petite vérole avec des complications plus fâcheuses encore et, pour ma part, je l'estime perdu.
    Un profond silence suivit cet éclat.
    — Vous tenez là un propos bien imprudent, dit M. de Duras, premier gentilhomme de la chambre qui assistait au débat.
    — Monsieur, répondit La Martinière, mon devoir n'est pas de flatter Sa Majesté, mais de dire le vrai sur sa santé, et ce que j'avance ne saurait être démenti par aucun de ces messieurs. Tous pensent comme moi, mais je suis seul à le dire parce que je crois qu'il est de mon honneur de présenter les choses dans leur vérité entière.
    Des murmures s'élevèrent dans l'assemblée.
    — Le roi est donc perdu ? dit le duc de Duras. Que reste-t-il à faire ?
    — Le soigner et prolonger sa vie autant qu'il sera humainement possible, car il n'y a plus de ressources ; il a voulu forcer la nature et celle-ci ne l'a pas écouté.
    — Cependant, est-on assuré qu'il s'agisse bien de cela ? intervint Le Monnier. J'ai toujours entendu dire que le roi avait déjà souffert, en 1728, d'une éruption de petite vérole. Et puis, à son âge !
    — L'âge de Sa Majesté ne fait rien à l'affaire, soupira Lorry. En janvier dernier, M. Doublet, chancelier de la reine d'Espagne, oncle de la marquise de Montesquieu et de la comtesse de Voisenon, en est mort à soixante-dix-huit ans.
    — Quelles raisons vous font conclure à une telle gravité de l'accès ? demanda Lassone, le médecin de la dauphine.
    — Hélas, dit La Martinière, les symptômes révèlent l'espèce la plus dangereuse. C'est une confluente. Avez-vous observé les pustules, non pas séparées mais confondues ? Tout le corps, et surtout la tête, va enfler avec force salivation. Cette forme de la maladie est ordinairement compliquée avec le pourpre et le charbon et elle emporte généralement le malade le onzième jour après ses commencements.
    Un silence effrayant suivit cette déclaration.
    — Je suis sûr que l'on peut remédier, dit Le Monnier.
    — On peut essayer, repartit La Martinière, mais si quelqu'un échappe par la méthode ordinaire, c'est à la nature qu'il en est redevable plus qu'aux efforts de celui qui le traite !
    — On discute beaucoup du traitement, reprit Lassone, tant les sentiments sont partagés sur cette matière. Les Allemands saignent peu, en revanche Alsaharavius prescrit la saignée jusqu'à la défaillance.
    — On dit, susurra un apothicaire que les médecins foudroyèrent aussitôt du regard pour cette incursion dans leur domaine, que la fiente de cheval est un excellent médicament, en ce qu'il provoque la sueur et garantit la gorge.
    — Foin de tout cela ! dit La Martinière. Il faut poser des vésicatoires et faciliter les évacuations en suscitant des matières louables par une succession de lavements. Il faut à tout prix déclencher la suppuration puis le dessèchement. Il faut tout faire pour éviter le reflux de la matière purulente au-dedans. Il faut accabler le malade

Weitere Kostenlose Bücher