Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Baraton
Vom Netzwerk:
mission à l’un de ses aides : si celui-ci ne présente, les jours suivants, ni furoncle, ni chancre, Lebel reprend le contrôle des opérations. Il essaie la jeune femme non plus pour des motifs sanitaires mais pour s’assurer qu’elle possède les aptitudes requises. Il lui glisse au besoin à l’oreille les coquineries que le roi aime faire, voir ou entendre.
    Louis XV déballe sans tarder le cadeau que son valet lui apporte. Dès le lendemain, il lui fait part de sa satisfaction. Bien qu’habitué à changer de partenaires, il s’étonne de découvrir avec Jeanne des plaisirs qu’il ne soupçonnait pas. Lebel lui aurait répondu : « Sire, c’est que vous n’êtes jamais allé au bordel. » Le monarque a succombé aucharme de la nouvelle et n’a plus qu’une idée, l’installer à ses côtés à Versailles. Jeanne est célibataire et cela n’est pas du goût de la Cour. En conséquence, Louis XV décide de l’unir à Guillaume du Barry, le frère de Jean, ce dernier étant déjà marié. Jeanne Bécu devient pour l’état civil Jeanne du Barry et son mari un homme prié, contractuellement, de déguerpir vite et loin. La « comtesse » peut enfin prendre possession de ses appartements dans le château.
    Rien n’est trop beau pour elle. Louis XV la couvre de présents. Des châteaux, des objets précieux, des tableaux de maîtres, de l’argent, beaucoup d’argent. Il lui garantit une rente annuelle d’un million deux cent mille francs, une véritable fortune. Lorsque le monarque demande à sa nouvelle conquête d’inaugurer le Petit Trianon voulu par la Pompadour, elle accepte avec enthousiasme. La Cour est heurtée, Choiseul ne décolère pas et Mme Louise, la propre fille du roi, s’éloigne de Versailles, préférant entrer au carmel et prier pour le salut de l’âme de son père. Tous se doutent que le pire est à venir. Ils ne se trompent pas.
    Les jardins du Petit Trianon sont une splendeur mais Jeanne ne s’y intéresse pas. Elle aime les fleurs dans les vases et les jardiniers dans les jardins. Les souliers crottés des ouvriers ne doivent pas salir lestapis précieux de sa nouvelle demeure. Mais contrairement à Marie-Antoinette quelques années plus tard, elle ne détruit en rien l’ordonnance du jardin botanique. Elle sait l’importance qu’il revêt aux yeux de son amant. Sa préoccupation première étant de satisfaire les besoins de son prince, elle se garde en tout de le contrarier. Afin de le combler davantage, elle donne des consignes pour améliorer le confort des appartements, fait poser sur les murs et aux plafonds des oeuvres légères mais peintes avec talent. Elle recommande en cuisine que soient servis à la table du roi des plats aussi revigorants que digestes et encourage Louis XV à consommer des rognons et des crêtes de coq au vin rouge, mets supposés aphrodisiaques.
    L'animosité qui règne autour de Jeanne va grandissant. Les dames de la Cour l’ignorent ou évitent de paraître à ses côtés, la famille royale fait front autour de Choiseul pour contrer les velléités de la favorite. Les filles de Louis XV sont les plus virulentes et malgré toute la tendresse qu’elles portent à leur père, elles ne veulent pas d’une catin au château. Choiseul, lui aussi, est outré : il aurait tant souhaité voir sa propre soeur dans le lit du roi ! Avec Jeanne disparaissent ses derniers espoirs de devenir jamais un intime du monarque. Un temps, la situation semble s’améliorer. Les nobles qui fréquentent Versailles commencent à comprendreque le roi est véritablement épris et qu’il ne vit point une amourette mais une passion destinée à durer. Ils apprennent à sourire à Jeanne, à s’incliner respectueusement sur son passage, guettent le carton qui les inviterait à souper. Jeanne, elle, reste la même et ne change rien à ses habitudes. Elle parle toujours trop fort, emploie des expressions vulgaires et jure comme un charretier. Elle aime aussi déambuler nue, ou presque, dans ses appartements privés pour le plus grand bonheur de son personnel tout en provoquant l’horreur et l’indignation des courtisans.
    Enfin Louis XV a le sourire. Un matin, alors qu’il regarde tendrement Jeanne dormir à ses côtés après une nuit mouvementée, un laquais lui rappelle l’audience qu’il a promise à deux ecclésiastiques. Ces messieurs sont déjà là. Le roi demande à ce qu’ils entrent sans plus attendre. Le cardinal de La Roche-Aymon accompagné du

Weitere Kostenlose Bücher