Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Baraton
Vom Netzwerk:
avoue-t-il à un confident. Puis, le temps passant, il se pique au jeu, se jure de la conquérir et n’y parvient pas. Cela n’exclut pas quelques passes charmantes ou acrobatiques, le temps de se goûter, de se connaître, d’accrocher les corps pour mieux attacher le coeur, mais il faut attendre 1674 pour qu’elle devienne la favorite en titre.
    Elle lui a donné l’illusion qu’il prenait l’initiative, mais dans le fond, c’est elle qui mène la danse. Quelques années de cette course-poursuite font que le roi lui mange dans la main, sans perdre de sa superbe. Finalement, c’est elle qui l’a eu. A Paris, Athénaïs de Montespan était une précieuse, une beauté parmi tant d’autres, quoique plus belle que les autres ; à Versailles, elle devient un mythe.

Chapitre 7
    Nous n’irons plus aux bois
    Le problème, c’est Pardaillan. C'est un homme de coeur, et d’honneur : on ne naît pas gascon impunément. Alors devenir, quatre ans après avoir convolé, le premier cocu de France, c’est difficile à avaler. Certes, l’époque n’est pas aux unions d’amour : le mariage est un contrat, destiné à unir deux fortunes, deux familles et accessoirement deux coeurs. Celui de Françoise Athénaïs de Tonnay-Charente ne fut pas des plus faciles à arranger. Elle a trop de titres, et pas assez d’argent. Si un homme peut, à la rigueur, épouser en dessous de sa condition, il est impossible à une femme de s’unir à quelqu’un qui n’est pas au moins de son rang. Les prétendants se pressent autour de la divine marquise, la complimentent sur son esprit, sur ses charmes, sur ses talents, mais quand il s’agit de lui passer la bague au doigt, ces messieurs prennent le large. Ce qui n’est pas sans lui causer de l’aigreur, et une certaine méfiance vis-à-vis de lagent masculine. Finalement, à vingt-trois ans, la plus belle femme de France est encore demoiselle. Montespan est une aubaine : il est tout aussi noble, et tout aussi pauvre. Mieux, ils se plaisent : deux forts tempéraments, bien persuadés qu’ils ne resteront pas dans l’état de médiocrité sociale que leurs parents leur ont légué, et qui ne convient ni à leur nom, ni à leur ambition.
    Peu de temps après les noces, bien décidés à mener grand train, ils viennent à Paris, grâce à la nouvelle position que la reine a offerte à la jeune femme. A côté d’Henriette d’Angleterre, dont elle est la dame d’honneur, la toute nouvelle Mme de Montespan se pavane et illumine les salons parisiens : on ne parle que d’elle, de sa beauté, de son intelligence, tout le monde en est fou et on dit d’elle qu’elle est « une beauté à faire admirer à tous les ambassadeurs ». Seul le roi semble ne pas y prêter attention. Cela ne saurait durer, se dit la marquise. Pour faire tomber le roi dans ses charmants filets, il lui faut juste un peu de temps, ce que son mari lui refuse. Voici poindre leur premier désaccord, source de nombreuses querelles. A Paris, elle rayonne de beauté et d’esprit, il s’éteint à son côté, s’ennuie dans les salons intellectuels de son épouse, joue, perd tout ce qu’elle gagne, et ne tarde pas à devenir jaloux. Elle est faite pour l’amour et pour la capitale, il n’est pas homme àrester dans l’ombre de sa femme. Quand il la tient à son bras, on se demande ce qu’elle fait avec lui. Pire, parmi tous les regards qui ne se posent pas sur lui, mais sur sa femme, il y a enfin celui du roi. Pardaillan n’est pas du genre à vivre grâce au succès de son épouse. Il décide d’une retraite dans une de leurs demeures, dans les Pyrénées. Ils y seront roi et reine. Elle ne veut pas le suivre : qu’irait-elle faire dans une baraque dont ils ne savent pas même l’état, lorsque sa carrière, leur carrière, puisqu’il dépend d’elle, la Cour, Paris, leur sont si propices?
    Le roi ne saurait résister longtemps à son charme, elle voit son dédain qui faiblit, de même que la beauté de La Vallière, et déjà elle se voit en favorite. Depuis La Vallière, le statut de favorite est officiel, il comporte des droits et des obligations ; il est presque aussi important que le titre de reine. La favorite a ses oeuvres de charité, la communauté des filles de Saint-Joseph, des orphelines pauvres que l’on éduque aux travaux d’aiguille avant de les placer dans des grandes familles ou des couvents. A l’église, elle a son banc, elle siège au centre de la tribune. Accéder à ce

Weitere Kostenlose Bücher