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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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un cri étouffé suivi du bruit de la chute d'un corps. Quelqu'un s'approchait en courant.
    — Nicolas, Nicolas !
    C'était la voix de Bourdeau. Il se redressa. La silhouette massive de l'inspecteur surgit. Nicolas se leva et ils s'étreignirent.
    — C'est la seconde fois, Pierre, que vous me sauvez la vie. Je demeure votre débiteur.
    Ils considérèrent le désastre : le cocher était mort et l'inconnu, près de son cheval, gisait sur le ventre. Il avait un trou rouge dans la nuque d'où s'échappait un mince filet de sang.
    — Compliments, Bourdeau. Quel coup !
    — Je me suis appliqué et il y avait urgence, dit l'inspecteur avec modestie.
    — Procédons dans l'ordre, reprit Nicolas. Par Dieu, comment puis-je vous retrouver ici ?
    — Bah, dit Bourdeau goguenard, c'est une longue histoire. Il n'aurait plus manqué que l'on tuât M. Le Floch ! J'en aurais rendu compte à M. de Sartine qui, jaune et glacé, m'en eût demandé raison tout en torturant une perruque. Ah ! Je vois la scène d'ici. Au bref, tout a commencé quand M. de Noblecourt m'a fait chercher pour la tentative de vol dans votre appartement. Ni lui ni moi n'avons cru au hasard. Trop d'événements connus ou supposés se déploient autour de vous. La rue Montmartre a été mise sous surveillance avec la bénédiction de M. de Sartine. Outre cela, M. de La Borde m'a alerté ce matin d'avoir à vous suivre, que vous étiez chargé d'une mission plus que périlleuse... Vous m'en avez donné du fil à retordre : méandres, ruses, et tout l'arsenal habituel !
    — J'ai été à bonne école avec vous, dit Nicolas en souriant.
    — Serviteur ! Bon, jusqu'à Vincennes impossible de rien observer, la circulation était trop embarrassée. Après, sur le chemin, j'ai fini par repérer un cavalier dont l'attitude m'a alerté. Le difficile était de me maintenir à distance afin qu'il ne décelât point ma présence ; assez loin pour n'être pas repéré et assez proche pour vous protéger. Ce pauvre cocher a été la première victime. À ce moment-là, votre serviteur a piqué des deux, pressentant le dénouement. J'ai pris un chemin de traverse parallèle par le couvert des arbres et suis arrivé juste à temps pour abattre ce malfaisant au bon moment. Je n'avais plus un poil de sec, vous supposant blessé ou pire. Mais voyons notre homme de plus près.
    Ils examinèrent le cadavre. L'homme, très corpulent, avait dans la cinquantaine et portait une moustache grisonnante. Bourdeau se pencha, l'air intéressé.
    — Ma foi, je jurerais que je connais l'animal. Je suis presque certain qu'il s'agit de Cadilhac.
    — Cadilhac ?
    — Oui, un gibier de potence toujours soupçonné et jamais pris. Il dépouillait jadis les joueurs en veine à la sortie des tripots. On disait qu'il bénéficiait d'une protection. Je crois bien que c'était une créature du commissaire Camusot, votre confrère chargé de la police des jeux dont vous dénonçâtes les agissements il y a quatorze ans. Ce Cadilhac faisait la paire avec Mauval, l'autre damné que vous expédiâtes si proprement au Dauphin Couronné .
    — Voyez la coïncidence ! dit Nicolas. Et il n'y a pas que celle-là : il porte des meurtrissures sur le crâne.
    Il fit glisser la perruque de laine blanche. La tête chauve du mort était toute bosselée de traces verdâtres. L'idée lui traversa l'esprit que ces blessures étaient à mettre en rapport avec un événement récent.
    — Ces bosses sont édifiantes, Bourdeau. Ne seraient-ce pas là, si j'en juge par leur couleur, les vestiges des coups de poêle assenés par la brave Catherine à mon intempestif visiteur de l'autre nuit ?
    Bourdeau grognait en tirant sur les vêtements du cadavre. Il désigna le bas de l'habit marron où manquait comme un triangle de serge, d'évidence arraché.
    — Et cela, c'est la marque de Cyrus ! Il a de bonnes dents pour un vieux chien.
    Ils continuèrent à examiner le corps et fouillèrent les poches de l'habit. Ils trouvèrent une dague, un mouchoir à carreaux, un morceau de tabac à chiquer, une poire à poudre et quelques balles. Le pistolet avait roulé à terre. Nicolas, qui usait souvent du revers de ses manches pour y placer son carnet noir, eut l'idée de fouiller ceux de Cadilhac. Il découvrit un petit papier plié en quatre avec une adresse : « Rue des Douze-Portes, face au parcheminier, quatrième étage. »
    — Voilà qui m'intéresse, dit Nicolas. Enfin un

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