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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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était sûr de l’avoir vu siroter du vin lors du banquet qui avait suivi la mort de Montfort. Le bibliothécaire mentait-il ? S’il disait la vérité, l’explication logique était que le poison avait été versé par Blaskett ou Luce. Ou encore par Plumpton qui, sur la gauche de Montfort, pouvait très bien être le mystérieux assassin. Sans compter que, même si Eveden n’avait pas bu, cela n’empêchait pas qu’il ait pu empoisonner le calice.
    Corbett examina à nouveau le plan. Il essaya de se remémorer le maître-autel tel qu’il était lorsque le roi lui avait demandé de l’inspecter. Il avait aperçu quelque chose d’anormal, qui le chiffonnait d’étrange façon, quelque chose qui n’était pas à sa place. Il se souvint des taches sur le devant de l’autel et du vin sur le tapis. Son esprit traquait l’énigme. Il avait l’impression d’être un chien qui, lâché dans une forêt, aurait pourchassé des ombres. Il n’avait rien découvert de très important, à part la présence d’une force maléfique à St Paul. Peut-être, en tant que loyal serviteur du suzerain, devrait-il exiger que l’évêque de Londres menât l’interrogatoire des chanoines et extirpât cette force maléfique, car le Mal se dissimulait derrière les rivalités, jalousies et rancoeurs normales dans toute petite communauté vivant en vase clos.
    Corbett passa le plus clair de la soirée de dimanche à tenter de résoudre le mystère, mais en vain. À la fin, il reposa sa plume, ouvrit les vantaux de la fenêtre et contempla la ville. De lourdes nappes de brume, surgies de la Tamise, l’avaient envahie et cachaient le ciel. Il ne distinguait, par-ci par-là, que l’éclat tremblotant d’un feu ou les lueurs des lanternes accrochées à l’entrée de leur demeure par les Londoniens. Il voulait en terminer avec cette affaire. Il pensa à Ranulf, là-haut, dans sa soupente, et envia l’aptitude du jeune homme à profiter de chaque instant de la vie. Il leva les yeux. Là-bas, au pays de Galles, les mêmes cieux enveloppaient Maeve comme un linceul. Il ressentit soudain le désir brûlant d’être à ses côtés et éprouva une telle soif d’elle qu’il crut défaillir. Il ne pensait plus qu’à son doux visage encadré par sa longue chevelure blonde et à ses grands yeux innocents qui pouvaient, à tout moment, étinceler d’une lueur taquine ou flamboyer de colère. Il était las de la ville, des rues nauséabondes, des déchets d’abattoir, des tas noirs d’immondices, du fleuve paresseux, des courtisans arrogants, des querelles et des prises de bec des clercs et surtout de l’animosité des chanoines de St Paul, ces menteurs, ces débauchés qui auraient dû suivre la voie du Bien, mais semblaient s’être égarés en chemin. Il était agacé par le roi qui lui avait confié cette mission : ce souverain jaloux de son pouvoir ne l’avait accablé d’honneurs que parce qu’il le servait bien. Et pourtant il n’aspirait vraiment qu’à être assis devant la cheminée, Maeve dans ses bras, dans une salle reculée du château de Neath qui dominait la mer déchaînée. Ranulf, dans sa soupente, se félicitait de sa fuite rapide et miraculeuse de la chambre de la mercière lorsqu’il entendit les accents mélodieux de la flûte. Il comprit que Corbett était d’humeur mélancolique et regretta de ne pouvoir l’aider. La musique ne s’arrêta qu’au point du jour : Ranulf sut alors que son maître avait trouvé la paix dans le sommeil.
    Corbett ne se leva que tard le lendemain matin, lorsqu’il fut réveillé en sursaut par des coups violents frappés à la porte du rez-de-chaussée. Jetant une cape autour de ses épaules, il dévala l’escalier et ouvrit. Les nappes de brume tournoyaient et frémissaient comme la vapeur d’un chaudron. D’abord, il ne vit personne.
    — Qui est là ? s’écria-t-il avant de reculer d’un bond quand une silhouette maculée de boue, une estafilade sur le visage, franchit le seuil.
    En premier lieu, l’idée que c’était un tueur à gages lui traversa l’esprit, mais l’homme rabattit son capuchon trempé et laissa choir sa cape.
    — Messire Corbett ?
    — Lui-même.
    — Je suis John Enderby, courrier du shérif de l’Essex.
    Il tendit un fin rouleau de parchemin à Corbett qui en brisa immédiatement le sceau rouge et blanc. La lettre ne consistait qu’en quatre lignes : le shérif lui envoyait ses salutations, les renseignements qu’il

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