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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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les enfants vinrent embrasser l'ami de leur père. Nicolas retrouva sa chambre. Il se sentait apaisé par la chaleur de cette soirée familiale. La fatigue s'empara de lui et il se laissa aller à la mollesse d'une couche qui l'enveloppa d'une telle douceur qu'un sommeil sans pensée le saisit aussitôt.

    Samedi 8 janvier 1774
    Le bruit des rideaux que l'on tirait et une odeur familière l'éveillèrent. Un des aides déposait sur une petite table un pot de breuvage fumant, une tasse et une assiette de petits pains que Nicolas supposa être de fabrication domestique. Sans doute habitué à la discrétion, l'homme ne le regarda même pas. Alors qu'il achevait sa collation, la porte s'ouvrit et une petite forme en chemise de nuit blanche glissa jusqu'à lui.
    — Bonjour, monsieur. C'est moi Gabriel, j'ai cinq ans. Tu as bien dormi ?
    — Très bien, je te salue.
    — Je voudrais te demander une chose... Une chose...
    Il hésitait ; Nicolas sourit pour l'encourager.
    — Tu es le premier ami de mon père que je vois. Pourquoi ?
    Nicolas se sentit bien embarrassé. Que pouvait-il répondre à cet enfant ? Connaissait-il l'occupation de son père ? Il semblait difficile que Sanson pût dissimuler à ses enfants la vraie nature de ses fonctions, au risque qu'une découverte inopinée bouleverse leur sensibilité. Mais Nicolas n'en savait rien. Comment allait-il s'en tirer ?
    — Je crois que ton père se trouve tellement heureux dans sa famille qu'elle suffit à son bonheur et que ses amis il les rencontre au dehors, dans la grand'ville.
    L'enfant fronça les sourcils, parut réfléchir avec intensité, se détendit. Son regard remercia Nicolas. L'explication, pour boiteuse qu'elle fût, répondait sans doute à une question informulée. Il repartit sans mot dire, comme il était venu. Nicolas fit toilette et s'apprêta. Il reconstitua avec minutie la figure du greffier. Il eut du mal à trouver la poussière nécessaire à parfaire sa physionomie, puis il attendit l'heure du départ en feuilletant des livres de dévotion contenus dans un petit meuble. Cette maison si paisible et si éloignée des horreurs du monde abritait pourtant le bourreau.
    Vers midi, il descendit. Sanson avait été appelé à quelques terribles occupations. Sa femme le salua avec chaleur, l'engageant à lui faire l'honneur de revenir et lui confiant combien son époux avait éprouvé de joie de sa visite. Elle ne s'étonna pas de le retrouver sous l'apparence rébarbative de son incognito. C'était une femme de discrétion et de devoir ; rien ne parvenait à la surprendre.

    On fit sortir Nicolas par une petite porte dérobée donnant sur la rue d'Enfer, qu'il emprunta un moment avant de rebrousser chemin vers la rue Poissonnière. Il vérifia qu'il n'était pas suivi. Il avait suffisamment pratiqué les filatures de suspects pour ne pas se laisser prendre à une surveillance dont il aurait été l'objet. Il rejoignit assez vite la façade de l'Hôtel des Menus Plaisirs. Il savait que ce bâtiment de belle apparence servait de dépôt à toutes les machines, décorations et habillements utilisés lors des fêtes de la Cour. Le visitant un jour, il avait été interloqué d'y trouver côte à côte les vestiges d'un grand bal et les débris du catafalque d'une pompe funèbre princière. Son attente fut de courte durée. Le défilé de nombre de jolies jeunes femmes, certaines presque des enfants encore, le divertit. Certaines lui lançaient en passant des œillades effrontées qui ne laissaient pas d'attiser secrètement sa curiosité. Pourtant, son apparence n'avait rien pour susciter de telles manifestations. La voiture de Bourdeau surgit. Une porte s'ouvrit, il bondit à l'intérieur.
    — Vous n'avez pas trop attendu ? demanda l'inspecteur d'un ton jovial.
    — Point du tout, vous êtes aussi précis que l'horloge du Palais.
    — Vous me paraissiez perplexe ?
    — En effet, je m'interrogeais sur un défilé de jolies femmes peu farouches qui entraient à l'Hôtel des Menus.
    — Ah ! dit Bourdeau en se frappant la cuisse. Cela est commun et se répète chaque jour. Toutes les filles de l'opéra et des théâtres, pour peu qu'elles soient protégées, bénéficient d'un billet d'introduction.
    — D'introduction ? Pour visiter cet établissement. Et pour quel avantage ?
    — Quel avantage ? Mais le plus affriolant pour une femme. Les matériaux épars, vestiges des fêtes royales, coûtent aussi cher à rajuster que

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