L'Anneau d'Atlantide
Grand-Mère qui a eu un pépin de santé quand nous y étions. Cela dit, je ne joue pas vraiment les touristes. Appelé au Caire pour traiter une affaire avec une… personnalité bizarre, je me suis aperçu que ni l’une ni l’autre n’étaient fiables. Sur ce, j’ai rencontré Adalbert et, comme il aurait été dommage de repartir sans voir au moins un bout de pays, me voilà ! Tellement heureux que vous y soyez aussi.
M me de Sommières avait braqué son face-à-main sur son petit-neveu qu’elle considérait avec une particulière attention :
— Dis-moi pourquoi je n’arrive pas à te croire entièrement ? Peut-être parce que je te connais à la perfection ?
— Rien, jamais, ne vous échappe, n’est-ce pas ? Soit, j’ai omis des détails que je vous apprendrai plus tard. Pour l’instant, ne gâchons pas ce beau matin ensoleillé…
Il fit signe à l’un des serviteurs nubiens pour commander des cafés.
— Pourquoi ne nous sommes-nous pas encore rencontrés ? reprit la marquise. Vous n’êtes pas descendus au Cataract ?
— Non, chez un vieil ami à moi, Henri Lassalle. Nous sommes arrivés la veille de la réception et l’hôtel était bondé.
— Lassalle… Lassalle ! Attends, ce nom-là me dit quelque chose…
— Ce n’est pas un nom d’une rareté particulière. Et vous avez croisé tant de gens. Sans compter vos nombreuses relations… Ne cherchez pas ! La mémoire vous reviendra en temps voulu… et parlez-nous de notre incroyable Marie-Angéline. J’avoue que son indifférence nous a laissés pantois. Qu’a-t-elle à nous reprocher ?
— Rien ! Je vous ai dit qu’elle n’avait plus les pieds sur terre. Cela remonte à l’an passé, quand nous sommes rentrées à Paris après notre équipée au Pays basque (8) . Dieu sait pourquoi, elle s’est prise subitement d’une véritable passion pour l’égyptologie !
— Tiens donc ? apprécia Adalbert avec un large sourire. Aurais-je déteint ? Mais pourquoi à ce moment-là ?
— Allez savoir ! Toujours est-il qu’elle s’est mise à fréquenter l’École du Louvre comme auditeur, qu’elle a acheté des livres et que, si je n’y avais mis le holà en lui rappelant qu’elle était en priorité ma secrétaire et ma lectrice, elle aurait remplacé Le Figaro par le Livre des morts et mes auteurs favoris – sans oublier les nouveautés auxquelles je m’intéresse ! – par les biographies de Champollion, de Mariette, et les écrits d’auteurs qui se sont illustrés au service des pharaons. Elle a même acheté vos bouquins, Adalbert.
— C’est stupide ! Elle n’avait qu’à me les demander, je les lui aurais offerts volontiers. Il est vrai qu’on ne s’est pas beaucoup vus depuis… oh, je vous prie de m’excuser, ajouta-t-il en se levant, mais j’aperçois une personne que j’aimerais saluer !
M me de Sommières le regarda s’éloigner avec un sourire amusé :
— On peut dire qu’elle tombe à pic, celle-là ! Je vais pouvoir te raconter ce qu’il en est. En fait, l’engouement date du jour où Adalbert lui a fait cadeau de ce vase Kien-Long qu’on venait de lui retourner et qui avait fait partie des cadeaux de mariage du regretté Vauxbrun…
— Vous n’êtes pas logique, Tante Amélie. C’est la Chine qui devrait la passionner ?
— Détrompe-toi ! C’est l’Égypte. Ou plus précisément l’égyptologue. Le vase lui a été droit au cœur. En raison de sa valeur, peut-être ? Elle en a conclu Dieu sait quoi et…
— … elle serait tombée amoureuse d’Adalbert ? Ça n’a pas de sens ! Rappelez-vous : à l’époque, elle brûlait pour le jeune Miguel Olmedo. Souvenez-vous de ses mines extasiées quand elle évoquait ce « charmant don Miguel » ! Et de l’agacement que nous en éprouvions ?
— Oh, je n’ai pas oublié, mais, que tu me croies ou non, le fait est là. Plan-Crépin a décidé d’ajouter la science des hiéroglyphes à ses multiples connaissances. Sans compter l’arabe où elle se débrouille pas mal du tout…
— Insensé ! Vous l’avez interrogée sur la raison de ce subit intérêt ?
— Évidemment.
— Et elle a répondu ?
— Qu’on n’en savait jamais assez, surtout quand on a sous la main un maître en la matière ! Que veux-tu que je dise à cela ?
— Qu’elle n’est pas chez vous pour
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