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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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des railleries et des quolibets. Pourtant Lancelot, dès les premiers assauts, défit sans pitié tous ses adversaires, soulevant ainsi l’enthousiasme des spectateurs.
    Alors la reine appela la suivante qui, la veille, lui avait servi de messagère. « Va donc, lui dit-elle, trouver le chevalier que tu connais et fais-lui savoir que la reine désire qu’il combatte au plus mal. » La jeune fille obéit et transmit à Lancelot ces volontés. « C’est bon, acquiesça Lancelot, je vais agir selon son vœu. » Et il partit ventre à terre vers un chevalier qu’il manqua de manière lamentable, ne cessant de se conduire en piètre combattant jusqu’à la nuit tombante, prenant tantôt la fuite, déséquilibré par un coup de sa lance, faisant mine d’avoir une peur horrible de ses adversaires, provoquant l’hilarité des chevaliers qui l’avaient admiré en début de tournoi et l’incompréhension des spectateurs qui se demandaient bien pourquoi le plus vaillant des champions était devenu soudain le plus lâche et le plus poltron des guerriers. Seule, la reine se réjouissait grandement de le voir obéir si aveuglément à ses volontés. « Au fond, dit une voix près d’elle, tu es pire que moi. » Guenièvre se détourna et reconnut Morgane. « Pourquoi dis-tu cela ? » demanda-t-elle. Morgane se mit à rire et regarda la reine d’un œil complice. « Me crois-tu si stupide pour n’avoir pas deviné ton manège ? Je sais bien qu’il s’agit de Lancelot, et je sais aussi que tu lui fais faire ce que tu veux, selon ton humeur. Ah ! Guenièvre ! Je croyais jusqu’à présent être la seule à pouvoir faire ployer un homme, mais je vois que je suis dépassée. Qu’a-t-il fait pour mériter ainsi ta haine ? » Guenièvre se garda de répondre, se doutant que Morgane connaissait leur secret à Lancelot et à elle. En suivant le chemin dans lequel voulait l’attirer sa belle-sœur, elle aurait tôt fait de tout lui avouer, ce qu’il fallait éviter à tout prix. Morgane était aux aguets, et le moindre faux pas de sa part pouvait lui être fatal.
    Quand cette deuxième journée de tournoi prit fin, Lancelot regagna ses quartiers sous les quolibets et les pires injures de la foule : « Le voilà donc, le plus poltron des chevaliers, le dernier des derniers ? Où va-t-il aller cacher sa honte ? Où devra-t-on le chercher ? Où pourra-t-on le trouver ? Peut-être ne le verrons-nous plus, car la lâcheté fait fuir à tout jamais ! Il emporte avec lui une telle brassée d’opprobre qu’il ne pourra jamais revenir se montrer ! Il n’a pas tort. Un lâche s’octroie davantage de bon temps qu’un preux, lorsqu’il s’adonne à d’ignobles plaisirs ! Pour lui, la lâcheté, c’est sûrement une dame cossue qui lui fournit bon gîte, bon couvert et le reste ! A-t-il su au moins lui donner un baiser pour lui manifester sa reconnaissance ? » Bref, la soirée entière, les uns et les autres donnèrent libre cours à leurs sarcasmes, se déchaînant sur le chevalier le plus couard et le plus vil qu’on eût jamais vu.
    Le jour suivant cependant, tout le monde revint, et le tournoi reprit. La reine se tenait de nouveau sur la bretèche, avec ses suivantes et quelques dames. « Eh bien, lui souffla Morgane, quelle sera ta fantaisie aujourd’hui ? » Une nouvelle fois, Guenièvre fit la sourde oreille. Elle appela sa messagère et lui dit d’aller auprès du chevalier qu’elle connaissait bien et de lui délivrer cette instruction de sa part : « Fais pour le mieux. »
    La suivante se hâta et répéta à Lancelot ce que lui demandait la reine. Il eut un sourire de satisfaction et regarda dans la direction de Guenièvre. Puis il dit à la suivante : « Assure ta maîtresse qu’il n’est point de conduite importune à mes vœux dès l’instant que j’agis à son gré, car tout ce qui lui plaît me contente le cœur ! La jeune fille revint vers Guenièvre et lui rapporta mot à mot la réponse de Lancelot. Mais elle ajouta : « Dame, je n’ai jamais vu chevalier au cœur si complaisant, car tout ce que tu lui commandes, il l’accomplit, que ce soit pour sa gloire ou pour sa honte ! – Par ma foi, dit la reine, il se peut qu’il en soit ainsi. » Et elle s’installa pour regarder les joutes. Morgane l’observait, le sourire aux lèvres. Mais, dans son cœur, un orage tumultueux se déchaînait. « Ah ! rageait-elle intérieurement, si j’avais un tel

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