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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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chacun pressent, le feu roi vieillissant, que le jour de sa succession approche. Le commissaire Camusot, homme de main de l'un des chefs de ces factions, donne l'ordre à Balbastre d'organiser ma rencontre avec Julie. On soupçonne les missions extraordinaires qui m'échoient. Balbastre subit d'évidence un chantage portant sur quelques fautes qui pèsent sur lui, au point que sa terreur est totale et son obéissance absolue. Non seulement il me présente à Mme de Lastérieux, mais il introduira chez elle M. von Müvala. Hélas pour elle ! Il faut se souvenir que Camusot me hait depuis qu'il a compromis sa carrière par des forfaitures que j'ai démasquées. Il entend mettre en place un guet-apens dont je ne devrais point me relever. Mme de Lastérieux n'est rien pour eux. Lui et son affidé vont se servir d'elle et l'assassiner froidement. Ils prennent de multiples précautions, d'où l'intervention de l'esclave Casimir conduit à devenir l'outil innocent de leur machiavélisme. Ils multiplient tant les précautions que certaines d'entre elles iront à l'opposé de ce qu'ils souhaitaient.
    Nicolas arpentait la pièce, les yeux fermés et les mains jointes.
    — Le malheur pour eux était de ne point connaître les véritables habitudes de Julie. Erreur que la présence d'une assiette de nourriture dans sa chambre, ce qu'elle ne tolérait en aucun cas. Erreur, la fenêtre ouverte. Et il y en a d'autres. Passons aux présomptions, les multiples essayages de bottes qui ont intrigué le lieutenant criminel prouvent qu'en dehors de moi, à qui elles appartiennent, seul le commissaire Camusot a pu les utiliser et laisser des empreintes rue de Verneuil dans la soirée du 6 janvier. Cela prouve que M. von Müvala n'était pas seul dans le logis ce soir-là. Que dire alors – elle ne vous aura pas échappé – de cette étonnante remarque de l'intéressé sur la tenue portée par Julie. Je persiste à croire qu'aucun lien, sinon la coquetterie d'une femme qui entendait rendre jaloux son amant, n'existait entre elle et son assassin. Oui, son assassin. Il l'a vue morte en chemise de nuit. Comment connaîtrait-il sa tenue autrement. Elle ne l'aurait pas reçu en déshabillé. Voilà un premier point d'acquis.
    — Et le second ? interrogea Sartine.
    — Müvala s'enferre et tombe dans le piège tendu au sujet de l'eau de senteur de Julie. Troisième point, nous savons aussi qu'il a fait voler par M. du Maine-Giraud des graines de piment bouc au Jardin du roi destinées à masquer l'usage d'un poison violent dont la nature nous échappe encore. Quatrième point, mon agresseur en Picardie me dérobe des clefs destinées à me confondre. Le coffret jeté dans la Seine, si facilement récupérable en draguant le fleuve, contenait sans doute la clef de la rue de Verneuil. Les clefs de mon domicile rue Montmartre seront utilisées pour s'introduire à l'hôtel de Noblecourt et fouiller mes affaires à la recherche d'un dépôt confié par le feu roi.
    — Il se murmure, dit M. Le Noir, que d'autres attentats furent commis contre vous lors de votre voyage à Londres ?
    — Ma tête était mise à prix, selon nos amis anglais de Whitehall. Deux factions me poursuivaient, monsieur. J'ai longtemps cru à une indiscrétion de Mme du Barry jetant cette meute à mes trousses. En fait, nous savons aujourd'hui que le jour où le roi, en présence de M. de Sartine, m'a chargé de la mission anglaise, un homme de son entour domestique écoutait, tapi dans l'ancien cabinet des perruques. C'est le même qui a surpris le dépôt confié à moi par le roi et destiné à la favorite. Il était caché dans un cabinet donnant sur l'alcôve de la chambre du roi. Il a été démasqué. C'est un garçon bleu qui, mangeant à tous les râteliers, fournissait des informations aux deux factions rivales, lesquelles étaient, pour des raisons opposées, toutes deux intéressées au résultat de ma mission à Londres, tout autant qu'au document que le feu roi souhaitait voir conservé par Mme du Barry. Ainsi se lient entre elles les affaires secrètes de la politique et le meurtre initial. Ainsi l'une des factions tente-t-elle de me tuer sur la route de Meaux afin d'obtenir le moyen d'éviter le retour aux affaires de M. de Choiseul. Ainsi, cette même faction, par l'intermédiaire de Camusot et de Müvala, risque l'impossible pour récupérer le papier prétendument détourné par Cadilhac, alors mort et enterré.
    — Monsieur le

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