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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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vais, l’esprit en paix.
    Il s’était retiré après avoir salué le roi en laissant Surrey – certes pas le plus fin des compagnons d’Édouard – se demander s’il avait été insulté ou non.
    Corbett avait soigneusement choisi sa place. Il se défiait de Plumpton – un peu trop onctueux, un peu trop affable, presque heureux et soulagé que Montfort fût mort. Quelqu’un, songea-t-il, qu’il fallait sonder. Aussi, quand les invités avaient pris place, s’était-il glissé discrètement sur le banc près de Plumpton. Le chanoine, apparemment enchanté de sa compagnie, l’entraîna rapidement dans une conversation détaillée sur l’histoire de la cathédrale, en évitant soigneusement d’aborder le sujet de la disparition du doyen. Corbett l’écoutait attentivement tout en se demandant où se trouvaient Bassett et Ranulf. Ce dernier, n’ayant pu trouver de place dans la grand-salle, s’était avisé, avec sa vivacité d’esprit coutumière, qu’il serait servi plus vite et plus copieusement dans les cuisines, s’il prétendait appartenir à la suite du monarque. Quant à Bassett, le roi lui avait sans doute confié une tâche à accomplir en secret. Tandis que Plumpton discourait, Corbett pensait à Bassett, ce jeune chevalier banneret, probablement issu de l’aristocratie foncière. Il connaissait ce genre d’hommes : on en voyait de plus en plus à la cour ; dévoués corps et âme au souverain, ils semblaient être l’incarnation même de la terrible maxime : « La volonté du Prince a force de loi. » C’était le cas de Bassett : un jeune ambitieux impitoyable pour qui rien n’existait, ni morale, ni bien ni mal, ni paradis ni enfer, ni droit ni tort, ni grâce ni péché, rien, si ce n’était la volonté du prince.
    À mesure qu’Édouard prenait de l’âge, il semblait s’entourer de plus en plus de tels individus. Même jeune homme, il n’avait jamais pu accepter qu’on lui tînt tête ; à présent qu’il était vieux, il ne supportait plus aucune résistance, fût-elle légère. Corbett l’avait vu se battre au pays de Galles autrefois et faire preuve de magnanimité envers des rebelles vaincus, mais maintenant ? Le magistrat observa son souverain siégeant dans ses habits d’apparat à la haute table du fond de la salle. Maintenant, c’était différent. Corbett avait eu des échos de l’expédition en Écosse, de la boucherie et de la folie meurtrière du souverain. Des hommes comme Surrey, assis à côté du roi, n’étaient que les instruments de cette fureur. Surrey était un bon soldat, un vétéran. Il était capable de mettre une ville à feu et à sang aussi facilement qu’il traversait une rue ou montait à cheval. Parfois, Corbett se demandait s’il devait servir le roi ou non. Ses terres du Sussex lui procuraient de bons revenus et il était l’heureux propriétaire de maisons dans le Suffolk, à Shotters Brook, Clerkenwell et Bread Street, à Londres. Il se récita le verset des Évangiles : « Que vaut donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? » Il lui fallait louvoyer dans les arcanes de la cour, où il était si facile de perdre son chemin, et finalement son âme.
    Cette enquête posait le même genre de problème. Le calice, pensait-il, avait très bien pu être destiné à Montfort, mais il se souvint d’une conversation avant la messe, qu’assis derrière le souverain il avait surprise. Bassett avait rappelé au roi que Montfort lui présenterait le calice en geste d’amitié, et qu’il devrait y boire. Mais qui voulait la mort d’Édouard ? Corbett soupira. Des centaines de gens. Philippe de France, par exemple, son ennemi juré, qui ne serait que trop heureux de voir le roi mourir dans un accès d’ivrognerie ou s’effondrer devant le maître-autel de sa cathédrale, et s’empresserait de proclamer à toute la chrétienté que c’était là le châtiment de Dieu envers un roi perfide. Il y avait ensuite les princes gallois au coeur félon, prêts à la rébellion. Corbett avait déjà eu affaire à eux ; c’est à cette occasion qu’il avait rencontré Maeve, dont le doux visage en forme de coeur, encadré par une longue chevelure blonde aux reflets argentés, s’imposa à son esprit. Corbett ferma les yeux pour repousser cette vision. S’il se mettait à penser à elle, il n’arriverait à rien. Et enfin, bien sûr, on ne pouvait omettre les Écossais dont il avait rencontré les chefs,

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