L'Anneau d'Atlantide
facile !
— Surtout si vous ajoutez lady Clémentine qui se voit déjà veuve ! Étant donné les… activités annexes de son colonel de mari, elle devrait être mieux entraînée à ces éclipses inexplicables qui s’expliquent parfaitement quand le héros reparaît !
Ce fut une journée éprouvante parce qu’elle parut interminable aux trois hommes réunis dans le cabinet de travail d’Henri Lassalle. Sauf peut-être pour ce dernier : enfin, il pouvait contempler l’Anneau ! Le tenir dans ses mains interminablement, le faire briller dans un rayon de soleil ! Il en montrait une joie enfantine qui tapait légèrement sur les nerfs des deux autres…
Et la nuit vint. Rapide comme toujours après un merveilleux coucher de soleil déployant un éblouissant kaléidoscope de pourpre, d’or et d’améthyste auquel personne ne prêta attention. Enfin, le téléphone sonna.
— Lassalle ! annonça celui-ci d’une voix ferme due sans doute au fait qu’il tenait encore l’Anneau.
Il écouta sans rien dire pendant quelques instants puis raccrocha :
— Voilà ! dit-il à Adalbert. Tu dois être à minuit, seul et sans armes, au ponton du Cataract. Un bateau t’y attendra…
— C’est tout ? fit Aldo.
— Ça ne vous suffit pas ?
— C’est surtout inattendu ! Nous pensions au château d’Ibrahim Bey. On dirait qu’Assouari a choisi de rentrer chez lui ?
— Mon cher ami, dites-vous bien qu’il est tout sauf naïf. Ce choix ne signifie ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas la place qui manque sur le Nil et dans ses îles.
— Alors il faut essayer de le surveiller en prenant les devants. En dehors de votre dahabieh, vous avez certainement un bateau ?
— J’en ai même plusieurs. Vous voulez…
— Que Farid me conduise à l’un d’eux. Une barque de préférence, facile à manœuvrer en solitaire. J’irai y attendre qu’ils emmènent Adalbert…
— Tu tiens vraiment à te faire bousiller ? protesta celui-ci. Si Plan-Crépin a raison et si Assouari veut me capturer, le mieux est de le laisser faire. Cela voudra dire au moins que je ne serai pas en danger immédiat…
— En outre, je vous vois mal manœuvrer une barque sur le Nil en pleine nuit…
— Je ne refuse pas d’aide ! coupa Aldo sèchement. Ce que je refuse, c’est de te perdre de vue !
— Pas pour longtemps peut-être ? avança Adalbert sur le mode apaisant. Une fois dans la place, je pourrai réussir à faire un signe… ou à m’évader ?
— Non, mais je rêve ? répliqua Aldo, suffoqué. Tu veux que je te laisse enlever par ce cannibale ?
— Pourquoi non ? À ne te rien cacher, j’avoue que j’aimerais jeter un coup d’œil sur ce plan qu’il prétend détenir et puis…
— Et puis, ragea Aldo, tu te damnerais pour être auprès d’elle, n’est-ce pas ? Dieu Tout-Puissant ! Qu’est-ce que je fais ici, moi, à me crever le tempérament pour essayer de sauver un abruti qui ne demande qu’à sauter dans le gouffre ouvert sous ses pieds ? Tout ça parce que…
L’entrée de Farid escorté de Plan-Crépin l’interrompit. Elle alla droit à lui sans même se soucier de saluer le maître de maison :
— On vient d’apporter ça pour vous, dit-elle en lui tendant une enveloppe de carte de visite portant son nom. Un gamin, précisa-t-elle prévenant l’inévitable question.
— C’est inouï l’activité que déploient les gamins dans cette ville ! remarqua Aldo en ouvrant l’enveloppe.
— Ils en sont un peu l’âme, commenta gravement Lassalle. Comme les vieillards en sont la mémoire. Il en est ainsi dans tous les pays d’Orient parce que les enfants doivent trop souvent se battre pour survivre. Alors ils se servent de leurs yeux, de leurs oreilles et d’une intelligence qui se développe précocement. Parfois dans le mauvais sens, hélas ! Mais ce n’est pas la majorité.
Il prit le bristol que lui tendait Aldo et lut :
— « Temple de Khnoum »… Vous connaissez cette écriture ?
— Elle ne m’est pas entièrement inconnue, mais ce n’est qu’une impression. Quelle heure est-il ?
— Dix heures. Vous pensez que c’est là que l’on va conduire Adalbert ? Ça n’a aucun sens ?
— Rien n’a de sens dans cette histoire.
— C’est peut-être un piège ?
— Mon instinct me dit que non. Et puis je n’ai pas le choix. Merci d’être
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