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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Bruce et les autres, des hommes impitoyables déterminés à ne pas abandonner un seul pouce de leur sol aux Anglais.
    Les traits souriants de Maeve revinrent le troubler, aussi s’efforça-t-il de se reprendre en observant ce qui se passait dans la grand-salle où les agapes commençaient. Les cuisiniers de l’évêque de Londres avaient fait de leur mieux pour présenter un banquet digne de ce nom, malgré la saison : colverts en tourte, sarcelles, menus oiseaux au lait d’amande, chapons rôtis glacés au sirop, veaux et porcs rôtis, hérons, viandes à la sauce tartare, gelées, rôt de lapin, faisans, gibiers, hérissons en tourte dans une sauce épicée, grues, perdrix, crèmes, oranges, sucreries, le tout servi par une myriade de pages qui versaient de généreuses rasades de vin rouge capiteux dans les gobelets d’étain. Malgré son long jeûne, Corbett n’avait pas faim. Il revoyait encore le visage de Montfort avec sa bouche noirâtre et sa langue gonflée. En outre, dans un recoin de la salle, il venait d’apercevoir un chat qui emportait le cadavre à demi rongé d’un rat, et cela, plus la vue d’ulcères sur les bras et les mains de quelques serviteurs, lui avait coupé l’appétit. Il sirota donc tranquillement sa boisson, se jurant d’aller en ville dès la fin du banquet pour satisfaire son appétit.
    Plumpton bavardait toujours et Corbett le laissait dire, l’oeil rivé sur son écuelle en bois et y suivant du doigt les versets de la Bible inscrits en lettres dorées. C’était vraiment cela, la richesse. Les chanoines de St Paul ne connaissaient peut-être pas grand-chose de la pauvreté, mais en savaient certainement long sur le luxe. Même chez une personne de la noblesse, le tranchoir {16} n’aurait consisté qu’en un morceau de pain rassis, mais pas ici. Les gobelets étaient en étain, les plats en or ou en argent, les bougies de cire vierge, les épaisses tentures sur les murs, brodées d’or. Pas de simples dalles au sol, mais du bois poli recouvert de tapis. Les braseros en métal noir luisant, portés au rouge, marchaient au charbon de bois et emplissaient la pièce non seulement de chaleur, mais aussi de senteurs odoriférantes. Plumpton, vêtu d’un épais habit à capuchon bordé d’hermine et les mains potelées couvertes de bagues, puait le parfum comme une femme, ce qui écoeurait Corbett, assis à ses côtés. Le chanoine ne semblait pas s’en apercevoir, tout occupé qu’il était à décrire l’administration de la cathédrale, mais à la fin, n’y tenant plus, Corbett l’interrompit :
    — Sir Philip, demanda-t-il doucement, qui pouvait bien souhaiter la mort de Montfort ?
    Plumpton se tourna vers lui, un large sourire éclairant son visage :
    — Eh bien, moi, par exemple !
    — Vous ne l’aimiez pas ?
    — Non, je n’aimais guère le doyen. C’était quelqu’un d’étrange, de secret. Je convoitais son poste, sa fonction de doyen qui aurait dû être mienne, d’ailleurs.
    Corbett fut un peu estomaqué par tant de franchise.
    — Et qui d’autre ne l’appréciait pas ?
    Plumpton parcourut la salle du regard et écarta les mains en un geste d’ignorance.
    — La cathédrale est une petite cité ; il y a l’évêque, le doyen, le trésorier, le sacristain, l’aumônier, le bibliothécaire. Nous avons nos serviteurs, ceux qui nettoient l’édifice, ceux qui travaillent aux cuisines, nos pourvoyeurs de gibier, nos lavandières, nos messagers, nos tailleurs. Je ne crois pas que vous trouverez quelqu’un qui aimait « Messire » de Montfort ou qui le pleurera à chaudes larmes.
    Il savoura son vin et scruta attentivement Corbett.
    — Et vous, Messire, croyez-vous à un accident ? Je vous ai entendu affirmer que c’était un assassinat, et c’en est un, n’est-ce pas ?
    — À votre avis ? demanda Corbett. Qui voudrait tuer le doyen de St Paul ?
    Plumpton grimaça un sourire :
    — Pourquoi ne pas le demander à votre maître, le roi ?
    Corbett posa une main ferme sur le bras du chanoine :
    — Certains verraient de la trahison dans ces paroles.
    Plumpton repoussa lentement la main du clerc.
    — Certains, Messire, affirmeraient que c’est dans cette direction qu’il faut chercher la vérité.
    Il soutint, sans broncher, le regard de Corbett.
    — Pourquoi ne pas questionner le roi ? Après tout, n’est-ce pas Bassett qui a apporté une bouteille d’excellent bordeaux, cadeau de votre maître, juste avant le

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