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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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donner ce qui m’appartient ? demanda-t-elle. – Dame, répondit-il, je sais bien que je suis ici sous tes ordres, mais en plus, je suis gouverné par un écuyer qui a le tempérament d’un lâche. Je crois que pendant longtemps encore, il faudra que je me garde de bien des choses ! D’ailleurs, quand je ne supporterai plus d’être ici, je m’en irai, et personne ne pourra m’en empêcher. Mais avant de m’en aller, je veux quand même dire qu’un cœur d’homme ne peut parvenir à l’honneur s’il demeure trop longtemps sous tutelle, car il lui faut trop souvent trembler. Je ne veux plus de maître, je dis bien maître et non seigneur ou dame. Malheureux le fils de roi qui ne peut donner son bien quand il lui plaît ! »
    La Dame du Lac reprit doucement : « Bel enfant, penses-tu vraiment être fils de roi, ou n’est-ce pas parce que je t’appelle parfois ainsi ? Tu n’es point fils de roi, tu es seulement le Beau Trouvé. – Dame, répondit l’enfant en soupirant, cela me peine, car mon cœur me dit que je pourrais être fils de roi. » Alors la Dame le prit par la main, et, l’emmenant un peu à l’écart, elle le baisa sur la bouche et sur les yeux si tendrement qu’à les voir, personne n’eût pu croire qu’elle n’était pas sa mère. « Beau fils, dit-elle encore, ne sois pas triste. Je veux qu’à l’avenir tu puisses donner ce qu’il te plaira de donner à bon escient et à ceux qui le mériteront. Je veux aussi qu’à l’avenir tu sois maître et seigneur de toi-même. Quel que soit ton père, tu as montré que tu as le cœur d’un roi. »
    Cet incident fit longuement réfléchir Viviane. Certes, elle était heureuse de reconnaître en cet enfant le caractère entier et fier qui caractérise un fils de roi, mais elle se disait qu’il fallait peut-être compléter son éducation par le contact d’autres jeunes garçons de son âge. Puis elle appela auprès d’elle une de ses suivantes qui avait nom Saraïde. C’était une belle jeune fille au teint clair et aux grands yeux bleus, à la chevelure rousse abondante, et à qui elle avait enseigné beaucoup de ses secrets. Saraïde était experte en tous les arts et savait aussi les enchantements. Elle lui parla longuement et lui exposa son projet. Enfin, elle envoya la jeune fille en la cité de Gaunes.
    C’est là qu’étaient toujours enfermés, sur ordre de Claudas de la Terre Déserte, les fils du roi Bohort, avec leur maître Pharien et le neveu de celui-ci, Lambègue. Il y avait avec eux quelques valets qui les servaient fidèlement et rien ne leur manquait en fait de nourriture et de boisson. Mais il leur était impossible de sortir de cette tour, ne serait-ce que pour aller se promener, et le temps leur semblait long.
    Un soir, les enfants étaient assis pour le souper, ensemble à la même table, car ils mangeaient toujours dans la même écuelle ; Lionel, comme à son ordinaire, faisait paraître un si bel appétit que chacun s’en émerveillait. Pourtant, en le voyant ainsi, plein de vitalité, Pharien se mit à pleurer si fort que ses larmes tombèrent sur son vêtement et sur le plancher, sous la table où ils soupaient. « Qu’as-tu donc, cher maître ? s’écria Lionel. Pourquoi pleures-tu ainsi ? – Laisse, beau seigneur, répondit Pharien. Tu ne gagnerais rien à le savoir, sinon d’être triste et irrité. » Lionel se leva et dit : « Par la foi que je dois à l’âme du roi Bohort, mon père, je jure que je ne mangerai plus tant que je ne saurai pas pourquoi tu pleures, et par la foi que tu me dois, je te conjure de me le dire ! » Pharien soupira longuement, s’essuya les yeux et dit : « Je pleure parce qu’il me souvient du temps où la gloire du roi Bohort était reconnue de tous. Comment ne serais-je pas triste, moi qui vous vois, ton frère et toi, dans cette prison inconfortable alors qu’un autre tient sa cour où vous devriez avoir votre demeure, alors qu’un maudit porte une couronne qui vous revient de droit à l’un ou à l’autre ! »
    Lionel sentit qu’il avait envie de pleurer. C’était un étrange garçon que ce Lionel. Il était grand et fort, l’œil clair et vif, le visage toujours tendu. Il avait reçu son nom parce qu’il portait sur la poitrine une tache vermeille qui ressemblait à la forme d’un lion. C’était le cœur d’enfant le plus ouvert qu’on eût jamais connu. Plus tard, Galehot, le fils de la Géante, seigneur des Îles

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