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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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paroles mirent fin au combat. Pharien fit disperser les combattants des deux partis et entra dans le palais avec Claudas qui, épuisé par sa blessure, s’évanouit. Ses gens se hâtèrent de lui retirer son heaume et de l’asperger d’eau froide, si bien qu’il reprit bientôt connaissance. Puis les médecins lui soignèrent ses plaies et les bandèrent. Le roi Claudas endura tout avec un grand courage, mais, en son for intérieur, il était très mortifié d’avoir été vaincu par Pharien et une populace déchaînée contre lui. Or, à ce moment-là, ceux que l’on croyait les fils du roi Bohort reprirent leur aspect véritable, c’est-à-dire celui de deux lévriers, à la grande stupéfaction de tout le monde et du roi lui-même. Lorsqu’il vit les deux chiens à visage de prince qu’on venait d’amener, Pharien sentit une telle angoisse en son cœur que, pour un peu, il eût perdu conscience. « Ah, roi Claudas ! s’écria-t-il. Tu as juré de me rendre les deux fils du roi Bohort, et ce sont deux lévriers que tu me présentes !
    — Hélas ! répondit piteusement le roi. Je vois que nous avons été joués par la jeune fille qui venait de la part de la Dame du Lac. Ce sont les deux lévriers qu’elle a amenés tantôt devant moi, et je vois bien qu’elle a enlevé les enfants par enchantement ! Ce n’est pas ma faute : je suis prêt à être ton prisonnier sur parole et à te servir d’otage jusqu’à ce que tu aies la certitude que Lionel et Bohort sont sains et saufs. Mais jure sur ta foi de me garantir jusque-là ! » Pharien hésitait, car il craignait de ne pouvoir protéger le roi contre son neveu Lambègue dont l’excitation ne cessait de croître. Il n’avait même plus confiance dans les gens de Gaunes qui étaient prêts à faire payer très cher à Claudas les maux qu’ils avaient subis depuis tant d’années. Il pensait en outre que, s’il arrivait malheur à Claudas après qu’il l’aurait pris sous sa garde, il en serait déshonoré à tout jamais. Aussi voulut-il consulter les barons avant de s’engager. Il faisait nuit, mais on avait allumé tant de torches et de lanternes qu’on y voyait presque comme en plein jour.
    Pharien parla et exposa son point de vue. Immédiatement, Lambègue intervint :
    « Comment, bel oncle ? Tu veux prendre sous ta sauvegarde le traître qui a tué nos seigneurs et qui a commis tant de méfaits à ton égard ! Si le peuple savait ce que je sais, tu ne serais certes pas écouté ! » Pharien regarda son neveu avec insistance. Il avait fière allure, mais tous ses membres tremblaient. « Beau neveu, dit calmement Pharien, je ne suis pas surpris que tu aies si peu de raison. Bon sens et prouesse ne font pas toujours bon ménage, du moins à l’âge que tu as. Toutefois, afin que tu y voies un peu plus clair dans le miroir de la sagesse, je vais t’enseigner ceci : à la bataille, n’attends personne et pique des éperons le premier pour donner, si tu le peux, de grands coups sur l’adversaire. Mais au conseil, tant que tu seras jeune, garde-toi de faire entendre tes avis avant que les anciens aient parlé. Ceux qui t’entourent savent mieux que toi où se trouve la raison. Je ne vois parmi eux aucun baron qui n’ait rendu hommage à Claudas, de gré ou de force, foi et hommage à mains jointes, dans les formes qui conviennent. Ainsi, par serment, tous doivent aide et protection au roi Claudas et défendre sa vie comme la leur propre. Car il n’est pire déloyauté que de faire périr le seigneur à qui on a juré fidélité. Si le seigneur a commis quelque méfait envers un homme lige, celui-ci peut le citer devant les barons dans un délai de quarante jours ; et, s’il ne peut obtenir justice, alors, il peut dénoncer son hommage, mais publiquement, devant ses pairs, et non pas en secret. Encore n’a-t-il pas pour autant le droit de le tuer, car, de toute façon, celui qui répand le sang de son seigneur est traître et parjure, et même meurtrier, à moins qu’il n’y ait eu crime réel ou félonie reconnue par tous. » Pharien se tut un instant, puis il s’adressa à tous les assistants : « Seigneurs, dit-il, si vous voulez jurer que Claudas n’aura rien à redouter de vous, quels que soient les reproches qu’on peut lui faire, je le prendrai sous ma sauvegarde. Sinon, que chacun agisse pour le meilleur ou pour le pire. Pour moi, je sais ce que je ferai, et ma conscience est en repos. Dites-moi donc ce

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