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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sur les saintes reliques que je les garderai sains et saufs et que je leur restituerai leur héritage lorsqu’ils seront en âge d’être chevaliers, et aussi le royaume de Bénoïc qui leur revient, puisque j’ai entendu dire que le fils du roi Ban était mort. Il est grand temps que je pense à sauver mon âme. J’ai dépouillé leur père en guerre loyale parce qu’il ne voulait pas me rendre hommage : ses enfants seront rois s’ils me reconnaissent comme leur seigneur. »
    Ainsi parla le roi Claudas. Il fit apporter les saintes reliques et jura solennellement devant tous les barons que jamais les fils de Bohort n’auraient mal et injustice de sa part, mais qu’au contraire, il leur conserverait leur terre jusqu’au moment où ils seraient capables de la tenir. Après quoi, il les confia à la garde de Pharien et d’un neveu de celui-ci qui avait pour nom Lambègue. Cependant, quelques semaines plus tard, il fit enfermer les enfants et leurs deux protecteurs dans une tour solidement fortifiée, car, redoutant l’avenir, il pensait que ces otages pourraient bien lui être utiles en cas de besoin (12) .
    Mais, contrairement à ce que croyait Claudas de la Terre Déserte, le fils du roi Ban était bien vivant. La jeune femme qui l’avait emporté était une fée. En ce temps-là, on appelait fées toutes les femmes qui s’entendaient aux enchantements, et il y en avait plus en Bretagne que dans toute autre terre. Elles connaissaient la vertu des paroles, celle des pierres et des herbes, et grâce à cette science, elles se maintenaient en jeunesse, beauté et richesse à leur volonté, se baignant souvent dans des fontaines remplies d’herbes magiques qu’on appelait « Fontaines de Jouvence ». Tout cela avait commencé au temps de Merlin, le sage devin qui savait le passé, le présent et l’avenir, qui pouvait faire voler les pierres et découvrir les grands trésors qui se trouvaient sous terre ou dans les profondeurs de la mer, et qui, par la puissance de sa magie, construisait en quelques instants de magnifiques palais ou des forteresses imprenables. Les Bretons avaient honoré Merlin, mais ils l’avaient également redouté, parce qu’il ne tolérait pas le mal et l’injustice : ils l’avaient appelé leur saint prophète, bien qu’il fût fils d’un diable ; et certains, surtout dans le menu peuple, disaient même que c’était un dieu. Et la jeune femme en blanc qui avait emporté dans ses bras le fils du roi Ban était cette Viviane que Merlin aima avec tant de passion et à qui il avait appris tous ses enchantements. C’est cette Viviane, qu’on appelait maintenant la Dame du Lac, qui avait enfermé Merlin dans une tour d’air invisible, où elle venait le rejoindre très souvent lorsque le soir tombait sur la forêt.
    Du reste, la Dame du Lac n’était plus tout à fait cette insouciante Viviane qui passait son temps à errer dans les bois, dont son père disait qu’elle ne serait jamais bonne à rien et que Merlin avait rencontrée au bord d’une fontaine. Elle avait conservé toute sa fraîcheur et toute sa beauté, mais elle était devenue sage et réfléchie. Merlin lui avait enseigné tous ses secrets, en particulier l’art des enchantements ; et, de plus, depuis qu’elle s’était donnée corps et âme au devin, l’amour de celui-ci l’avait complètement transformée. Elle se sentait à présent désignée pour une grande mission : perpétuer une tradition qui remontait à la nuit des temps. Elle savait que seules deux femmes étaient les héritières de Merlin, elle-même et Morgane, la sœur du roi Arthur. Toutes deux avaient le devoir de veiller sur le monde et d’y intervenir chaque fois qu’il serait nécessaire. Merlin lui avait révélé en outre qu’un jour lointain elle serait chargée en personne de reprendre Excalibur, l’épée de souveraineté qui avait été confiée à Arthur, et de la garder en un lieu ignoré de tous pour la transmettre plus tard à celui qui reviendrait unifier le royaume démantelé. Merlin lui avait dit encore qu’elle devait prendre soin du fils du roi Ban parce que celui-ci était promis aux plus hautes destinées.
    Voilà pourquoi la Dame du Lac n’avait pas hésité, lorsqu’elle avait vu la mort du roi Ban, la détresse de la reine Hélène et la menace des hommes de Claudas, à ravir le jeune enfant à sa propre mère et à l’entraîner dans son palais merveilleux, apparemment insensible aux cris et à la

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