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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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férocement le pouce, sans sentir aucune douleur. Seigneur ! ce qu’il détestait ce gêneur ! Avec son long visage sombre encadré de cheveux noirs ébouriffés, et ses yeux de chat, obliques, verts, toujours sur le qui-vive, qui avaient quelque chose de glacial et de distant... L’homme se frotta les mains en souriant. Oui, il faudrait s’occuper de Corbett et il faudrait s’en occuper rapidement.

 
    CHAPITRE XII
    Corbett consacra les trois journées suivantes à passer au crible les comptes que Montfort avait jetés à la va-vite sur des feuilles de parchemin cousues de grosse ficelle. Il n’y figurait aucune référence à la cathédrale ; c’était une simple liste non seulement de dépenses, mais encore d’impressionnants dépôts d’argent chez plusieurs banquiers. Corbett se demanda fugitivement combien, parmi ces derniers, admettraient détenir des fonds au nom du doyen. Il était fasciné par la diversité des sources de revenu : certaines sommes étaient peu importantes – traitements et bénéfices ecclésiastiques, dons de parents proches ou de fidèles –, mais d’autres, au contraire, étaient considérables, consistant littéralement en centaines de livres sterling, en sacs remplis de pièces d’argent, qui provenaient, chaque trimestre, de deux endroits : le manoir de Cathall en Essex et les maisons de Londres.
    Corbett connaissait à présent le secret des résidences londoniennes, mais Cathall l’intriguait. Il songea à s’y rendre, mais après de nombreux aller-retour jusqu’au seuil pour juger du temps, il décida que la situation pouvait encore empirer et qu’il valait mieux ne pas courir le risque d’être bloqué par les intempéries dans un village de l’Essex. En outre, si le dégel continuait, ses lettres parviendraient bientôt au shérif et autres officiers de l’Essex qui recueilleraient alors les renseignements à sa place. Puis Corbett s’interrogea sur les apparitions intermittentes de Ranulf ces derniers temps : il était venu une fois pour changer de vêtements, une autre fois pour demander de l’argent à son maître qui le lui avait accordé machinalement. Le clerc ne cherchait pas trop à savoir ce que faisait son serviteur. Il lui avait défendu, une fois pour toutes, d’enfreindre la loi, mais en dehors de cela, il le laissait se débrouiller avec sa conscience et son confesseur. Cela dit, il était persuadé que Ranulf s’adonnait sans retenue aux plaisirs de la chair pour l’avoir souvent vu conter fleurette, au mépris de tout danger, aux épouses et filles d’autrui.
    Les soupçons du clerc étaient tout à fait fondés, car Ranulf courtisait, pour l’heure, la jeune épouse d’un mercier, une arrogante donzelle aux hanches bien arrondies. Cela faisait des jours qu’il la poursuivait de ses assiduités, convaincu que sa proie allait bientôt succomber. Ce dimanche soir, pourtant, il revint au logis de Bread Street avec une botte en moins. Corbett, plongé dans ses pensées, ne le remarqua pas, et Ranulf manqua de l’humilité nécessaire pour avouer que, se préparant à une nuit de délices dans la chambre de sa conquête, il avait soudain vu surgir le mari, censé être au loin pour son négoce, qui avait écourté son voyage en raison des intempéries. Ranulf avait été forcé de prendre la poudre d’escampette, poursuivi par les cris rageurs de l’un et les hurlements apeurés de l’autre.
    Il s’était glissé furtivement dans sa chambre, redoutant les questions de son maître, mais ce dernier était totalement plongé dans la reconstitution des événements de St Paul.
    D’abord Corbett détailla la tenue de chaque chanoine : l’aube blanche retenue par une cordelière, la chasuble, l’imposante chape, aux couleurs de la fête du jour, tissée d’or et ornée de pierres fines, l’étole de même couleur et l’amict. Il repensa aux chasubles et aux épaisses chapes parsemées de joyaux qu’il avait vues dans l’armoire de la sacristie.
    Ensuite il étudia à nouveau la position des célébrants ce jour-là : Eveden et Ettrick, l’Écossais, à la droite de Montfort, le jeune Blaskett, Luce et Plumpton à sa gauche. Il retraça le trajet du calice qui, remis à Ettrick, avait été passé à Plumpton, Luce et Blaskett, avant que Luce et Plumpton ne le redonnent à Montfort qui avait commis le geste fatal. Eveden avait assuré Corbett qu’il n’avait pas bu le vin consacré. Le clerc hésitait à le croire. Il

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