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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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se déroulait la manœuvre, des hommes s'égaillaient dans la mâture pour larguer les perroquets. Nicolas les regardait avec inquiétude progresser le long des vergues. Les toiles claquaient avec des bruits de fouets. Un frémissement s'empara du navire et des poulies grincèrent. Les voiles s'enflèrent dans la mâture et Le Zéphir prit le vent au plus près.
    Nicolas demeura sur la dunette heureux de respirer l'air du large et peu enclin à rejoindre le confinement de la chambre des passagers où certains, que l'on voyait remonter blafards, ne supportaient déjà plus l'agglutinement dans la puanteur des déjections. Une heure après l'appareillage, le vent avait tourné et soufflait décidément de l'arrière. Après quelques minutes d'observation, le capitaine décida de carguer des voiles pour permettre à celles de l'avant de prendre mieux le vent. Successivement la brigantine et la grand-voile s'abattirent. Cela ne suffit pas à rétablir la vitesse du bateau. Il apparut qu'il y aurait près de quatre heures d'erreur dans les calculs et les prévisions du capitaine. Le navire avait pris une erre trop faible pour respecter l'heure de la marée. Une houle coupée agitait Le Zéphir en tous sens. Peu de temps après, en vue de la côte anglaise, dont on devinait les falaises au loin, on mouilla l'ancre. Il fallait décidément attendre le moment propice. La toile fut amenée et le navire se tint vent debout, la proue dirigée vers la France d'où soufflait le vent dominant qui fraîchissait de plus en plus.
    La situation devint difficile pour les passagers enfermés, car les mouvements du navire, déjà si sensibles à pleine allure, l'étaient encore plus sur un bâtiment immobilisé et soumis à tous les caprices des flots. Nicolas, sur le tillac, admirait le spectacle des navires qui, libérés des ports d'Angleterre, débouchaient tous ensemble et faisaient route vers le continent, couvrant la surface des eaux. Il évaluait avec inquiétude les risques d'abordage car, à chaque instant, des bâtiments de grande taille surgissaient cinglant vers Le Zéphir au risque de le heurter, mais au dernier instant un habile coup de barre évitait la catastrophe et des saluts étaient échangés à portée de voix.
    La nuit tombait quand l'ordre d'appareiller fut donné. Nicolas, las d'être recouvert à l'avant de paquets de mer écumante, se tenait sur le plat-bord de la poupe. Il se sentit soudain saisi par les jambes et projeté dans le vide. Il eut à peine le temps d'appréhender la chute dans l'élément liquide qu'un obstacle le recueillit avec brutalité. Il se trouva allongé dans une coque qui puait le goudron, mais jamais odeur ne lui parut plus suave. Le dos contusionné, il demeura immobile et sentit sous ses reins un rouleau de cordage. Il comprit aussitôt que la petite yole suspendue à l'arrière l'avait recueilli et que, dans l'obscurité, son agresseur ne pouvait constater le résultat de sa tentative. La sagesse lui conseilla de demeurer immobile là où la providence avait voulu qu'il tombât. Il ne s'inquiéta pas de ses bagages, les ayant fait enfermer dans une armoire dont seul le capitaine possédait la clef. Il acheva ainsi la traversée ne craignant qu'une chose : que le mal de mer, auquel il était peu sensible, ayant, enfant, souvent accompagné les pêcheurs du Croisic, ne le prenne et ne l'anéantisse. Deux heures après, Le Zéphir entrait dans le port de Douvres.
    Nicolas attendit un temps raisonnable, et, son tricorne, retrouvé au fond de l'esquif, entre les dents, s'aidant des câbles et des sculptures de la poupe, il parvint au prix de quelques rétablissements gênés par son épée, à surgir sur le pont aux yeux de deux matelots effarés. Sans une explication, il courut récupérer son portemanteau, qui lui fut rendu par un capitaine impatient et inquiet. Il ne fit aucun commentaire, sauta sur le quai et mit le pied sur le rivage de la vieille Angleterre.
    Aussitôt, une nuée de gamins et de valets fondit sur lui et se pendit à ses basques, lui proposant qui, un moyen de transport, qui, un hébergement et toutes sortes de services. Il s'en débarrassa assez vite dès qu'ils reconnurent qu'il parlait leur langue et pouvait leur répondre. Un homme mal fagoté se présenta et lui demanda la permission de visiter son bagage. Ne souhaitant pas exciper de sa qualité de plénipotentiaire, il autorisa cette fouille, au demeurant courtoise. Cela lui coûta l'équivalent d'un écu à

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