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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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doute sur des papiers qui avaient pour but de confondre de manière irrémédiable un innocent. Oui, pourquoi cette erreur grossière et répétée de la part d'un homme aussi habile ? La solution, messieurs, m'est venue d'une conversation avec le docteur Semacgus, chirurgien de marine. J'évoquais avec lui cette affaire de couleur, lorsqu'une conversation tenue à Madras lors d'une controverse avec des médecins orientaux lui est revenue en mémoire. Les anciens Perses et les médecins arabes avaient découvert que des anomalies de la vue empêchaient chez certains humains de distinguer la couleur verte de la couleur rouge ou celles qui en approchent 74 . Je crois que c'est le cas de M. von Müvala.
    — Soit, dit M. de Sartine, voilà qui est du dernier ingénieux. Toutefois, si nous comprenons que Camusot vous haïsse en raison du passé, comment expliquer que ce jeune homme, à moins d'être un instrument imbécile dans les mains de l'ancien commissaire, ait pu vous poursuivre de la sorte au point d'assassiner Mme de Lastérieux pour vous compromettre ?
    — Messieurs, sourit Nicolas, je suis en mesure de vous révéler le point essentiel qui fonde ma démonstration et authentifie mes conclusions. Dans ma longue attente au palais des Thermes, j'ai renoué avec un jeu de mon enfance, celui des anagrammes. Ai-je été assez aveugle et depuis trop longtemps ! Müvala... Le caractère étranger de ce nom nous a trompés. Il suffisait pourtant d'intervertir une lettre et une seule, faire passer le a final avant le u , et cela nous donnait MAUVAL. Transparent, n'est-ce pas ? Si transparent et si évident que nous n'y avons point songé. Ce qui fonde et nourrit la haine de M. von Müvala contre ma personne, c'est qu'il est le jeune frère de Mauval, le tueur attitré du brillant et influent commissaire Camusot, responsable de la police des jeux, il y a quatorze ans, magistrat corrompu qu'une de mes enquêtes a écarté des affaires. Je fus à l'origine de sa débâcle. J'ai tué, en légitime défense, dans le salon du Dauphin Couronné , ce Mauval qui, lui aussi, à l'instigation de Camusot, avait tenté de m'assassiner. Le prétendu Müvala est né à Montbard, en Bourgogne.
    Il sortit un papier de sa poche.
    — Voici copie du registre de la paroisse où sa naissance est consignée. Il a eu l'audace, il y a quelques instants, de vous citer le nom de sa ville natale, car elle lui venait spontanément à l'esprit. Né en 1751, il perd ses parents assez vite. Leur mort le place sous la tutelle de son frère. Après la disparition de ce dernier, Camusot prend soin de lui, lui fait dispenser une éducation convenable, mais l'élève avec l'idée unique et pernicieuse d'avoir un jour à venger son frère injustement assassiné par un certain commissaire Le Floch.
    — Que ne vous a-t-il tout simplement tué ou provoqué en duel ? demanda Le Noir.
    — Il aurait sans doute fini par le faire. Cependant, son obsession, instillée par Camusot, était de me détruire et de me voir monter à l'échafaud pour un crime majeur. L'empoisonnement, par exemple. Il s'est trouvé que nos routes se sont croisées chez Julie de Lastérieux.
    — A-t-elle été sa maîtresse ? demanda Testard du Lys. La lecture du rapport d'ouverture semblerait...
    — Nous ne le saurons jamais. Je dois à la mémoire d'une femme qui me fut chère de n'y point penser. En conclusion, messieurs, Camusot et Mauval jeune ont assassiné Mme de Lastérieux, puis Casimir, et enfin M. du Maine-Giraud dont ils craignaient les indiscrétions.
    — Faire comparaître à nouveau les coupables m'apparaît superflu, dit Sartine.
    Les trois magistrats discutèrent un moment à voix basse. Le lieutenant général de police reprit la parole, l'air excédé.
    — Le lieutenant criminel et le conseiller d'État souhaitent une dernière comparution, annonça-t-il.
    On fit entrer Camusot et Müvala.
    — Camusot, dit Sartine, nous sommes convaincus de votre culpabilité, ainsi que de celle de M. von Müvala, dans les morts de Mme de Lastérieux, de l'esclave Casimir et de M. du Maine-Giraud. Vous serez donc livré à la chambre criminelle et soumis à la question. Quant à vous...
    Il se tourna vers Müvala.
    — Vous, que nous reconnaissons comme le frère cadet de Mauval, ainsi que le commissaire Le Floch vient de nous le révéler preuves à l'appui, vous répondrez de vos crimes et subirez le même sort que votre aîné quand la justice

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