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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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l'occasion en m'indiquant quelle était la nature de ce parfum.
    — Un parfum à la mode.
    — J'entends bien. Si je vous le demande, c'est que je connais la réponse. Julie était entichée de l'Eau de la Reine de Hongrie . Il s'agit de cela sans doute ?
    — Oui, elle m'en a chanté les qualités.
    — Le flacon est d'une rare élégance.
    — C'est le goût parisien le plus exquis.
    — Avec une étiquette très colorée.
    — Très plaisante.
    — Je suppose, poursuivit Nicolas, qu'à son habitude elle s'en est aspergée. Je lui reprochais parfois d'en user avec trop de libéralité au point d'inonder son entourage d'effluves qui portaient à la tête.
    — Vous dites vrai, monsieur. Elle en a jeté à foison sur toute la dentelle de sa chemise de nuit.
    Il y eut un silence.
    — Chemise de nuit ? Vous voulez dire, sans doute, robe ? L'erreur est concevable, et l'heure vous égare ou... autre chose.
    Pour la première fois de son audition, la superbe de Müvala s'effaça. Il ne parvenait pas à maîtriser une émotion dont la nature était difficile à apprécier. Nicolas allait pousser sa pointe. La première escarmouche avait atteint l'objectif : casser l'assurance du prévenu et le placer en position difficile face à trois magistrats attentifs.
    — Si je vous comprends bien, poursuivit Nicolas d'un ton disert et aimable, après avoir parlé parfum quelques minutes, et alors que Mme de Lastérieux était vêtue de sa chemise de nuit – non : de sa robe, veuillez m'excuser, de sa robe – vous avez quitté la rue de Verneuil. Oh ! un détail, toutefois, pour votre gouverne. Julie détestait les parfums composés. Elle usait d'essences particulières, bergamote ou cédrat, dissoutes dans l'alcool. M. Gervais, apothicaire à La Cloche d'Argent , rue Saint-Martin, bénéficiait de sa clientèle et pourra en témoigner. Elle n'en mettait que le matin, jamais sur le col et à peine sur les bras. Enfin, dernier détail destiné à éclairer la cour, ce parfum était contenu dans un flacon d'argent damasquiné fermé par un bouchon de cristal surmonté d'un cygne en cristal. On pourra le retrouver sur sa coiffeuse.
    — C'est vous qui prétendez tout cela, rétorqua Müvala. Vous sur qui pèsent tant de soupçons et qui avez été en situation de disposer des choses et des témoignages à votre convenance.
    — Les magistrats apprécieront, monsieur, vos petites invraisemblances. Vous avez quitté la rue de Verneuil. Où êtes-vous allé ?
    — À mon hôtel, dans le Marais.
    — Lequel ? La police n'a trouvé nulle trace de vos passages. Pas plus, d'ailleurs, de votre entrée dans le royaume.
    — J'ai oublié. J'en changeais souvent, descendant sous des noms d'emprunt.
    — Et la raison de ces mystères ?
    — L'étranger constituant dans cette ville un gibier privilégié de toutes sortes d'escrocs et chevaliers d'industrie, il vaut mieux, pour sa tranquillité, préserver son incognito.
    — Et après, vous disparaissez ?
    — Que non. Je voyage dans votre beau pays, visitant ses monuments et herborisant.
    — En Picardie, sans doute ? La belle église d'Ailly-le-Haut-Clocher a sans doute retenu votre attention ?
    — Non. J'ai traversé la Bourgogne, Clamecy, Montbard et d'autres lieux.
    — Là non plus, nous ne trouverons pas de traces de vos séjours dans les hôtels ?
    — Étant d'un caractère fort liant, je fus toujours invité par des particuliers et dînais à des tables d'hôtes.
    — Je laisse encore une fois la cour en juger. Que faisiez-vous à Notre-Dame ?
    — Je priais et me suis laissé enfermer après l'heure.
    — Il me semble avoir déjà entendu cela quelque part, dans une autre bouche. Je poursuis : la raison de votre présence dans un galetas immonde rue du Paon ?
    — J'y logeais avec un ami partageant mon impécuniosité. J'avais dévoré mon argent au pharaon 73 et attendais une lettre de change de mon banquier.
    — Et comme de juste, cet ami priait avec vous à Notre-Dame. Pour que la chance tourne au jeu, peut-être ? Quelle dévotion !
    Müvala ne répondit pas.
    — Encore un détail. Comment se fait-il que, lors de votre arrestation dans un galetas de la rue du Paon, l'inspecteur Bourdeau ait retrouvé ceci ?
    Nicolas montra au prévenu et à la cour un anneau accroché à un ruban de satin bleu.
    — J'ignore à quoi cet objet peut correspondre, répondit Müvala.
    — Je vais éclairer votre lanterne. Cet anneau et ce

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