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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Julia était sa femme, même si aucun prêtre n'avait béni leur union. Il ne savait pas si le jeune homme était parti et à quelle heure. Le lendemain matin, Julia était entrée chez sa maîtresse et l'avait trouvée morte. Elle avait poussé un grand cri et il était accouru.
    Sartine avait alors passé le relais à Bourdeau, qui avait demandé à l'esclave s'il était bien traité dans cette maison. Après un temps d'hésitation, Casimir répondit qu'il n'avait jamais été maltraité. Il n'avait donc aucune raison d'en vouloir à sa maîtresse. Pourtant, elle avait toujours refusé de leur rendre la liberté. Pour le souper en question, il avait préparé un plat de poulet à la manière des Îles, avec des graines de son pays qu'on ne pouvait retrouver car il en avait épuisé la réserve. L'interrogatoire de Julia avait confirmé celui de son mari. Ou ils s'étaient concertés, ou, tout simplement, ils disaient la vérité. Le lieutenant général de police ordonna qu'ils fussent enfermés au secret dans les cachots du Châtelet dans l'attente d'un dénouement.
    — Que vous semble de cette audition, Nicolas ? demanda-t-il.
    — J'en éprouve une grande perplexité et elle me suggère plusieurs remarques, répondit celui-ci. Je constate premièrement, sans parvenir à me l'expliquer, que Casimir a oublié – ou a tu – m'avoir croisé alors que je quittais pour la seconde fois la rue de Verneuil. Deuxièmement, rien dans ces témoignages ne permet de déterminer quand le jeune homme inconnu a quitté Julia. Lui aussi, prend rang dans la liste des suspects possibles.
    — Je comprends que vous le souhaitiez, dit Sartine. Il nous reste à l'identifier avant de le saisir et de l'interroger.
    — Peut-être, observa Bourdeau, serait-il utile d'entendre M. Balbastre. Entre musiciens, on se connaît.
    — C'était bien dans mon intention de le convoquer, afin de le remercier de sa lettre de bon citoyen, répondit Sartine avec un sourire ironique.
    — D'autre part, reprit Bourdeau, j'observe aussi qu'il est étrange d'entendre Casimir évoquer l'assaisonnement du plat de poulet et des épices utilisées, alors que nous savons que des graines sont à l'origine de l'empoisonnement. S'il est innocent, son propos se comprend. Dans le cas contraire, il est bien sûr de lui et persuadé que la substance en question ne peut être retrouvée.
    On gratta à la porte et le Père Marie apparut, un pli à la main. Après avoir regardé le cachet, le magistrat l'ouvrit et prit connaissance du contenu. Il demeura un moment silencieux :
    — Voilà bien ce que je craignais..., dit-il enfin.
    Il relut la missive et la jeta avec colère sur son bureau.
    — Votre Balbastre est une vipère, et de celles qui frappent plusieurs fois ! Non content de m'écrire et de dénoncer, il a adressé cette correspondance à M. Testard du Lys, lieutenant criminel. Vous connaissez ce magistrat, l'ombre d'une ombre l'affole et le fait rentrer dans sa simarre ! Par chance, nos relations sont anciennes et confiantes et, depuis l'affaire Galaine il chante vos louanges. Mais il n'a pas seulement été informé par ce damné organiste, il l'est également par ce jeune musicien inconnu, et qui ne l'est plus. C'est certain Friedrich von Müvala, de nationalité suisse. Avant de repartir, car apparemment il a pris la poudre d'escampette dès hier, ce dernier n'a rien trouvé de plus convenable que de vous accuser d'avoir menacé Mme de Lastérieux, précisant qu'il vous avait surpris, engagé dans une besogne mystérieuse, dans la cuisine de la rue de Verneuil.
    — Mystérieuse ! fit Nicolas. Le même terme que celui utilisé dans la lettre de Balbastre...
    — Il saute aux yeux, dit Sartine, que ces deux-là se coalisent contre vous. Mais pourquoi ? Bourdeau, je suis le chef de la meilleure police de l'Europe. Vérifiez sur-le-champ le registre des étrangers, les arrivées et les départs. Les premières depuis six mois, les seconds d'hier. Je crois savoir qu'il y a ici des doubles.
    Bourdeau sortit précipitamment du bureau. Le lieutenant général de police marchait de long en large.
    — Et que souhaite le lieutenant criminel ? demanda Nicolas.
    — Rien d'autre, avec les circonvolutions d'usage aggravées par sa sourcilleuse courtoisie, que cette chose énorme : que je veuille bien lever ma main de votre tête, vous commissaire de police au Châtelet, et autoriser votre prise de corps pour que vous soyez conduit dans une

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