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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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madame la comtesse, d'un dépôt à votre attention.
    Il s'était placé de telle manière que l'ampleur de sa robe de magistrat dissimulât la vue de ce qu'il faisait. Il lui donna le coffret qu'elle ouvrit sans difficultés, preuve qu'elle en connaissait le maniement. Elle le lui rendit après l'avoir vidé. Ses mains tremblaient en brisant le sceau du document. Elle le lut et l'expression de son visage changea. Elle chiffonna le papier puis déversa le contenu de la bourse sur sa paume ; cinq cailloux grisâtres. Elle serra le poing avec colère et il crut qu'elle allait lui jeter les pierres au visage.
    — Monsieur, dit-elle à voix basse, c'est indigne ! Un papier blanc et des cailloux ! Vous vous moquez d'une femme en disgrâce et ajoutez encore la trahison à son malheur.
    — Madame, je vous supplie de m'entendre. Comment pouvez-vous imaginer qu'ayant forfait à l'honneur comme vous le croyez, j'en viendrais à venir me confondre devant vous. Sachez que je suis parvenu ici au péril de ma vie, pour tenir la promesse faite à mon roi mourant. J'ai menti, parjuré et trompé Mme de La Roche-Fontenilles pour vous atteindre et accomplir mon devoir. Comment pouvez-vous imaginer cela ? Vous ai-je jamais donné le droit de douter de ma fidélité et de ma loyauté ? Je préférerais me passer l'épée au travers du corps que de vous laisser croire une pareille infamie.
    Il avait haussé le ton et la supérieure dodelinait de la tête essayant de comprendre l'étrange manège du commissaire et de la comtesse.
    — Monsieur, reprit Mme du Barry d'un ton plus calme, je suis disposée à vous croire. Votre ton est celui de la sincérité et votre passé au service du roi plaide en votre faveur. Comprenez cependant mon émoi...
    — Je vous promets, madame, d'éclaircir cette affaire et de retrouver le contenu de cette boîte. Sachez seulement que le roi y avait placé des diamants et un document qui, disait-il, « serait pour celui qui le posséderait son passeport pour l'autre règne ».
    — Soit, monsieur. J'attendrai en priant au milieu de ces saintes filles que votre quête soit couronnée de succès.
    Elle hésita un moment avant de lui tendre la main qu'il baisa.
    — Je veux croire en vous, murmura-t-elle.
    Elle se retira comme une ombre. Nicolas remercia Mme de La Roche-Fontenilles, qui semblait ne savoir que penser de la séance dont elle avait été le témoin approximatif. Le visiteur ne s'attarda guère. Il rejoignit Meaux où il dut réquisitionner une monture au relais de poste : le hongre blanc, en dépit de sa bonne volonté, n'en pouvait plus et ne l'aurait pas ramené à Paris.

    La nuit était tombée depuis longtemps lorsqu'il franchit les barrières. Tout au long de sa route, l'esprit engagé dans une fiévreuse réflexion, il chercha à comprendre ce qui avait pu se passer et voyait surtout l'ombre que cet événement faisait planer sur son honneur. Il savait qu'il ne se pardonnerait jamais de ne pas pouvoir se justifier aux yeux de la comtesse. Le plus urgent était d'interroger M. de La Borde, le seul témoin des recommandations du feu roi et, qui détenait peut-être des lumières sur les dessous de sa mission.
    Le premier valet de chambre possédait un pied à terre en entresol, rue de la Feuillade, près de la place des Victoires. Nicolas consulta sa montre à répétition, qui sonna onze heures. Ce ne fut pas sans peine qu'il se fit ouvrir le logis où son ami l'accueillit en tenue de nuit. Il lui conta ses aventures sur la route de Meaux et les affres par lesquelles il passait depuis la disparition du contenu du coffret. La Borde lui assura ne rien savoir de plus. Le roi ne lui avait rien confié et il n'en savait pas plus long que Nicolas. Alors qu'ils se perdaient en conjectures sur le détournement des pierres et du document, un domestique vint prévenir le maître de maison qu'un prêtre le demandait. La Borde pria son ami de l'excuser et se retira dans son antichambre. Il revint un long moment après ; l'accablement se lisait sur ses traits fatigués.
    — Nicolas, dit-il, en se laissant tomber dans une bergère, préparez-vous au pire. Que pensez-vous de Gaspard ?
    — Le drôle est dévoué, habile, serviable et plaisant, mais, ma foi, beaucoup trop sensible au gain pour qu'on lui fasse toute confiance.
    — Vous ne voyez que trop clair, et votre lucidité m'accable moi qui le pensais tout dévoué et qui l'avais recommandé au roi, me fiant à sa

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